Initiative solidaire
Soutien aux familles sans-papiers : une question de survie
Rencontre avec David Racapé, président du Collectif Enfants Étrangers Citoyens Solidaires
Collectif membre du Réseau Éducation Sans Frontières, Enfants Étrangers Citoyens Solidaires de Nantes défend les droits des personnes en situation irrégulière et spécialement ceux des enfants. Sujet sensible, l’immigration et la question des sans-papiers suscite des polémiques. Le réseau dérange. Explications avec le président du collectif David Racapé.
« Survivre », voilà le terme lourd de sens, employé par David, le président du collectif « Enfants Étrangers Citoyens Solidaires » au sujet des sans-papiers. Né de la mobilisation de professeurs et de parents d’élèves autour de l’école Stalingrad à Nantes, le collectif de Nantes voit le jour en 2004. Le but : défendre les sans-papiers et surtout, les enfants. Il rejoint quelques mois plus tard le Réseau Éducation Sans Frontières. Autrement appelé RESF, ce dernier est un réseau composé de collectifs, de mouvements associatifs, de mouvement syndicaux, de soutiens politiques et de personnes issues de la société civile militant en faveur des sans-papiers et contre l’expulsion de leurs enfants scolarisés en France. Le collectif Enfants Étrangers Citoyens Solidaires de Nantes forme, avec d’autres associations comme le MRAP, La Ligue des Droits de l’Homme ou encore SOS Racisme, un large réseau.
Une aide à l’intégration
Le collectif, composé d’environ 20 membres, se réunit deux mercredis par mois à la mairie de Doulon. David Racapé, le président depuis deux ans, nous en explique les objectifs : « Le but premier est d’apporter un soutien aux enfants et aux parents sans-papiers, de permettre à ces personnes d’être à Nantes et de vivre dignement ». Le groupe s’occupe aussi de créer un lien avec d’autres associations locales pour "faire fonctionner le réseau". Des goûters solidaires, des collectes devant les écoles et surtout des parrainages d’enfants sont aussi organisés. L’enjeu est de mettre en lien des personnes du collectif avec des parents ou des enfants en leur apportant un soutien moral pour mieux les impliquer dans la vie locale : « Ce sont des personnes très isolées qui ont aussi besoin d’apprendre le français. Le parrain est donc le lien entre la famille et le collectif ». Les bénévoles peuvent parrainer mais vous aussi. Un soutien devenu presque indispensable pour ces enfants en perte de repères, mais de moins en moins pratiqué. « Les gens ne prennent pas le temps » avoue David.
Des pays instables pour une vie instable
Pour avoir des papiers, il faut un contrat de travail et pour avoir un contrat de travail, il faut des papiers. C'est une aberration.
« Beaucoup de ces personnes viennent d’Afrique, par exemple de la Guinée, du Mali, du Sénégal ou du Congo et d’Europe de l’est surtout du Kosovo, de la Tchétchénie et de la Russie ». Les difficultés rencontrées dans leur pays d’origine sont pour le plus souvent liées à des problèmes de religion, de guerre, de politique, d’ethnie ou encore d’argent ; « Il y a aussi beaucoup de demandeurs d’asile. » Des histoires difficiles, comme celle de cette jeune Congolaise qui a vu son mari journaliste se faire enlever. Apeurée et inquiète pour sa famille, elle quitte le pays et arrive à Nantes avec ses enfants. Sans rien. Après une demande d’asile refusée et par conséquent pas de papiers, la jeune femme s’est vue contrainte de vivre d’hôtels en hôtels pour enfin loger dans un foyer. « Les demandeurs d’asile ont une indemnité qui leur est versée tous les mois qui leur permet de survivre mais cette femme, elle, n’avait rien », explique David. Certains réussissent à obtenir leur papiers : "J’en connais qui se sont battus pendant trois ans pour prouver leur intégration et obtenir leurs papiers. Ils savaient que ça allait être difficile". Poutant, les conditions d’obtention s’avèrent compliquées : « Pour avoir des papiers, il faut un contrat de travail et pour avoir un contrat de travail, il faut des papiers. C’est une aberration ».
A la rencontre du public
Soutenu par la mairie et le Conseil Général, le collectif organise aussi des actions ponctuelles comme des manifestations devant les tribunaux. « Nous prouvons aux familles qu’elles ont notre soutien et nous voulons montrer à la justice qu’elle doit être responsable. Toutes nos actions ont un poids ». En 2011, le collectif interviendra au château des Ducs de Bretagne lors de l’exposition et des tables rondes proposées sur le thème « Nantais venus d’ailleurs - un siècle d’immigration à Nantes ". Puis un nouveau parrainage aura lieu en mai prochain à la mairie de Nantes.
Marine Lomellini
Infos
Site web du Réseau Éducation Sans Frontières
Collectif « Enfants Étrangers, Citoyens Solidaires » Manufacture des Tabacs Maisons des associations 10 bd de Stalingrad 44000 Nantes
Même rubrique
Bloc-Notes
-
«  Chasse fermée  » remporte le prix du public au palmarès d’Univerciné 2013
-
Hellfest 2013 : Fragil prend refuge dans le nid des enfers
-
La 7ème Vague ouvre le bal des festivals
-
Le sculpteur Yonnais Pierre Augustin Marboeuf expose à Nantes pour la première fois
-
Edito du 12 avril 2013 : du fond des abysses