
Musique indépendante
Resistenz : l’éclair obscur
Rencontre avec le groupe nantais Resistenz
Le 24 octobre dernier, la scène du Violon Dingue accueillait le groupe Resistenz avec son spectacle intitulé : « Bal Folk Moderne  ». Né de la fusion entre la poétesse, chanteuse Ana Igluka (de son vrai nom Annaïg Lucas), et le compositeur multi instrumentiste Erwan Foucault, Resistenz voit le jour en 2004, suite à la création d’un spectacle du même nom. Ce duo nantais distille une musique unique aux accents folk et rock, à laquelle s’ajoutent la voix et les textes engagés d’Annaïg. Nous avons rencontré les deux protagonistes quelques jours avant leur concert.
Pour eux la musique est un langage, un cri. Les textes d’Annaïg sont de véritables coups de gueule.
Pourquoi Resistenz ?
Resistenz, c’est plus qu’un groupe, c’est une philosophie, une manière de penser et de voir la vie. Le titre parle de lui-même, il appelle à la résistance. Mais contre qui ? Notre monde, la société. Pour eux la musique est un langage, un cri. Les textes d’Annaïg sont de véritables coups de gueule. Resistenz s’illustre à travers un chien rouge, symbole du groupe. Ce chien représente l’animalité, l’harmonie qu’il entretient avec l’homme, le fait d’être en accord avec sa nature profonde. La couleur rouge exprime la révolte, la révolution et l’apocalypse, cet état de résistance présent en chacun de nous. « Resistenz représente le feu ! ».
L’univers musical de Resistenz
Annaïg Lucas écrit parce qu’elle en a besoin : « c’est un exorcisme ! ». Le résultat, elle ne le maîtrise pas. C’est une forme d’écriture automatique découlant de ses pensées parfois torturées. En témoigne le morceau Radiateur, à la couleur sombre et rock auquel vient se greffer la voix d’Annaïg aux paroles évoquant la mort. Son inspiration, elle la puise dans les livres, des illustrations et dans le travail d’artistes la plupart du temps féminines. Ses muses se nomment Inge Scholl, auteure allemande du livre (La Rose Blanche), Simone de Beauvoir, célèbre femme de lettre française, ou encore Claude Cahun, plasticienne nantaise. Bien qu’elle aime les hommes, elle prône des valeurs féministes, et cela se ressent dans son discours. Cette rébellion, elle l’a toujours prônée, même dans les groupes de « mâles » dans lesquelles elle a fait ses débuts. Ses textes contiennent beaucoup de références bibliographiques et mythologiques. Elle aborde des thèmes historiques sensibles, comme la déportation, les jeunesses hitlériennes, ou encore la Révolution Verte au 20ème siècle. C’est une femme engagée qui n’a pas peur des mots.
Bien qu’elle aime les hommes, elle prône des valeurs féministes, et cela se ressent dans son discours. Cette rébellion, elle l’a toujours prônée, même dans les groupes de « mâles » dans lesquelles elle a fait ses débuts.
Depuis 2004, la musique de Resistenz n’a cessé d’évoluer. Les compositions ne sont pas figées et laissent place à l’improvisation. Si bien que les concerts se suivent mais ne se ressemblent pas. Mais jusqu’à l’arrivée d’une petite fille issue de l’union entre Annaïg et Erwan, la musique de Resistenz sonnait comme une révolte ancrée dans un univers sombre et mélancolique. Cet heureux évènement a amené un peu de gaité et de bonne humeur dans le cœur de ces deux musiciens engagés. Leur nouvel album prévu pour mars 2011, devrait sonner plus gaiement avec des sonorités pop et des invités tels que Delphine Coutant, ou encore Hugues Pluviôse. Les joies de la maternité ont transformé les pensées sombres d’Annaïg en douces joies.
Le Bal Folk Moderne
C’est bien sûr sur scène que la musique de Resistenz prend tout son sens. Erwan, l’homme orchestre, assisté de son bassiste, jongle entre guitare, clavier, batterie et sampler. La musique de Resistenz, c’est lui ! Mais Annaïg n’est pas en reste. Elle évolue sur scène comme dans la vie, c’est-à-dire avec franchise. Sa performance oscille entre drôlerie, violence, tristesse, et mélancolie. Une véritable performeuse scénique à la voie magnifique, aux mots justes et qui sait jouer avec son public. Les morceaux alternent entre dureté, brutalité, joie, et délicatesse, aussi bien dans la musique que dans les textes. Entre les sonorités, folk, rock et post rock, caractérisé par des riffs de guitare aux envolées lancinantes, on retrouve de nouveaux morceaux pop, interprétés en anglais. Le disco fera même son apparition le temps d’un morceau. A travers ce spectacle, on retrouve les influences musicales du groupe qui vont de Mogwaï, à Radio Head, en passant par Noir Désir ! Ana Igluka à d’ailleurs un petit quelque chose de Brigitte Fontaine, à laquelle elle fait d’ailleurs souvent référence. Un spectacle haut en couleur qui en étonnera plus d’un.
Si vous souhaitez tenter l’expérience, sachez que le groupe Resistenz sera en représentation le vendredi 19 novembre au Salon République de Saint Nazaire, dans le cadre du festival Battantes. Resistenz présentera ses nouvelles chansons inspirées de Claude Cahun (plasticienne nantaise), Germaine Krull (photographe allemande) ou encore Louise Brooks (la grande dame du Muet). Une organisation cosignée par les associations Wonderground et Martins Pêcheurs. Un apéro rencontre vous attend dès 19h, avant la projection du film documentaire La Domination Masculine à 19h45, et vous pourrez finir la soirée en musique à 22h sur les notes du Bal Folk Moderne, nouvelle formule !
Texte : Jonathan GERIN, photos : Adeline PRAUD
Pour plus d’info :
- Le dernier album de Resistenz intitulé "Bal Folk Moderne" sorti en 2008 est disponible sur le site de l’association Le Thermogène
- Myspace de Resistenz : http://www.myspace.com/resistenz
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