
FESTIVAL DU CINEMA ESPAGNOL 2009 - NANTES
Le cinéma comme œuvre de mémoire
Montrer que la guerre détruit la vie quotidienne des gens, telle est la finalité du réalisateur Jaime Camino. Considéré comme l’un des plus grands documentaristes espagnols, ses réalisations permettent aux spectateurs de ne pas oublier les désastres de la Guerre Civile espagnole.
La Guerre d’Espagne (juillet 1936 à mai 1939) est un thème récurent dans les films de Jaime Camino. Ce dernier explore en effet le fascisme et l’anarchisme dans Les longues vacances de 36 / Las largas vacaciones del 36 (1976), la prise en main des troupes nationalistes dans Dragon rapide (1986) ou encore l’exil dans Le long hiver / El largo invierno (1991).
Lutter contre l’amnésie historique
Jaime Camino est l’un des pionniers du travail de mémoire sur la Guerre Civile espagnole. Il utilise en effet le septième art dans le but de lutter contre l’amnésie historique. Sans montrer une seule image des combats, il parvient à montrer les résultats dramatiques de la guerre. Jaime Camino ne montre pas la guerre directement mais plutôt les conséquences et les séquelles que celle-ci engendre sur les populations civiles. Son film Le long hiver retrace l’histoire d’une famille bourgeoise barcelonaise divisée par le conflit, les deux frères appartenant à des cotés différents, l’un républicain et l’autre nationaliste. Même si ce récit n’est pas autobiographique, Jaime Camino s’est inspiré d’événements qui se sont produits dans sa propre famille pour réaliser cette fiction.
Les fascistes n’aiment pas les livres qui font réfléchir
Des images et des répliques fortes
Le film ne prend parti pour aucun des deux camps et selon les dires du réalisateur espagnol, « ce n’est pas un film avec des bons et des méchants ». Le long hiver met plutôt l’accent sur le lot de malheurs humains que la guerre apporte. Des milliers de personnes en exil fuyant les troupes franquistes envahissant la ville, des civils innocents tués lors des bombardements, des enfants morts maculés de sang entassés comme du bétail sur des charrettes sont autant de scènes qui touchent la sensibilité des spectateurs. Un soldat qui déclare « on ne revient jamais intact d’une guerre », une femme enceinte qui ne veut pas « faire naitre un gosse dans ce monde pourri », les dialogues ne sont pas en reste et jouent également leur rôle. A travers ces images fortes et ces répliques choc, le film atteint parfaitement les objectifs du réalisateur : affecter les spectateurs.
Savoir en tirer des enseignements
Un cinéma vérité et proche du public, voilà les armes qui permettent à Jaime Camino de faire passer son message. Il démontre ainsi que les guerres ne sont jamais « propres » et qu’il faut savoir tirer les enseignements du passé. Faire que les jeunes générations n’oublient pas l’histoire de leurs aînés et affronter l’amnésie historique grâce au cinéma, tel est le parti pris par Jaime Camino. Lors d’une scène du film, un jeune écolier demande à son maître d’école pourquoi les fascistes brûlent les livres. Ce dernier lui répond que c’est parce qu’ils n’aiment pas les livres qui font réfléchir. Réfléchir, voilà ce que les spectateurs sont amenés à faire après avoir apprécié toute la sensibilité des films de Jaime Camino. En nous offrant un cinéma au service de la conscience collective, il permet à chacun de regarder en arrière afin de ne pas reproduire les erreurs du passé, ou tout du moins, de ne pas les oublier.
Aurélien Lahuec
Lien vers le site du Festival du Cinéma Espagnol de Nantes
Ces articles ont été réalisés par une équipe d’étudiants de la filière Infocom de l’Université de Nantes. Equipe : Alexis Annaix, Antoine Bernier, Erwin Eninger, Aurélien Lahuec, Marco Streit.
Coordination éditoriale et pédagogique : Emilie Le Moal
Tous les articles sur le Festival du Cinéma espagnol 2009
Rencontre avec le réalisateur espagnol Jaime Rosales.
Le cinéma comme œuvre de mémoire
Le cinéma selon le réalisateur espagnol Jaime Camino.
Quand taire sa foi devient une arme
Rencontre avec la réalisatrice espagnole Helena Taberna.
Au croisement de la mémoire et de l’histoire
Rencontre avec le journaliste et réalisateur Albert Solé.
Le cinéma catalan a de la personnalité !
Entretien avec le directeur de l’école de cinéma de Catalogne, Josep Maixenchs et le réalisateur Ventura Pons.
Bloc-Notes
-
«  Chasse fermée  » remporte le prix du public au palmarès d’Univerciné 2013
-
Hellfest 2013 : Fragil prend refuge dans le nid des enfers
-
La 7ème Vague ouvre le bal des festivals
-
Le sculpteur Yonnais Pierre Augustin Marboeuf expose à Nantes pour la première fois
-
Edito du 12 avril 2013 : du fond des abysses