
Quotidien d’un quartier
"Sisters" : trois femmes font bouger le quartier de Malakoff
rencontre avec Stéphane Perrier
Le documentaire Sisters, coproduction de Pois Chiche Film et Télénantes, était diffusé lundi 10 mai à l’espace Cosmopolis de Nantes. Le projet est né de la rencontre, lors d’un défilé, de Stéphane Perrier avec Manou, Aurélie et Nathalie, fondatrices de l’association Kenja, et de son envie de faire un film sur la vision qu’ont les femmes de leur quartier.
l Le documentaire nous montre trois femmes, qui par le biais de l'association et de leur quotidien, tentent de casser les clichés que l’on a du quartier
Le documentaire Sisters, premier long métrage de Stéphane PERRIER, montre le quotidien du quartier de Malakoff à travers le regard de trois femmes qui, par le biais de leur association Kenja, proposent diverses activités : ateliers de couture, de bricolage, de customisation de meubles, organisation de défilés de mode etc. L’objectif des Kenja alias Manou, Aurélie et Nahtalie est de mettre en place des activités pour les femmes du Quartier de Malakoff et de favoriser les rencontres. Ce n’est pas une association de défense des femmes, mais plutôt une association ouverte à tout le monde, gérée par des femmes voulant revaloriser le quartier de Malakoff. L’association a même attiré des personnes venant des quartiers environnants.
L’association Kenja comme vecteur du film
Depuis longtemps, Stéphane PERRIER avait le projet de faire un film sur les femmes et le regard qu’elles portent sur leur quartier. Au début, il envisageait de réaliser un documentaire sur le quartier de Bellevue avec des paroles d’habitants, sous la forme de micro-trottoir par exemple. A un moment donné, il évoquait l’idée de suivre des gens de différents quartiers. Idée rapidement abandonnée à cause de la pluralité des identités, des histoires d’immigration propres à chaque quartier. Le hasard a fait qu’il a rencontré les trois femmes fondatrices de l’association Kenja, qui habitent le quartier de Malakoff.
En réalité, l’association sert principalement de vecteur, les femmes permettent d’humaniser le documentaire. Celui-ci ne fait pas que dresser le portrait de l’association, mais nous montre plusieurs facettes du quotidien de trois femmes solidaires, les relations amicales qu’elles entretiennent avec leur entourage ou l’entre-aide entre les habitants du quartier. Il existe une cohésion entre les habitants, une conception du social que l’on ne retrouve pas dans d’autres quartiers jugés moins "sensibles" que celui de Malakoff. Finalement, ce n’est pas l’association qui importe dans le film, mais bien ces trois filles qui prouvent qu’avec de la volonté et une synergie entre les gens, il est possible de changer les mentalités.
La nécessité de se détacher des clichés
Lors des crises dans les cités en 2005, assez virulentes dans le quartier de Malakoff, Stéphane PERRIER avait remarqué que, contrairement aux hommes, les femmes sortaient dans les rues pour des actions pacifistes, telles que SOS Racisme ou Ni Putes Ni soumises. Le documentaire nous montre trois femmes, qui, par le biais de l’association et de leur quotidien, tentent de casser les clichés que l’on a du quartier, clichés nourris par la sur-médiatisation. Elles nous prouvent que des femmes sont capables de faire bouger les choses, pacifiquement, sans confrontation. Le film décrit comment Manou, Aurélie et Nathalie perçoivent leur quartier, mais cela ne se résume pas à cela. Le documentaire tente surtout de présenter la façon dont les gens qui habitent le quartier perçoivent la manière dont les gens qui n’y habitent pas les perçoivent. Cette production nous donne à voir le quartier de l’intérieur, à travers le regard des différents habitants.
Un premier long métrage suivi par d’autres projets
Pour ce premier long métrage, Stéphane PERRIER a bénéficié de l’aide du GIE Grand Ouest Régie Télévisions, comme une dizaine de nouveaux longs-métrages sélectionnés après l’examen d’un dossier chaque année. Stéphane PERRIER a par ailleurs tiré parti du support de Pois Chiche Film et de Télénantes.
Le réalisateur ne va pas en rester là. Plusieurs thèmes de documentaire fleurissent déjà dans sa tête. Il aimerait bien réaliser un long-métrage sur les anciens chantiers navals de Nantes ou sur la traite négrière mais avec une vision plus humaniste. Un film se nourrissant de paroles d’habitants, un peu dans l’optique de Sisters. Enfin, l’idée de faire film sur les femmes et le syndicalisme en prenant l’exemple de la ville de Saint-Nazaire l’intéresserait aussi.
Antoine Bernier
Photo de Stéphane Perrier : Antoine Bernier.
Pour plus d’informations, vous pouvez écouter la capsule sonore ci-jointe qui décrit l’association Kenja de manière plus détaillée.
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