
Jeune musicien cherche public 4/4
Monter sur scène, un remède contre la crise du disque
Pour survivre dans un marché du disque en déclin, les artistes misent sur le traditionnel concert. Une source de revenu qui peut devenir un outil de promotion fulgurant, pour peu que l’on monte sur les bonnes scènes.
Dans le monde musical comme ailleurs, on peut encore s’informer sans passer par un écran. Pour la publicité d’un artiste, l’affichage et les concerts sont des supports de promotion qui font encore leur preuve. Surtout les concerts. "Aujourd’hui, un groupe qui marche comme Birdy Nam Nam vit de la scène et du merchandising (produits dérivés), explique Franck Vergeade. Pas de la vente de disque."
Une valeur refuge pour remplir un peu les caisses
Les programmateurs s’échangent entre eux les groupes qu’ils apprécient
Quand la vente d’albums chute de plus de 40% en France entre 2003 et 2007, la prestation scénique reste une valeur refuge pour promouvoir un groupe et remplir un peu les caisses. Selon le Centre national de la chanson des variétés et du jazz (CNV), il existe plus de 1200 festivals dédiés aux musiques actuelles. "A mon avis, le meilleur moyen pour qu’un groupe s’installe durablement est de se constituer un public local fidèle, avant d’agrandir son cercle au fur et à mesure, confie Philippe Albaret, directeur du Coach, structure d’accompagnement d’artistes de musiques actuelles. Et la fin de concert est devenue un moment privilégié pour vendre des disques."
D’autant que les salles communiquent très bien entre elles. "Les groupes qui ont du talent bénéficient du bouche-à-oreille, explique Stéphanie Thomas, de la Fédurok, organisme qui accompagne plus de 70 salles en France. Les programmateurs s’échangent entre eux les groupes qu’ils apprécient."
Mais le plus dur reste de coincer le pied dans la porte. "Les programmateurs sont frileux, regrette Olivier Charrel, co-fondateur du groupe electro Paral-lel. Ils ont peur de ne pas attirer de monde dans des salles perdues en plein milieu de la France." Outre l’explosion de l’offre, les musiques actuelles se composent d’une galaxie de styles rock, hip-hop, electro et de leurs dérivés. Des niches, en somme. Le dj Niwouinwouin n’est pas dupe : "En raison du nombre de personnes sur le marché des musiques électroniques, la place des musiques un tant soit peu alternatives est plus difficile à défendre".
De véritables ascenseurs professionnels
Surtout, toutes les scènes ne se valent pas. Certaines font l’objet d’une féroce convoitise chez les jeunes groupes. Les tremplins cachent des cas de figure très différents, mais à côté des simples concerts voués à promouvoir les groupes de ska locaux, d’autres festivals ont mis en place de véritables ascenseurs professionnels. Paral-lel a été sélectionné pour les Découvertes électro du Printemps de Bourges en 2005. "C’est un festival très tourné vers les pros, explique Olivier Charrel. En montant sur cette scène, l’info est passée dix mille fois plus vite. Indirectement, ça a déclenché des propositions de dates. C’est bien simple, on a gagné un an de promotion."
Je connais très peu de gens qui vivent de leur musique.
Et le temps, c’est de l’argent. Surtout dans le cadre précaire d’une carrière artistique. Deux conditions qui manquent cruellement à la création. La majorité des musiciens signés sur les petits labels ne sont pas professionnels. "Autour de moi, je connais très peu de gens qui vivent de leur musique", constate Olivier Charrel. "Pour composer, nous devons prendre sur notre temps libre et attendre les vacances", expliquent Rémy et David, membres de Depth Affect la nuit, respectivement assistant audiovisuel et assistant de production le jour.
Une heure de scène pour convaincre
Parfois, ce sont des structures entières qui reposent uniquement sur la passion d’une poignée d’acteurs. Yann a monté Egotwister en 2004. Mais son label étant une simple association, il doit garder son travail au sein d’une structure culturelle. Et le manque d’argent bride considérablement ses ambitions musicales : "500 copies d’album me coûtent 1000€, sans compter les frais de mastering (mixage final, NDLR). Résultat : je ne sors qu’un album physique par an." Le reste des productions passent sur le site, en téléchargement libre. "En terme de promotion, ce n’est pas mauvais, relativise Yann. Le premier album gratuit s’est écoulé à 10 000 d’exemplaires. Et j’ai plus de retour de la part des auditeurs avec ces albums que sur les ventes physiques." Autant de sacrifices qui s’avèrent parfois payants : cette année, un de ses artistes était programmé aux Trans Musicales. A peine une heure de scène pour convaincre. En espérant que le producteur providentiel ne se soit pas absenté pour acheter une bière.
Timothée Blit
Photos : Valérie Pinard ; Arnaud Iracane ; Lise Gaudaire
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