PORTRAIT KREATIV
Les musiques de Triton
Dans un style Electronica Ambient, il crée des plages sonores où les nappes mélodiques se mêlent à des rythmiques minimalistes. Le résultat : des sonorités oniriques, rappelant les ritournelles de Labradford, le bruitisme de Christian Fennesz, et les bizarreries d’Aphex Twin.
Triton, Brique-Bête, deux personnages qu’il incarne « selon l’humeur », deux styles de musique : plus mélancolique chez Triton, plus pop chez Brique-Bête. Il y aurait de quoi s’y perdre mais l’idée de JB est de ne pas se cantonner à un seul style et seule l’envie de partager prévaut, avec une approche différente selon la casquette qu’il porte. Son domaine c’est la MAO ou Musique Assistée par Ordinateur, et son environnement, le home-studio. Comme beaucoup dans ce milieu, JB est un autodidacte de la production sonore, un adepte du Do It Yourself, d’où son statut de musicien-compositeur-producteur.
Un son qui oscille entre analogique et numérique
Tel est le paradoxe de sa musique, elle est une forme « d’artefact-numérique » avec boîte à rythmes, claviers et modulateurs qui mêle l’analogique au numérique. Ayant une réelle considération pour l’outil informatique, il se sent plus producteur que musicien. L’auto-production est pour lui une solution en terme de création. Néanmoins, son regard sur les technologies reste attentif : « être un artiste numérique n’est pas une fin en soi, j’utilise des ordinateurs mais pas que... J’utilise tout ce qui me tombe sous la main ! On est tributaire de l’outil mais sans en être dépendant. » Même s’il utilise des logiciels multipistes comme CoolEdit ou Reason, des tables de mixage et autres plugins d’effets, il n’en oublie pas ses amplis et bien sûr ses instruments comme sa guitare. « Avant tu allais dans un studio, tu avais un temps imparti, un budget, un producteur. Aujourd’hui, avec le home-studio, tu peux tout faire de chez toi, et à ton rythme ». Quand certains sont nostalgiques de cette époque Abbey Road, époque où les méthodes d’enregistrements étaient analogiques, Triton trouve au contraire « géniale cette facilité de moyens de création en ayant tous les outils sur ordinateur. » Sa musique est liée aux ordinateurs mais il n’est pas question pour lui d’être dépendant d’un outil.
« L’ordinateur permet de focaliser sur le son, un peu comme un chercheur avec un microscope, d’explorer ses recoins, de se perdre, d’en explorer d’autres »
Du vinyle au mp3, du studio à myspace
Face à la profusion de nouveaux supports et de formats d’encodages, comme le mp3, il dématérialise sa musique mais n’en oublie pas pour autant ses premières amours, le vinyle : « Le format mp3, c’est bien, le vinyle, c’est mieux ! » Il préférera cet objet à la piste audio que l’on écoutera sur son ordinateur, l’écoute d’un vinyle correspond à une véritable démarche pour lui, « une démarche quasi-rituelle, religieuse ». Très attaché aux valeurs « à l’ancienne », sa musique n’en reste pas moins actuelle et ce, jusque dans sa façon de se promouvoir. Triton envisage sa visibilité sur Internet comme une nécessité, vous le trouverez sur myspace à l’adresse myspace.com/tritonmusic. L’écoute gratuite est pour lui un bon moyen de toucher plus de gens même s’il conserve le projet de sortir un album. Il utilisera très prochainement des alternatives à ce site, comme bandcamp.com, site de vente et d’écoute de titres en ligne.
« Raconter une histoire sonore, avec des bruits plus qu’avec des paroles »
Vous ne trouverez pas de textes dans ses morceaux même s’il utilise parfois sa voix transformée comme un instrument. Selon lui, il n’est « pas nécessaire d’avoir des paroles pour raconter une histoire ». Ses titres évoquent des « paysages » (Triton s’admet volontiers bucolique) et c’est aussi pour cela qu’il ne met pas de voix, « je ne veux pas un truc forcément « humain ». Dans ma musique, il n’est pas question d’état d’âme… Elle est un peu comme un paysage enneigé de bruit blanc. »
« Ma démarche n’est pas assez tournée vers la pop, qui plairait à un public plus large, ma musique est particulière et ne peut pas plaire à tout le monde ». Conscient de cela, il n’en est que plus humble et sympathique. Il cherche avant tout à faire ressentir des émotions, à partager. Alors si jusqu’à présent il travaille en solo, il n’est absolument pas fermé à l’idée de collaborer avec chanteurs et autres paroliers, surtout pour le live. En concert, sa musique tend vers la noise, mais dans une démarche apaisée, « de la noise planante, ambient ». Avec une musique aussi travaillée, « ciselée » comme il le dit, il n’est pas évident de la reproduire à l’identique sur scène.
Pauline Hélaine, M1 Infocom de l’Université de Nantes.
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