Comédie musicale
« The sound of music  », le triomphe de la musique
Dans le prolongement de sa politique artistique d’ouverture, le théâtre du Chatelet a offert un beau moment en confiant l’émouvante comédie musicale de Rodgers et Hammerstein, « The sound of music  », à des artistes d’opéra, en attendant « Show Boat  »dans une production de l’opéra de Cape Town et « My fair Lady  », mis en scène par Robert Carsen, la saison prochaine.
« The sound of music », créé en 1959 , a connu un grand succès au cinéma en 1965 grâce au film de Robert Wise avec Julie Andrews. On connait ce film en France sous le titre « La mélodie du bonheur ». L’œuvre trouve ses sources dans le récit autobiographique de Maria Von Trapp, qui a émigré avec toute sa famille aux Etats Unis en 1939, époque de l’Anschluss en Autriche.
Face à la rigidité du père, elle offre une lumineuse et consolante alternative par son amour du chant et de la musique.
Dans le cadre inquiétant de l’omniprésence nazie, Maria, dans la comédie musicale, est une religieuse éprise de musique, qui quitte le couvent pour être au plus près de ses aspirations et de sa vérité. Elle entre comme gouvernante chez la famille Von Trapp et, très vite, suscite la sympathie de enfants par sa touchante originalité. Face à la rigidité du père, elle offre une lumineuse et consolante alternative par son amour du chant et de la musique. La jeune femme transmet sa passion avec ferveur et une énergie communicative. Elle épouse le père et la passion du chant apporte un nouveau sens à la vie de cette famille.
La musique s’affirme aussi une force de résistance face au pouvoir nazi. Une telle ferveur se retrouve dans le magnifique spectacle de Emilio Sagi, à qui l’on doit une mémorable « Fille du régiment » de Donizetti, dans des décors du sculpteur Fernando Botero, qui a fait le tour du monde. Outre des images extrêmement belles, il insuffle, dans sa direction d’acteurs, une étourdissante énergie. Il semble que le mot clef de ce spectacle ait été le bonheur et les airs s’enchainent en un tourbillon d’émotions contrastées.
Ainsi,la célèbre chanson « Do, ré, mi » côtoie les mélodies émouvantes de « My favourite things », « The lonely goatherd » ou « Edelweiss ». Les chœurs des religieuses ont la beauté de pages de requiem, le sommet étant atteint par le bouleversant « Climb every mountain » de la mother abbess, dans lequel Kim Criswell offre des graves prophétiques !
Une transfiguration par l’art
Dans un genre trop souvent sacrifié, l’intérêt du spectacle tient dans son exécution musicale, qui émeut à chaque instant. Le théâtre du Châtelet a eu la bonne idée de proposer certains rôles à des artistes d’opéras, une manière passionnante de créer une rencontre entre les genres, afin qu’ils s’enrichissent au contact l’un de l’autre.
Le rôle du capitaine Von Trapp est tenu par Rod Gilfry, qui a été un Gugliemo sensuel et émouvant dans le « Cosi fan Tutte » dirigé par John Eliot Gardiner, dans ce même théâtre en 1992. Il incarnait « Billy Budd » dans la mémorable production de l’opéra de Britten à l’Opéra Bastille à la fin des années 90. Ce magnifique artiste apporte à « Edelweiss » la beauté d’un lied . Cet air pénétrant est interprété lors du concours de chant auquel la famille Von Trapp s’est inscrite. Durant cette épreuve, des officiers nazis sont dispersés dans la salle, dans un moment particulièrement fort du spectacle, où la frontière entre l’art et la politique semble particulièrement fragile. C’est à cet instant oppressant que la famille Von Trapp choisit l’exil, car l’art ne peut s’accomplir dans le compromis.
Sylvia Schwartz est lumineuse en Maria et Laurent Alvaro, à qui l’on doit quelques belles émotions d’opéras, apporte à la figure opportuniste de Max une inquiétante présence.
« The sound of music » a été présenté à Nantes, au Théâtre Graslin, sous son titre français de « Mélodie du bonheur » il y a quelques années. La mezzo Maria Murano, récemment disparue, incarnait la mère abbesse et « Climb every montain » était traduit par « Va, suis ta route, suis ton chemin ». L’émotion offerte par cette belle artiste était palpable dans la salle, comme si cette phrase, invitant à suivre ce chemin vers l’art et vers sa vérité, s’adressait à chacun de nous.
C’est ce que l’on ressent aussi lors de ce spectacle au Châtelet, une parole intime qui nous renvoie aux rêves et aux secrets de l’enfance, cette part d’enfance que l’indécise Maria a su si bien garder.
Chronique : Christophe Gervot
Photos : Marie-Noëlle Robert
La saison prochaine au théâtre du Châtelet :
- « Show Boat » de J. Kern et O. Hammerstein II. Production de l’opéra de Cape Town. 18 représentations du 2 au 19 octobre 2010
- « My fair Lady » de Frederick Loewe d’après George Bernard Shaw. Mise en scène : Robert Carsen. 27 représentations du 9 décembre 2010 au 2 janvier 2011
- Emilio Sagi mettra en scène. « Il Barbiere di Siviglia » de Giocchino Rossini. Direction musicale : Jean Christophe Spinosi. 5 représentations du 22 au 28 janvier 2011
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