
Avoir 30 ans en 2011
Portrait de Virginie, une française parmi les catalans
Je vis un de mes rêves en habitant en Espagne. J’ai toujours été attirée par l’étranger ! J’ai donc mis l’accent sur les langues durant mes études voulant par la suite les utiliser dans mon travail et voyager. Cela fait 6 ans que ma vie est aux couleurs de l’Espagne...
L’espagnol m’a interpellée dès les premiers cours en quatrième. J’ai tout de suite aimé cette langue « chantante ». Je voulais alors être prof’ d’espagnol ! Il y a aussi sûrement le souhait de cultiver un héritage : « mi bisabuela es española », mon arrière grand-mère est espagnole... Après une licence professionnelle spécialisée sur les marchés hispaniques et latinos, j’ai trouvé un travail en Espagne. Je suis bien ici et pour l’instant je n’ai pas envie de partir ! J’ai pris mes marques, mes repères : boulot, amis, vie associative, amour… "A día de hoy, mi vida está aquí !"
Je viens d’ailleurs ! Je ne serai jamais considérée comme une Catalane !
Une française parmi les catalans
En principe, je m’adapte facilement mais en Catalogne ça n’a pas été facile. Il faut faire sa place. On ressent une certaine animosité envers les Français. Ils sont jugés hautains et arrogants et prennent parfois les Espagnols pour des retro, des arriérés. Il m’est arrivé de ressentir cette arrogance dans mon travail, dans le ton de certains Français qui se sont ravisés, se rendant compte que j’étais également française ! Le Catalan, lui, est un peu « rebelle » et chauvin dans l’âme mais une fois la glace brisée, ce sont de vrais amis sur lesquels on peut compter. Les relations entre collègues sont plus conviviales qu’en France, tout le monde se tutoie. Les contacts sont chaleureux. Des liens se créent rapidement. Maintenant, j’ai ma bande d’amis que j’ai tissée au cours de mes sorties, grâce au sport et au travail. Malgré mon intégration, je viens d’ailleurs ! Je ne serai jamais considérée comme une Catalane et quand je rentre en France, je ne suis plus vraiment française, mais « l’Espagnole » ! "Es extraño !" C’est étrange ! Malgré tout, je ne me sens pas perdue concernant mon identité : je suis une Française qui vit à l’étranger !
Je n’écarte pas la possibilité de fonder ma famille en Espagne.
Construire sa vie entre deux pays
La « familia » ! Elle est au centre de la vie de l’espagnol. Ici, pas de nounous, la plupart du temps se sont les grands-parents qui s’occupent de leurs petits enfants. Il y a une vraie notion de famille. Cela me renvoie souvent à la mienne, si loin... Je regrette de ne pas pouvoir aller les voir sur un coup de tête… ne pas voir grandir ma nièce… boire un café avec mes parents… Malgré tout, je n’écarte pas la possibilité de fonder ma famille en Espagne.
Je pense que de nos jours, il n’est pas évident de rencontrer « el alma gemela, l’âme sœur ». Les relations sont plus rares et plus difficiles. J’ai rencontré mon ami par l’intermédiaire d’un ami en commun. Il ne parle pas un mot de Français, mais cela ne pose pas de problème de communication dans notre couple, étant donné que je suis bilingue. Nous ne pensons pas au mariage et ici le pacs n’existe pas. On parle de « pareja de hecho ». C’est un dispositif équivalent qui permet bénéficier de certains droits en vivant en couple.
Je pense aux enfants mais il est encore trop tôt ! Avec ce vécu en Espagne, je souhaite vraiment transmettre ce bagage linguistique à mes enfants. Je leur apprendrai le français si nous vivons en Espagne ou l’espagnol si nous vivons en France. C’est pour moi une évidence et pour eux, ce sera un plus, professionnellement et personnellement. Je pense que cela leur apportera une ouverture d’esprit, une meilleure connaissance d’eux-mêmes et du monde qui les entoure. En plus, je voudrais leur inculquer le respect et le sens de la famille et de l’amitié.
Vivre à l’heure espagnole
L’organisation de ma vie quotidienne est vraiment différente ici. Comme vous le savez, les Espagnols sont des oiseaux de nuit. Avec les poses déjeuners tardives et longues, le repas du soir à 21H décale la vie personnelle. Ici, la première séance au cinéma est à 22H15 ! C’est donc une habitude à prendre mais ce rythme me convient parfaitement.
La seule chose qui pourrait me faire revenir en France : perdre mon travail !
L’actualité est omniprésente en Espagne, que ce soit l’actualité « people » ou les informations. Les espagnols sont friands de la « tele basura » et de « prensa rosa ». Ce sont des programmes télévisés et des magazines, dans lesquels on parle en long, en large et en travers de la vie des célébrités ! Ici, on sait tout, jusqu’à la couleur du gâteau d’anniversaire du fils du dernier chanteur en vogue ! Pour les informations du JT, l’esprit reste : "aquí todo se sabe, no esconden nada ! : tout est dit et tout se sait " ! J’adhère car au moins on sait ce qui se passe réellement et il n’y a pas de tabous. Il est ainsi plus facile de se faire une idée et de comprendre ce qui se passe en Espagne et ailleurs. En France, au JT, j’ai vraiment l’impression que les infos sont triées pour nous "protéger" de ce qu’il se passe dans le monde.
Économiquement, la crise s’est beaucoup ressentie en Espagne. Beaucoup d’entreprises ont fermé. Aujourd’hui, on compte plus de 20,5% de chômage. Il n’est déjà pas toujours facile de joindre les « deux bouts » avec les petits salaires pratiqués en Espagne, alors ce climat ne rassure personne. La seule chose qui pourrait me faire revenir en France : perdre mon travail ! Je pense qu’il me serait alors plus facile de retrouver un emploi en France aux vues de mon expérience et de ma maitrise de l’espagnol.
30 ans de passé…
Si je caractérisais mon enfance, je dirais : attachante avec ma famille et les valeurs qu’elle m’a transmise…
Pour mon adolescence : délicate… Ce ne fut pas une période facile… remplie de questions… de difficultés avec les autres… de choix à faire…
Je pensais être maman jeune… Ayant choisie une vie "non-conformiste"… Ce sera pour plus tard…
30 ans, la vie et l’avenir…
Pour moi, la vie doit être remplie et surtout sans regrets de n’avoir pas fait ou vécu telle ou telle chose.
Un autre pays ? Un pays anglophone pour développer mon anglais et me confronter à une culture bien différente de celles que je connais déjà !
Lucie Bouchereau
le dossier Portrait de trentenaires
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