
PORTRAIT
Tony Soulié : couleur monde
Exposition à la médiathèque Hermeland
En quête d’émotions, Tony Soulié capture des paysages du monde entier à l’aide de son appareil photo pour les retravailler avec son pinceau dans son atelier. Il mixe les techniques et fait réapparaître sa surface sensible, son interprétation du moment capturé en peignant les tirages photos.
Né à Paris en 1955, cet homme aux multiples facettes (poésie, photographie, danse, acrobatie, théâtre) se sent avant tout peintre. Au début des années 80, au moment où la figuration envahit la scène artistique mondiale, Tony Soulié choisit la voie de l’abstraction.
La photographie s’est inscrite peu à peu dans son travail pour donner place à des œuvres mixtes. Il a recours aux pratiques des plasticiens en intervenant directement dans le paysage sur un support photographique avec des inscriptions écrites. La photo est le canevas sur lequel il intervient, pour dépeindre l’image et le la sensation du moment. Tony Soulié questionne l’utilisation du médium.
Graver sa mémoire sur la photo
Une rencontre avec Rémi Bucciali, il y a 20 ans, donne une nouvelle dimension à son travail : la photogravure. Les éditions Bucciali sont spécialisées dans cette technique. Elles produisent deux cents estampes, de petites séries, chaque année pour plus d’une cinquantaine d’artistes. Dans l’atelier de Rémy Buccialli, à Colmar, les artistes créent sur place eau forte, aquatinte, pointe sèche sur le support en cuivre, en présence du taille-doucier. La photogravure est un principe très ancien, qui n’est aujourd’hui utilisé que dans le milieu artistique ou pour des ouvrages de très haute préciosité.
Les œuvres de Tony Soulié font l’objet d’expositions dans le monde entier : en France, en Europe ainsi que, principalement, aux États-Unis, en Amérique latine et au Japon. Tony Soulié est également présent au musée d’art moderne de Paris, à la Villette et dans de nombreuses collections privées.
« Je ne suis pas bavard… la peinture est mon langage »
Messager voyageur
Il se définit comme un marcheur au plan physique et mental. Il s’exprime dans son art : « je ne suis pas bavard… la peinture est mon langage ». Lors de ces voyages, dès qu’il prend la photo, le message est présent dans son esprit mais c’est dans son espace de prédilection : son atelier, que le « vrai » travail commence. Il peint sur le support photographique, le travaille à l’aide de couleurs, y insère des images et du texte. Il donne vie à l’âme emprisonnée dans le cliché en le recadrant, le déstructurant de manière volontaire, utilisant les contrastes et soulignant des mouvements. « Les formes font signe ». Ce travail s’impose à lui comme un équilibre sur la toile. Il ne se dit pas photographe. La photographie est un support. Il l’utilise comme machine à créer. Il ne recherche pas l’esthétique lors d’une prise de vue mais le message qui pourrait s’y inscrire. Il cadre comme s’il la dessinait.
Anecdote : lui qui ajoute des couleurs aux photos utilise les couleurs primaires de la synthèse soustractive. Rouges, jaunes sont les plus utilisés. Elles sont sa palette. Sur la photographie en noir et blanc, elles dessinent, en fonction du lieu. L’intervention du noir est aussi primordiale. L’ensemble permet d’exprimer les émotions ressenties par l’artiste : le pouvoir, la lumière, la structure, la vie, la force, la puissance… un trou, une violence, un passé, une blessure : « Pour ma photographie, je vois de la peinture noire et rouge pour... le mystère et l’énergie ».
Moins voir, plus ressentir
En peignant une photo, il porte un regard sur l’urgence capturée à cet instant. Selon lui, les médias monopolisent l’image, étouffent les artistes. L’image est omniprésente et ne laisse plus de lecture créative et spirituelle. « J’essaie de moins voir pour plus ressentir ». Sa main est guidée pour y inscrire sa lecture. Son souhait est de revisiter la réalité, d’y faire transpirer des émotions en laissant l’interprétation libre.
Pour « être en accord avec le temps et l’espace qui sont les nôtres » il parcourt le monde en utilisant ses rencontres pour retranscrire ce qu’il appelle l’état limite du monde. Il puise dans ses voyages sa matière première. Ses destinations peuvent être des déserts, des rivages, des volcans, des mégalopoles. Il y recherche un contact direct avec les éléments premiers, la terre, l’eau, le vent, le feu. Il va à la rencontre d’une architecture, d’une lumière, de l’autre. Il y sème parfois des installations éphémères. Il est intervenu sur des sites aussi variés que l’Etna, Pompéi, le désert du Hoggar, le mont Olympe, Big Island. En soulignant ainsi notre fragilité devant la force et la pérennité des éléments.
Son inspiration le guide vers des lieux où des émotions attendent d’être matérialisées sur ses toiles. En plus des quatre coins du globe, il photographie Lyon, Paris, Nantes, St Nazaire. Pour lui, le lieu n’est pas important, c’est le message qui l’est.
Lucie Bouchereau
Bloc-Notes
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