
Festival des 3 Continents 2010
Les 3 Continents, c’est aussi pour les enfants !
Le Festival des 3 Continents relance sa programmation jeunesse pour la 5ème année consécutive avec le Continent J. À chaque édition, six films sont choisis par une Commission. De l’Argentine à l’Iran en passant par la Chine, même les pays les plus reculés ont une place dans le festival et aux yeux des jeunes, au moins le temps d’un film. Pour en savoir plus nous avons rencontré Alain Faucheux, instituteur à l’école primaire des Marsauderies, qui fait partie de la Commission. Xiaoling Zhu a également accepté de répondre à nos questions concernant son film «  La Rizière  », au programme du Continent J.
Le but est d'en faire des consommateurs avertis et leur donner des outils pour comprendre les films.
« Le Festival des 3 Continents propose une programmation jeunesse susceptible d’intéresser de la maternelle au lycée, il s’agit d’un cinéma non commercial qui change les habitudes et permet d’ouvrir les jeunes à des cultures différentes ». Composée majoritairement de professeurs, la Commission s’occupe dès le mois de janvier de voir les films, les sélectionner et de préparer les documents pédagogiques qui serviront à l’accompagnement des élèves. Bien que la Commission n’ait pas de critères rigides concernant le choix des films, il est important que les élèves puissent s’identifier aux personnages, c’est pourquoi l’intrigue est souvent liée à un enfant, ou à une classe. Mais il est aussi essentiel que le film présente un réel degré d’esthétisme : « il nous faut quand même un certain niveau cinématographique », précise Alain Faucheux. Le film doit être vu comme une œuvre d’art et de ce fait sortir de ce que vont couramment voir les enfants.
Un vrai travail d’image
Après avoir vu les films, une initiation au cinéma et plus particulièrement à l’image les attend : « on travaille sur le scénario, la bande son et la lumière, pour savoir comment on raconte une histoire au cinéma et comment on fait un film ». Alain Faucheux veut que ses élèves prennent des distances avec le cinéma, qu’ils sachent que tout est construit, qu’il n’y a pas de magie : « le but est d’en faire des consommateurs avertis et leur donner des outils pour comprendre les films ». Ainsi, bien que son travail avec sa classe vise surtout à les former à l’image, la thématique du film peut aussi venir s’ancrer dans un cours à l’année. Ils pourront de ce fait s’interroger sur de grandes problématiques développées au cinéma, telles que l’inégalité des richesses ou la faim dans le monde. Mais à terme, ils se dirigeront plutôt vers un travail plus approfondi sur l’image, peut-être même jusqu’à la réalisation, comme c’est déjà arrivé deux fois par le passé.
La jeunesse au cœur de la Rizière
Le film choisi cette année pour les classes de primaire est La Rizière, réalisé par Xiaoling Zhu. « Un film atypique », ainsi qu’elle nous le présente. Entre documentaire et fiction, le film nous raconte la vie d’une famille Dong du sud de la Chine à travers les yeux de A Qiu, 12 ans, une jeune fille qui rêve un jour de devenir écrivain. La réalisatrice était au départ partie dans cette région de Chine, dans laquelle elle a grandi, pour réaliser une chronique autour de la culture du riz. En cours de route, elle a rencontré Yang Yinqiu, une petite fille de douze ans qui l’a profondément touchée, et a ainsi voulu raconter son histoire.
La Rizière trouve alors le juste milieu entre documentaire et fiction, car bien que l’actrice principale joue son propre rôle, elle n’a jamais joué la comédie auparavant ; pour ce qui est du reste du casting, la plupart ne sont pas acteurs et n’ont même jamais joué. Le film a été tourné sur une année entière, avec pour fil rouge la culture du riz. On suit A Qiu dans ses études, sa vie dans le village et son passage de la vie de jeune fille à celle de femme. Xiaoling Zhu avait un scénario de base. Au fur et à mesure de ses conversations avec Yang Yinqiu, elle ajoute des moments de la vie courante qui, mis en valeurs par le film, soulignent les similitudes entre la vie de cette petite fille et celle d’une autre, à des milliers de kilomètres de distance. Xiaoling Zhu a choisi de jouer avec les contrastes pour montrer les pensées de A Qiu et le dilemme qui la tiraille, entre les traditions de son village que lui inculque sa grand mère, et son envie de découvrir le monde. Les images de rizières suivent des plans de chantiers en construction, on est balancé entre le calme de la campagne et l’activité des villes. Ces questionnements pourraient rendre nostalgique, pourtant Xiaoling Zhu ne veut pas donner de tonalité triste à son film :« il ne faut pas voir l’évolution comme une mauvaise chose, le monde change, tout le monde se modernise, il ne faut pas que cette région reste en arrière. Ces enfants ne veulent pas avoir la même vie que leurs parents »
De biens grandes questions pour de jeunes enfants
Cette région de Chine est très éloignée de leur mode de vie
Par ce film, la réalisatrice veut toucher le jeune public français : « j’aime avoir leurs réactions, qu’ils me posent des questions, ça me nourrit pour la suite ». Son message principal porte sur le point de départ de son film, la culture du riz. Elle souhaite que les jeunes se rendent compte que tout n’arrive pas tout prêt dans leurs assiettes, qu’ il y a des gens qui travaillent toute l’année, à des milliers de kilomètres, simplement pour se nourrir. Cette région la touche plus particulièrement car elle y a passé son enfance et qu’elle se rappelle encore de la famine qu’elle a vécue.
Mais Alain Faucheux déchante. Ce film n’est, selon lui, pas adapté à sa classe. Pourtant, les critères de la Commission ont été respectés, une petite fille à laquelle s’identifier et des plans d’une grande qualité artistique. Dans le thème, cela ne fonctionne pas : « il ne s’agit pas vraiment des préoccupations des élèves, cette région de Chine est très éloignée de leur mode de vie ». Le film qui pose la question du dilemme entre modernité et tradition a peut-être été choisi pour des élèves trop jeunes. Alain Faucheux espère quand même qu’ils en comprendront les enjeux, mais pour la suite, « on essaiera plutôt d’exploiter ce qui est à leur portée ».
Marine Toux
Cet article a été réalisé conjointement par une équipe d’étudiants du Département Infocom de l’Université de Nantes.
Equipe : Laurette Bouysse, Xavier Pennec, Marine Toux, Corentin Vital. Coordination éditoriale et pédagogique : Emilie Le Moal.
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