
RENCONTRE
Beat Torrent : des grosses basses qui tabassent
Electro fluo / Turntablism
Le 10 novembre dernier, la salle de L’Olympic a vu ses murs trembler sous les basses du duo de DJ formé par Pfel et Atom aka Beat Torrent. Ils étaient présents à Nantes à l’occasion de leur tournée intitulée « On Tour  ». Ces deux DJ issus de la scène nantaise arrivent avec un nouvel album pour le moins éclectique : voilà ce qu’ils en disent.
Ce groupe issu du hip-hop possède une véritable énergie rock alliée à la puissance de l’électro
Le duo passé expert dans l’art du remix compose une musique entraînante sur fond de gros beats technos auxquelles s’ajoutent des classics du rock, du hip-hop et de l’électronique, tels que Whole Lotta Love du groupe Led Zeppelin, My Adidas de Run DMC, ou encore Aerodynamic des Dafts Punk. C’est ce savoureux mélange des genres qui fait toute la force de Beat Torrent, car ce groupe issu du hip-hop possède une véritable énergie rock alliée à la puissance de l’electro. En live, le groupe balance de gros morceaux aux rythmiques plus qu’efficaces : ils retournent littéralement une salle. La musique de Beat Torrent est physique, c’est une véritable déflagration sonore qui vous arrive en pleine face, faisant vrombir votre corps à grands coups de basses puissantes. Leurs morceaux ne sont pas sans rappeler les productions à tendance club du label français Ed Banger, à l’image d’artistes tels que Justice ou encore Sebastian. Vous l’aurez compris, Beat Torrent c’est du gros son qui fait bouger les foules !
Une évolution dans le son
Pfel et Atom ont débuté en tant que DJ turntablists [1] au sein de l’équipe de quatre DJ nantais quintuple champion du monde DMC [2] : Les Coups de Crosses aka C2C. Les deux autres membres de l’équipe sont Dj Greem et 20Syl, et font également parti du groupe nantais Hocus Pocus fusionnant jazz, soul et hip-hop. La récurrence des concerts programmés le même soir pour ces deux formations musicales, ont poussé ces deux virtuoses à se séparer de leurs fidèles compagnons de platines pour s’orienter vers des sphères plus électroniques. La formation de ce binôme a donné à Pfel et Atom un nouvel espace de liberté et d’expression sonore : « c’est kiffant d’être à deux ». Ils se sont affranchis des carcans du hip-hop, pour s’orienter vers des contrées à tendance plus électro rock : « Avec C2C, nous axions plus notre musique vers la composition, alors qu’avec Beat Torrent nous avons davantage un rôle d’ambiancers [3]. C’est un vrai plaisir de jouer live, c’est différent des compétitions. Pour les championnats DMC, 6 minutes de show représentait un été de travail ». Mais leur musique fait toujours la part belle aux scratchs. D’ailleurs, ceux-ci s’illustrent aussi bien dans les enceintes qu’à l’écran, car l’univers du groupe est également retranscrit avec un logiciel de V-Jing, où l’on scratch la vidéo comme un vinyle : « L’utilisation d’un logiciel nous ouvre plus de portes, on a plus de libertés et de possibilités, ça modifie la vision que l’on a du scratch ». Même si Pfel et Atom ont rangé leurs vinyles au placard, il n’en demeure pas moins nostalgiques : « Aujourd’hui, le son des DJ dans les compétitions comporte moins de reliefs, il est formaté, tout se ressemble ». Après quatre années de « stand-by », les C2C sont loin d’être morts et enterrés. Ils nous préparent un premier album qui devrait sortir courant 2011.
Avec C2C, nous axions plus notre musique vers la composition, alors qu’avec Beat Torrent nous avons davantage un rôle d’ambiancers. C’est un vrai plaisir de jouer live, c’est différent des compétitions.
Des vinyles au CD
Les deux DJ ont sorti le 8 octobre dernier leur premier album intitulé : Reworks : From Deejaying to Production. Le titre est évocateur et traduit bien l’évolution musicale du groupe. Leurs précédentes sorties, un E.P. de 6 titres et un album live en téléchargement libre via leur Myspace sonnaient très « dancefloor ». Ils contenaient des remixs de groupes phare comme les Beatles, ACDC, ou encore des clins d’œil à l’univers du jeu vidéo et de la BD, avec des versions boostées à la sauce Beat Torrent des génériques de Mario, Zelda, ou encore Batman ! Pour leur dernière sortie, les deux comparses ont décidé d’abandonner les remixs d’hymnes pop-culture, droits d’auteurs obligent, et de resserrer leur champ d’action sur la scène française et particulièrement nantaise, avec tout de même quelques détours par l’international : « On a choisi de remixer nos potes, les gens avec qui on a des échanges humains et avec lesquels ont s’entend sur le plan musical ». Le résultat, 13 morceaux résolument électroniques, avec des remixes plus ou moins significatifs de groupes aux sonorités soul, funk, ou encore jazz :
. Smooth
. Dajla
. Hocus Pocus
. Elephanz
.Birdy Nam Nam est aussi de la partie avec leur titre Abesses
. Beat Assaillant accompagné de Ben l’Oncle Soul pour un remix aux sonorités dub du titre Spy.
. Silvouplay avec le titre Fat Bass qui parle de lui-même, subit aussi un lifting.
Lexicon (assurant la première partie du concert de Beat Torrent à Nantes), sur Big Money saupoudré d’une pointe d’electro techno.
Ce melting pote musical somme toute cohérent dans sa tonalité demeure pour le moins léger, moins percutant et plus édulcoré que leurs précédentes productions. L’électro devient pop ? « On nous a dit que ce dernier album était moins pêchu que nos précédents morceaux. On voulait faire quelque chose de plus nuancé, plus facile à écouter chez soi ». En effet, l’ensemble de l’album est assez facile à écouter et peut-être même un peu trop, roucoulant avec « l’easy listening ». Les deux quintuples champions du monde DMC en n’ont eu sans doute marre de la technique, et se sont donc évadés vers des contrés plus légères. Un dernier album à conseiller donc aux fans d’electro clubbing en mal de pop songs !
Texte : Jonathan GERIN, photos : Sidney LE BOUR
http://www.myspace.com/beatorrent
[1] Mot américain désignant les personnes ayant l’art de créer de la musique grâce aux platines à vinyles et aux disques vinyles.
[2] Le Disco Mix Club est une organisation internationale de disc jockeys connue pour son championnat international de DJs hip-hop.
[3] Personne qui met l’ambiance.
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