
Fragil au festival Astropolis 2009
Sven Väth, vieille étoile des platines
Trente ans que Sven Väth observe le mouvement techno derrière ses platines. Activiste des scènes acid house et trance, l’excentrique allemand est devenu un archétype de l’electro, le dj star qui électrise les foules.
Quatre heures. Pendant quatre heures, Sven Väth a fait danser le public du festival Astropolis de Brest. Une bagatelle pour cette pierre angulaire de la techno allemande. Depuis trente ans, l’excentrique de Francfort est de toutes les fêtes et a vu la culture mondiale se convertir à l’acid house, la Love Parade et les ecstasys.
Instigateur de plusieurs courants electro outre-Rhin, Sven Väth est également devenu une figure emblématique de la techno des années 90, le dj star qui réunit des dizaines de milliers de ravers lors de rassemblements internationaux. « C’est un peu le Carl Cox allemand », confie dj Flash B, vieux routard de la house music. « Une star en Allemagne, en Espagne, au Japon, en Australie... », ajoute Gildas Riaoulen, le programmateur d’Astropolis.
Aussi connu soit-il, Sven Väth garde sa vie privée en backstage. Un mariage bouddhiste en 2008 du côté de la Thaïlande. Une solide réputation de fêtard, capable de mixer 48 heures d’affilée à Goa, qui a clôturé Astropolis en arrosant les festivaliers de champagne.
Mais cet hédoniste est aussi un homme d’affaires. Depuis dix ans, le dj développe le concept Cocoon, prestigieuse entreprise qui regroupe des soirées, une résidence estivale à l’Amnesia d’Ibiza, un club à Francfort, un label et une agence de booking.
Et si le business va bien, c’est que la musique se porte à merveille. « Sven Väth a toujours été là pour faire avancer la techno, explique Gildas Riaoulen. A Ibiza, c’est lui qui a la meilleure programmation. » A toutes les époques, le dj a su déceler la tendance et mixer aux bons endroits. Au milieu des années 1980, il fonde le groupe de dance OFF, qui obtiendra un succès mondial en 1986 et 1987 avec Electrica Salsa et Step By Step. L’année suivante, il acquiert le club Vogue.
Il le renomme The Omen, lieu incontournable des nuits allemandes jusqu’à sa fermeture en 1998. Au début des années 1990, il fréquente les premières rave et importe la trance dans son pays. Aujourd’hui, Richie Hawtin et Laurent Garnier poussent régulièrement les portes de son club.
En 1992, le premier album de Sven Väth, Accident In Paradise, est un succès mondial. Auparavant marginale et réservée à un public noir ou homosexuel, la techno se démocratise en Europe à travers des rave-party colorées et une musique de plus en plus complexe et rapide. Très vite, Sven Väth attire les médias et évangélise les clubbers de la Love Parade, de Time Warp et d’Ibiza. Le journal Der Spiegel lui donne le nom de « Dieu de la machine » [1] en 1993 et le magazine Musik Express le qualifie de « seule pop star d’Allemagne » [2] l’année suivante.
Avec Sven Väth, Carl Cox et David Guetta, le dj n’est plus un pousseur de disques anonyme mais une véritable star. « Väth transforme la table du dj en une véritable scène, et attire le regard des danseurs sur son show, explique Ulf Poschardt dans son livre Dj Culture [3]. Sven Väth est en Allemagne la plus grande pop star parmi les dj […] parce que c’est un exhibitionniste invétéré, pour qui un show extatique sur scène semble naturel. »
Si le son de Sven Väth a évolué vers une techno plus sobre et minimaliste, son goût du show est resté. Début juillet, il répondait à l’appel de Cathy Guetta et une marque de boisson énergisante pour enflammer 31 000 clubbers à la soirée Unighted du Stade de France. Le dj ne craint pas les grand écarts entre star system et exigences musicales. Quelques heures avant son mix à Astropolis, il jouait au Hallenstadion de Zurich, habituellement fréquenté par Shakira ou Beyonce. Au petit matin, il terminait son set brestois avec un morceau d’Aphex Twin. Pointu et populaire, festif et entrepreneur, Sven Väth est un peu passé de mode, mais gardera sa place derrière les platines tant qu’il y aura des clubbers.
Sven Väth à Astropolis 2009
Live Sven Väth from Magazine Fragil on Vimeo.
Rédaction : Timothée Blit
Captation Live : Hugues Bougouin et Timothée Blit
Montage : Hugues Bougouin
Photos : Cocoon Music Event GmbH
Retrouvez le sommaire de Fragil au festival Astropolis 2009
[1] « Der Gott aus der Maschine », Thomas Hüetlin, Der Spiegel, 8 novembre 1993
[2] « It’s all in the mix », Michael Reinboth, Musik Express, janvier 1994
[3] Dj Culture, Ulf Poschardt, 1995, Rogner & Bernhard GmbH & Co.
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