
Fédérer les coeurs
avec de "émo-folk"
"Votez Federal !". Mais avant de s’engager dans cette voie musicale teintée d’émo-folk et totalement non nocive pour l’avenir de vos oreilles, allons rencontrer le candidat qui propose un programme chargé, entre interview et concert avec "sa compagne", une splendide guitare noire.
Comment as-tu vécu ce récent tournant musical, ton voyage aux Etats-Unis et les nouveaux moyens mis à ta disposition ?
En deux ans tout a évolué pour moi. Cette reconnaissance de mon travail m’a fait plaisir mais attention je ne joue pas encore au Zénith (rires malicieux). Ed Rose (producteur de The Get-Up kids...) m’a apporté son professionnalisme. Il a été à la fois des yeux et des oreilles , un conseiller qui m’a recadré et un homme expérimenté qui a été attentif à ce que je voulais. Il m’a orienté en suivant toujours mes aspirations, il m’a fait mûrir...Et le studio mis à ma disposition m’a vraiment plus. J’ai l’impression d’avoir grandi de 5 ans.
Quelle est la prochaine étape que tu envisages alors ?
Pour l’instant je ne me projète pas trop dans l’avenir. Je souhaite surtout continuer, jouer une musique qui me plaît, m’investir encore et toujours, prendre des risques. J’espère que le public suivra toujours. Le succès d’estime est important mais à mon avis il n’est pas suffisant.
Tu as déjà une identité, un son qui t’appartient. As -tu une « recette » pour créer tes chansons ?
Le processus de création est très complexe. Parfois une mélodie, parfois une idée devient un point de départ. J’ai un mot et je brode autour par exemple. Je ne peux pas généraliser. En fait, il faudrait prendre chaque chanson une par une pour l’étudier.
Tes paroles en anglais sont-elles le résultat de l’influence de ton passage aux Etats-Unis ou un véritable choix ?
L’Anglais s’est imposé naturellement. Cette évidence vient sûrement de ma culture musicale, des références qui ont de l’importance pour moi, des plus anciennes (Les Beatles, Simon et Garfunkel...) aux plus récentes (NOFX...). Un francophone peut aussi chanter en anglais. (la démonstration sera faite brillamment dans quelques minutes).
« The Unchoice of Defences » est ton premier album. Comment l’envisages-tu par rapport à ta demo( “Things you wish you could say but sometimes can’t”) ?
La démo n’avait pas pour but de démarcher. Le sort en a voulu autrement.(son rire aux éclats en peut cacher un étonnement face au destin imprévu de ses morceaux). Elle avait été enregistrée en quelques heures et ne sonnait pas très professionnel. Pourtant le label a décidé de la commercialiser.
Sur ton site chaque personne peut laisser un message. Est-ce une manière de te rapprocher du public ?
Avant tout, ce contact me fait plaisir. Je réponds aux messages, ce petit effort me prend peu de temps et est apprécié. Je me souviens des lettres que j’envoyais lorsque j’étais plus jeune à un groupe que j’appréciais. J’aurai aimé qu’ils me répondent... Je n’envisage pas la musique comme un art fermé. Avoir des échanges avec le public me paraît normal. J’ai envie de partager, d’avoir des réactions, de créer des liens. Ce soir le bar de l’Underground va être l’endroit propice pour cela.
Justement comment appréhendes-tu tes concerts et plus particulièrement celui ci (le 24 mai 2005) ?
Ce soir je vais chanter seul avec ma guitare, l’Underground étant un lieu trop petit pour y placer une batterie et un batteur tel que Julien.(le batteur qui l’accompagne dans la tournée, qui aime taper. Donc ce concert va être particulier. Les gens vont se déplacer autour de moi, discuter. Nous serons réellement très proches. Il y aura sûrement un goût de retour aux sources.
Tu sembles avoir l’habitude de travailler seul, d’être plus à l’aise en fonctionnant ainsi...
Oui, je n’ai pas de concession à faire, pas de compromis. Je peux revenir en arrière sur mes décisions, exploiter mes idées. Ce besoin est aussi dans ma nature.
Emo-folk : étiquette ou réalité pour toi ?
(Avant d’entamer toute réponse son sourire montre qu’il reconnaît une question (trop ?) récurrente). Le terme émo-folk ne me parle pas beaucoup. Bien sûr je ne veux pas rester enfermé dans les étiquettes mais je suis aussi conscient que les gens ont besoin de repères. Qui sait, peut être ces deux mots pourront être le point de départ pour que des personnes qui ne me connaissent pas écoutent ma musique.
Quelles impressions as-tu eues en rencontrant et en travaillant dans le même studio qu’un des groupes que tu aimes particulièrement, The Get-Up kids ?
J’ai eu une sensation étrange. Cette rencontre n’a pas établi un rapport fan/groupe mais a plutôt été l’occasion de discuter entre musiciens, entre personnes. Je ne suis pas un fan dans le sens groupie. Mais je ne peux pas nier que ce groupe est à l’origine de toutes mes chansons préférées, celles que j’écoutais étant adolescent, celles qui m’ont marquées. A leur tour ils sont venus écouter mes chansons. Un moment vraiment plaisant comme un retour personnel et musical auprès de musiciens qui ont marqué un bout de ma vie.
Quelles émotions voudrais-tu donner ce soir ?
(La question semble vaste et il donnera la preuve ensuite que la meilleure manière d’y répondre est de jouer) Je voudrais d’abord convaincre ceux qui ne me connaissent pas , ne m’ont jamais entendu et ceux qui au contraire se sont habitués à la présence de la batterie sur mon cd. Pour ceux là, je vais devoir leur montrer que les chansons gardent leur valeur en acoustique. Pour mon baptême nantais, si le public me suit, prend du plaisir, j’aurais gagné ma soirée à 100% et je pourrais rentrer heureux. Mais surtout je veux jouer de la musique qui me colle vraiment et être sincère.
Face à face autour d’une guitare
Federal est confronté dès les premières chansons à un public relativement calme et avide de découvrir le talent du jeune homme. Totalement attentif ? Non. Un curieux auditeur parsèmera le concert de cris en tous genres. Mais ces aléas ne sont pas déterminants, dans la conquête de l’assistance, séduite par la voix tantôt puissante, tantôt humble pour remercier. Le plaisir de musicien se ressent de son discret sourire jusqu’au bout des doigts. Les cordes pincées, grattées, gémissent et accompagnent un chant chargé d’émotions. Les chansons demeurent courtes, efficaces,les six cordes lancent leurs flèches qui vont droit au but sans détours. L’une d’elle déclare forfait après une brillante envolée, victime de l’intensité de certaines mélodies.
Federal développe une véritable empreinte sonore que certains attacheront (trop ?) rapidement près de Dashboard Confessional sur leur passeport musical. Mais il sait aussi s’affranchir de ces frontières en prenant garde à ses choix. Il avouait en coulisses qu’être seul pouvait parfois faire tomber le rythme. Couplets et refrains s’enchaînent pour rompre cette crainte. Mais le guitariste/chanteur ne semble oser et prendre véritablement ses aises qu’au fur et à mesure de la soirée. Federal dissimulerait-il derrière d’attachantes mélodies un soupçon de fragilité ? Avec cette première visite à Nantes et avant de tenter de remporter l’adhésion du public au cours de sa tournée, Youri nous a ouvert une première porte sur sa musique. Chez les amateurs de guitares aux sonorités folk, de chant sans fioriture, de pop aux rythmes cadencés, Federal risque de rallier tous les suffrages et d’entraîner les « oui » d’encouragement.
Chloé Vigneau
Bloc-Notes
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