
Festival Univerciné russe 2010
Conte de l’obscurité : l’univers d’une femme à la recherche du sens de la vie
rencontre avec Nikolaï Khomeriki, réalisateur russe
Nikolaï Khomeriki, réalisateur, était présent à Nantes lors du Festival du cinéma russe. Fragil l’a rencontré pour parler de son film Conte de l’obscurité. Un film sur une femme solitaire qui trouve ses seuls moments de tendresse auprès des délinquants juvéniles. Un film très réfléchi sur l’univers d’une femme ayant une perception émotionnelle du monde différente des autres.
C’est un peu un film sur moi aussi, je me projette dans le héros principal, même si c’est une femme, ça aurait même pu être un éléphant (rire), c’est une partie de mes pensées.
Fragil : Est-ce que votre formation, à la Femis, école d’audiovisuel de Paris, a influencé votre manière de réaliser Conte l’obscurité ?
Bien sûr, tout a une influence dans notre vie, surtout après quatre ans d’études à Paris. J’ai aussi vu des films qui sont connus ici, mais pas à Moscou. J’ai donc eu un regard plus ouvert sur les possibilités cinématographiques. En Russie, les films sont très classiques. A Paris, on a pu voir des films très différents. Cela m’a aussi influencé dans le sens où je disposais des différents outils possibles pour réaliser un scénario. Et par ailleurs, plus les moyens sont grands, plus il est facile de faire ce que l’on veut, cela permet un film plus riche, plus réfléchi.
F : Qu’est-ce qui vous a incité à réaliser ce film ?
A l’époque, j’avais une amie scénariste qui avait écrit un scénario autobiographique, cela se passait dans le désert, c’était un peu de la science fiction. J’ai lu cette histoire, avant de faire l’école du cinéma. Ce qui m’est restée dans la tête, c’est l’univers d’une femme qui a un système de perception différent du reste du monde, basé sur l’émotion, sur une autre réalité, pas sur les choses concrètes et logiques. Je voulais faire un film avec une femme au centre.
F : L’héroïne porte souvent des habits ternes qui renforcent sa froideur ou son côté rigide. Est-ce aussi pour cela que vous avez choisi le métier de policer pour ce personnage ?
Oui légèrement, mais ce n’est pas la raison la plus importante, bien que l’uniforme donne un côté un peu rigide. En fait, c’est tout le caractère de la femme qui est comme cela, c’est une femme qui a du mal à comprendre le sens de la vie. C’est un peu un film sur moi aussi, je me projette dans le héros principal même si c’est une femme, ça aurait même pu être un éléphant (rire), c’est en quelque sorte, une partie de mes pensées.
F : A la fin du film, on est plus ou moins déçu car l’héroïne n’a toujours pas trouvé l’âme sœur, est-ce une façon de bousculer les clichés ou d’apporter une fin plus originale ?
Dans le film, j’ai voulu montrer les éléments d’une relation, pour moi c’est quelque chose de cyclique, qui n’a pas spécialement de fin. Une sorte de boucle qui se répète sans cesse au fil des années.
F : Le film se déroule à Vladivostok, une ville isolée à l’Est de la Russie, est-ce pour insister sur le côté solitaire de l’héroïne ?
Ce n’est pas important pour le film, on ne voit pas que c’est loin, c’est juste une ville au bord de la mer. J’aimais bien son architecture, sa composition. Je voulais faire un film dans une ville très éclectique, avec la mer, la montagne, donc un décor très mélangé. Vladivostok correspondait bien à mes attentes. C’était aussi une manière d’apporter de la profondeur au personnage.
F : Le titre Conte de l’obscurité a-t-il une signification particulière ?
La traduction française n’est pas géniale, en russe le titre donne une impression plus enfantine, alors que le mot obscurité fait plutôt penser à quelque chose d’adulte, très psychologique, très sérieux. Le titre anglais est Tale of Darkness, donc littéralement la traduction par Conte de l’obscurité est bonne, mais je pense qu’il aurait mieux valu traduire par Conte de la solitude. Par ailleurs, j’ai voulu utiliser le mot « conte » pour donner plus de distanciation par rapport à l’histoire ou au spectateur.
Propos recueillis par Antoine Bernier ;
Photo portrait : Antoine Bernier ;
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