
PORTRAIT KREATIV
Les Babioles de Luciole
Rencontre avec Lucile Benson : Artiste, récupératrice, recycleuse d’objets
Lucile Benson se positionne du bon côté du matérialisme. Émerveillée par les vieilleries, elle se contente de détourner et de relooker les vieux objets dans tous les sens imaginables. Des vieilles lampes aux meubles d’époque en passant par des cadres et poupées russes, aucun objet n’échappe à la ruse de cette jeune artiste nantaise.
Chaque meuble, chaque vêtement a une histoire particulière. Créer quelque chose de nouveau à partir d’un objet qu’on n’utilise plus lui donne plus de valeur.
Aujourd’hui, on n’a pas beaucoup de sous pour acheter de l’art, et les vieux objets ont des valeurs sentimentales et du style.
Les babioles, certaines personnes les jettent à la poubelle. D’autres les abandonnent au fond d’un placard. Mais pour Lucile Benson, récupératrice et recycleuse d’objets, les babioles sont des outils de la création. Persuadée que rien ne mérite d’être jeté, elle s’empare de tout et n’importe quoi pour en faire de l’art. « Tout peut se transformer ou servir. Avec du matos tout beau, tout neuf, c’est plus facile. Mais récupérer et faire des nouvelles choses avec des vieux objets, je trouve ça beaucoup plus valorisant et satisfaisant. »
Du doudou à la roulotte
Lucile a toujours eu la fibre artistique. Elle remercie son père, un peintre et sculpteur, de lui avoir transmis l’envie de créer. Mais venant d’une famille modeste, ses options étaient restreintes. C’est ainsi qu’elle a découvert la valeur dissimulée des objets. « Chaque meuble, chaque vêtement a une histoire particulière. Je me souviens d’une nuit où j’avais oublié mon doudou. Du coup, je me suis servie d’une écharpe que j’avais pour dormir plus tranquillement. Créer quelque chose de nouveau à partir d’un objet qu’on n’utilise plus lui donne plus de valeur. » À ce jour, Lucile reste émerveillée par les objets. Toujours à la recherche de babioles abandonnées dans la rue ou à la déchetterie, elle récupère et restaure tout ce que les autres jettent. Mais c’est avant tout son atelier (son chez elle) qui illustre le mieux l’importance que prennent les vieux objets dans sa vie. Car c’est là que les babioles se transforment en bibelots artistiques.
L’atelier de Lucile évoque l’intérieur d’une roulotte gitane dans laquelle tout se mêle. Les objets en vrac s’effacent devant les couleurs vives des murs. Des cadres colorés se placent délicatement sur une table drapée de dentelles. De vieilles chaises transformées minutieusement détaillées se dressent fièrement. Une musique venue d’ailleurs installe une ambiance plus que sereine. Mais tout cela ne surprend plus ceux qui connaissent Lucile car elle est depuis longtemps passionnée par la décoration typique des roulottes traditionnelles. « J’ai besoin que ça déborde de partout pour que je me sente bien. C’est pour ça que j’aimerais vivre dans une roulotte. Quand on vit dans une roulotte, on est chez soi partout. »
Épousseter les babioles
Lorsqu’il s’agit de sortir ses créations de son atelier, Lucile est très réservée. Quand on lui pose des questions sur ses expositions, elle donne une réponse plutôt ambiguë. D’un côté, elle dit que ses œuvres, et surtout ses tableaux, ont un sens trop personnel pour les exposer. « Je crée des choses qui ne seront pas forcément comprises. Et si l’on ne les connaît pas, elles perdent tout leur intérêt. » Mais de l’autre, c’est évident, Lucile ne fait pas de l’art pour plaire aux autres. Quand elle décide de présenter son travail, les seuls spectateurs sont souvent sa famille et ses amis. Mais elle souhaite tout de même dévoiler ses œuvres à de nouveaux publics. « Ce qui me plaît, c’est de ne pas garder mes œuvres. Mais pour l’instant, je ne me sens pas assez à l’aise. Si j’avais la technique pour faire ce que j’aimerais faire parfaitement, ce serait peut-être différent. » En effet, Lucile n’a exposé qu’une seule fois jusqu’ici. Mais elle doit de nouveau participer à une exposition qui aura lieu au printemps 2011 à Nantes.
Les poubelles de Luciole
Lucile s’efforce de rendre son art accessible et abordable pour tous. Sa stratégie de récupération et de recyclage reflète sa vision de l’art en général. « J’utilise les matériaux pas trop chers parce que j’ai du mal à voir comment les gens peuvent fixer des prix exorbitants. Aujourd’hui, on n’a pas beaucoup de sous pour acheter de l’art, et les vieux objets ont des valeurs sentimentales et du style. » Ainsi, Luciole souhaite monter un projet de récupération et de relooking des meubles et objets. Elle l’appelle malicieusement « les poubelles de Luciole ». Sous la forme d’ateliers de loisir créatif, le concept serait de proposer aux participants de venir déposer tout ce qui pourrait servir à la création. « J’aimerais faire des œuvres avec des adultes et des enfants afin de leur montrer les résultats qu’ils peuvent obtenir avec des objets déposés dans les poubelles. » Pour l’instant, rien n’est concret, mais l’avenir est sans doute plein d’aubaine pour une jeune femme dont le paradis se trouve à la déchetterie.
James Donovan, M1 information-communication, Université de Nantes
Pour savoir plus sur Lucile Benson, jetez un coup d’oeil sur son blog :
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