
Festival Univerciné britannique 2010
THEMERSON & THEMERSON : unis par l’amour et l’art
Le festival Univerciné Britannique projetait le samedi 11 décembre 2010, THEMERSON & THEMERSON, un documentaire réalisé par Wiktoria Szymanska. Ce portrait relate la vie de deux artistes méconnus en France : Stefan et Fanciszka Themerson. Lui est écrivain, elle est peintre. En totale osmose, ils ont réalisé des œuvres touchant tour à tour au théâtre, à la littérature ou encore au cinéma. Dans ce portrait, Wiktoria Szymanska s’efforce de coller au plus près de l’œuvre des deux artistes en alliant extraits vidéo, témoignages de proches et photographies. Ce film raconte l’union amoureuse de deux artistes qui donna naissance à une production originale et avant-gardiste.
La réunion des deux artistes a permis la production d'une œuvre expérimentale qui explore toutes les formes d'art comme la musique, la littérature et surtout le cinéma
En 1975, Stefan Themerson a perdu momentanément la mémoire. Cette courte amnésie n’a pas été une mauvaise expérience pour l’artiste. Selon Stefan, cet instant de liberté correspond parfaitement à l’idée que lui et sa femme avait de l’art, et même de la vie en générale. Wiktoria Szymanska débute son documentaire par cette anecdote. Par là, elle entend donner un avant goût de ce que représente l’œuvre des Themerson : une sorte de liberté qui oscille entre rêve et réalité. Tout au long du documentaire, W. Szymanska déroule l’œuvre des Themerson, avec des extrait de leurs films, réalisations musicales, peintures, photographies... entrecoupés de témoignages des proches du couple. Ils y sont décrits comme un couple généreux, ouvert et amoureux jusqu’à leur mort. La réalisatrice montre d’autre part l’influence qu’a pu avoir le duo sur la scène artistique anglo-saxonne, notamment sur le cinéaste Roman Polansky, qui fait d’ailleurs une brève apparition dans le documentaire. Portés par leur passion, les Themerson n’ont jamais eu le soucis de la rentabilité, ni de la communication. Stefan disait d’ailleurs de sa maison d’édition « qu’elle faisait avant tout des livres qui se regardent », peu importe la mode ou le style en vogue. L’argent, s’ils n’en n’ont jamais vraiment eu, n’était pas leur préoccupation principale. Une véritable fureur de vivre pour l’art.
Elle rêvait, il pensait
Stefan Themerson est né à Plock en Pologne en 1910. Sa femme, Franciszka Themerson est née en 1907 à Varsovie. Encore enfants, il construit une radio en cristal à quatorze ans, tandis qu’elle dessine avant même de savoir marcher. C’est à l’âge de vingt ans que les deux artistes se rencontrent pour ne plus jamais se séparer. La réunion des deux artistes a permis la production d’une œuvre expérimentale, qui explore toutes les formes d’art comme la musique, la littérature et surtout le cinéma. Leur collaboration débute par la publication de livres pour enfants. Lui écrit, elle illustre. Cette complémentarité a perduré jusqu’à leur mort. Les Themerson se définissaient comme des citoyens du monde. Ils ont vécu en Pologne, en France, en Angleterre et aux Pays-Bas. C’est à Londres que leur travail se révèle le plus foisonnant. Ils y ont créé une maison d’édition d’avant-garde Gaberbocchus Press, présentée à l’époque comme l’éditeur indépendant le plus important et le plus original de Grande Bretagne. Ils publient en 1951 la première édition en anglais d’Ubu Roi d’Alfred Jarry, avec des illustrations de Franciszka. En parallèle, ils organisent dans une cave de Londres le Gaberbocchus Common Room, qui se veut le premier salon artistique où l’on discute d’art et de science, de physique, de métaphysique et de pataphysique.
Une complicité créatrice, une symbiose amoureuse qui a perduré jusqu'à leurs derniers jours
Un documentaire intimiste
Avec ce documentaire, Wiktoria Szymanska, d’origine polonaise également, dresse un portrait très personnel du couple Themerson. Jeune, elle jouait dans la maison des deux artistes, en grandissant, leur fréquentation l’a influencée dans son orientation artistique et professionnelle. Elle a toujours voulu réaliser un film sur ce couple. Pressée par le temps, elle a monté ce projet en un an et réalisé les interviews en moins de six mois en raison de l’état de santé de plusieurs de ses interlocuteurs. Bien que chronologique, le documentaire n’est pas une simple biographie d’artiste : « Je voulais utiliser tout ce que j’associais aux Themerson ». Un travail de composition mêlant images et photographies d’archive, interviews d’hier et d’aujourd’hui. Afin de rendre compte au mieux de leur univers artistique, W. Szymanska a demandé à un ami de réaliser des animations s’inspirant des dessins de Franciszka.
« Je voudrais leur ressembler quand je serais vieille » nous confie W. Szymanska. Elle fait part de son objectif de montrer l’autre dimension du couple, une complicité créatrice, voire une symbiose amoureuse qui a perduré jusqu’à leurs derniers jours. Le documentaire témoigne d’une simple et belle histoire entre deux individus. Sans cet amour fusionnel, leur art n’aurait d’ailleurs jamais vu le jour.
Xavier Pennec et Corentin Vital
Site d’archives de Stefan et Franciszka Themerson
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