Carte blanche à la créativité
Chantiers d’artistes au Lieu Unique
Une interrogation de l’art sous toutes ses formes, sans contraintes, ni limites, en mélangeant les genres et les pratiques. Tel était le défi d’une centaine d’artistes en résidence au Lieu unique : deux semaines pour créer sur place et inviter le public à pénétrer le chantier, travaux finis ou pas...
L’objectif : faire venir des artistes de la région, leur lancer le défi d’abandonner leur propres studios de création afin de se retrouver ensemble dans les chantiers du L.U. L’aspect novateur, du moins encore peu fréquent, de ce projet ambitieux et exigeant est de réunir différentes communautés d’artistes : peintres, chorégraphes, acteurs, musiciens, écrivains, sculpteurs, cinéastes, qui finnalement se côtoient peu, dans un même lieu. Tous vont avoir l’occasion d’apprendre à mieux se connaître, de créer ensemble et réaliser, pour l’occasion, des performances uniques en un temps donné.
Après deux semaines de bouillonnement créatif dans ce chantier-laboratoire, où les artistes laissent libre cours à leur idées les plus incongrues et se livrent à des expériences, des tests, le public est invité à pénétrer ce chantier d’artistes en action et découvrir des performances encore en cours de réalisation. Le rapport du public avec les artistes est donc différent, il y a une certaine liberté du public, avec le sentiment d’être au cœur de l’instant créatif et donc d’être plus proche de l’artiste et du message qu’il veut faire passer.
Des performances surprenantes et originales
Au delà d’un rôle « habituel » d’observateur, il est amené à s’improviser acteur, faisant ainsi partie intégrante de la chorégraphie de la Compagnie David Rolland, par exemple : « C’est bien d’être ailleurs aussi ». Dans l’univers du chorégraphe Nantais,le langage corporel prime sur le langage parlé. A demi mesure entre le surréalisme et le ridicule, le public se prête au jeu et improvise une chorégraphie en suivant les jeux de lumière, les images de l’écran géant et les directives d’un petit carnet bleu, vert ou orange énoncées par une voix grave masculine qui renforce l’atmosphère surréaliste de la pièce. David Rolland imagine donc une communication par les corps et non par la parole « déplacez-vous vers la zone bleue, en faisant des clins d’œil aux personnes que vous croisez », autre directive du carnet : « faites des mouvements avec votre tête et vos mains comme si vous aviez de très long cheveux qui vous gênent ». Ces mouvements qui peuvent nous paraître quotidiens, prennent un autre dimension, devenant les éléments d’une chorégraphie, comme si tous les jours sans le savoir nous étions en représentation perpétuelle, faisant de nos mouvements les plus habituels, des mouvements de danse.
Continuant sa déambulation, le visiteur abandonne son rôle d’acteur pour se glisser dans la peau de Jacques Halbert, un plasticien déjanté qui repeint son salon au maillet, écrasant des centaines de tubes de peinture qui se jètent en feu d’artifice sur les murs blancs de son salon. On assiste alors à la réalisation de la performance en direct, petits imprévus compris ( les coups imprévisibles de Jacques Halbert n’épargnent pas les murs du Lieu unique et les spectateurs... )
Un regard inhabituel et moins conventionnel
Chantier d’artistes apparaît comme un petit festival regroupant des disciplines artistiques différentes qui se côtoient au moment de la création et certains résultats en sont le reflet ; « l’homme sans bras » un opéra pas comme les autres, questionne et réinvente les formes de théâtre, mêlant acteurs, musiciens, danseurs sur un fond de costumes et mise en scène de théâtre classique que viennent rompre des textes parlés et chantés avec une pointe d’humour et de modernité. Le spectateur est séparé de la scène par une toile sur laquelle sont projetés des indications tel la bande annonce d’un film, ainsi la compagnie interroge deux formes de représentations différentes : théâtre et vidéo.
Le public où qu’il aille dans le chantier est donc systématiquement sollicité par différentes formes d’art, mises en scène et imbriquées ensembles de façon à le faire s’interroger et poser un regard inhabituel sur les créations et sur l’art en général.
Pauline André
Bloc-Notes
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