
Festival Univerciné Russe 2010
"Gloire ou sécurité : une journaliste moscovite face à un choix délicat"
Entretien avec la réalisatrice Elena Sorokina
Lors du festival du Cinéma Russe, Elena Sorokina a parlé de la genèse de son premier long-métrage La spécialiste. Ce film raconte l’histoire d’une jeune journaliste qui, malgré ou à cause de son succès professionnel, est confrontée à une situation inquiétante : ses interlocuteurs célèbres meurent l’un après l’autre… Retour sur l’entretien avec la réalisatrice dans le cinéma Katorza.
En arrivant à Moscou, Dyne, héroïne de La spécialiste, trouve un emploi de pigiste pour un grand quotidien. La jeune femme commence par écrire les horoscopes, et bientôt les rédacteurs lui offrent l’opportunité d’interviewer les célébrités. Ses publications réussissent, mais il se trouve que les personnes qu’elle a interviewées meurent peu de temps après l’entretien. Les collègues de la jeune journaliste, et la police, se posent des questions…
Elena Sorokina raconte cette histoire à la fois amuante et sérieuse avec humour et beaucoup d’amour pour le détail. « En Russie, on peut parler de choses sérieuses à condition d’employer un ton de plaisanterie », explique la diplômée de la faculté des scénaristes et critiques de cinéma du VGIK. Bien que le scénario de La spécialiste soit fictif, il contient des éléments autobiographiques : le co-scénariste Timur Vaulin, par exemple, travaille pour un journal. Pendant la réalisation, E. Sorokina a tenu à ce que tous les détails, comme les particularités des différents mondes professionnels, soient proches de la réalité. Pour cela, la réalisatrice a travaillé avec des éléments et des lieux de tournage authentiques. Les scènes qui montrent des nouveaux riches en Russie, par exemple, ont été tournées dans une ville de nouveaux riches.
La vie d’une jeune journaliste russe et un choix difficile
Au cours du film, le spectateur n’est pas seulement impliqué dans la vie professionnelle de Dyne, dans les problèmes qu’elle affronte pendant ses entretiens (comme faire parler un interlocuteur qui n’a pas accordé d’interviews depuis des années). Il rencontre également son petit copain, un coiffeur qui a tendance à inventer des coiffures exceptionnelles. Et il apprend des détails du passé de la jeune femme, de sa ville d’origine et de son grand-père, un prétendu chamane. Par contre, il est aussi informé de deux meutres, et à la fin du film, il se demande : mais qu’est-ce qui s’est passé ? Qui est le meurtrier ?
Comme la jeune journaliste est suspecte, il lui faut faire un choix : la gloire, l’amour, le succès professionnel – ou la fuite. Finalement, elle décide de quitter Moscou. Un autre suspect part pour Paris en avion, le copain de Dyne reste seul sur une escarpolette qui a été placée en hauteur, au-dessus d’un manège de cirque - et le spectateur est laissé plutôt insatisfait face à cette fin absurde. « Je voulais laisser le choix au public d’interpréter le film comme il le sentait », explique E. Sorokina. « J’ai juste raconté une histoire dont le sujet n’était pas linéaire, donc la fin était tout-à-fait ouverte à toute sorte d’interprétation. »
Et que veut-elle transmettre au public à travers La spécialiste ? « Je veux montrer que la profession n’est pas la priorité dans la vie », dit la réalisatrice. « Sur la tombe d’un vieil homme, on n’écrit pas que c’était le meilleur cordonnier de la ville. Il ne faut jamais avoir honte de ce qu’on fait. »
Verena Schneider
Photo portrait d’Elena Sorokina : Verena Schneider
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Le site du festival Univerciné Nantes
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