
Festival Univerciné Britannique 2010
Rebelle sans être sérieux
Rencontre avec Ian Vernon, réalisateur de Rebels Without a Clue
En compétition au Festival Univerciné Britannique, Rebels Without a Clue a déjà été récompensé par trois prix au Festival de cinéma d’Ibiza. Pour son premier long métrage, Ian Vernon a donc visé juste avec une parodie décapante des films de course poursuite à l’américaine. Rebels Without a Clue était une sorte de challenge pour le réalisateur : réussir à raconter une histoire avec un budget limité. Et même si Ian Vernon a rencontré quelques soucis, c’est un pari réussi pour ce photographe de Manchester. Présent lors de la première à Nantes, il a accepté de nous raconter la genèse de son film.
Dans le Nord-Ouest de l’Angleterre, les jeunes s’ennuient. A 16 ans, Mark et Damian passent leurs journées à tirer sur les voitures avec un fusil, quand un jour ils sont témoins d’une transaction de drogue qui tourne mal. C’est le moment qu’ils attendaient, l’occasion d’avoir une vie un peu plus excitante et de quitter le pays ! Les voilà donc partis sur la route de l’Espagne au volant d’une grosse américaine, avec à leur bord deux filles, un revolver, la cocaïne, mais surtout, un tueur à leur trousse... Tout cela annonce un film noir et sanglant mais ce n’est pas le parti pris par Ian Vernon. Tous les choix du réalisateur, en partie dictés par son petit budget, donnent au film une allure de « fait maison »...
Contre vents et marées
« Nous avons tourné dans les Landes, au nord ouest de l’Angleterre, près de Manchester, c’était plus joli et surtout moins cher qu’en ville... » commence-t-il par nous expliquer. Le film nous permet d’admirer des paysages de la campagne anglaise quelques peu négligés par les touristes, car cette région est surtout célèbre pour le couple d’assassins qui y sévissait dans les années 70. Ian Vernon en a alors profité pour redorer le blason des Landes, une région qui lui tenait à cœur pour sa beauté.
Pour des questions de budget, une partie des musiques du film ont été composées par ses soins. Ce qui lui aura d’ailleurs valu le prix de la meilleur Bande Originale à Ibiza. Pour le reste, il a choisi Éric Satie parce que les droits étaient moins chers, reconnaît-il, mais surtout car cela donne un ton particulier au film : « J’aime le classique français, ça me rappelle une certaine époque parisienne, cela donne une atmosphère » précise-t-il. Plutôt inhabituel pour un film de course poursuite.
Pour le casting, il a fallu trouver des acteurs un peu partout, dans les cours de théâtre ou parmi les connaissances de Ian Vernon. Tous sont de jeunes acteurs qui débutent et cela se ressent dans leur jeu parfois inégal. Mais pour le réalisateur, ce n’est pas un problème : « Le jeu d’acteur est un voyage, et dans ce film c’est le cas pour les deux garçons » nous explique t-il. Le jeu des acteurs évolue en même temps que les deux "faux rebelles" gagnent en maturité. Cette aventure les fait changer : au début, les adolescents ont l’air très jeunes -ils sont censés avoir 16 ans-, à la fin leurs actions paraissent plus réfléchies et adultes.
Ce n'était pas son intention de critiquer et encore moins de dire ce que les adolescents doivent faire ou ne pas faire.
Les problèmes de budget ont également engendré de nombreuses modifications dans le scénario de départ. Ainsi, une scène dans laquelle un vieil homme se fait tuer a dû être répétée plusieurs fois avant que Ian Vernon, lui-même, ne décide de la jouer et de faire une brève apparition « à la Alfred Hitchcock ». De nombreux changements de dernière minute ont également failli mettre en péril le film, comme le retard de la caméra, les intempéries du mois de novembre, et surtout le vol du camion qui tirait la Cadillac et donnait l’illusion que les jeunes protagonistes conduisaient. Mais Ian Vernon a fait face à chaque fois et se montre très content de pouvoir nous présenter son film, malgré le retard qu’il a pris.
Une simple histoire de "faux rebelles"
Rebels Without a Clue n’est pas vraiment le film auquel on se serait attendu en lisant le synopsis. Deux adolescents, un trafic de drogue, des armes et des morts ? On peut imaginer un film dramatique sur la descente aux enfers de la jeunesse anglaise, une critique de la société et une fin tragique. Mais Rebels Without a Clue est tout sauf ça : « A la base, il s’agissait d’un drame sérieux, et puis les personnages ont pris vie et tout a commencé à être de plus en plus drôle », nous explique Ian Vernon. Selon lui, il y a trop de tristesse dans le monde pour qu’il en rajoute avec son film. Et puis, il nous confie qu’après tout , il « préfère les happy-ends »... Il décrit alors son film comme une simple histoire qu’il a voulu raconter, sur ces faux rebelles qui aiment croire qu’ils sont adultes. Il s’inquiétait au contraire que les gens le prennent pour un moralisateur, car ce n’était pas son intention de critiquer quelque chose et encore moins de dire ce que les adolescents doivent faire ou ne pas faire. « Beaucoup trop de films donnent une mauvaise image des jeunes, ce film raconte juste une histoire » ajoute Ian Vernon.
Finalement, Rebels Without a Clue se veut surtout une parodie des films de course poursuite habituels, même le tueur peut nous paraître attachant quand il téléphone à sa maman..
Marine Toux
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