
Les 30 ans de Joy Division 2/4
Joy Division, épisode 1 : La genèse dans le punk, ou le talent du bruit
En deux albums, Joy Division drape le rock de nouveaux atours : un voile glacial, décharné et cousu de mal-être, qui va jeter son ombre sur toute une décennie de rock mortifère. A l’origine de cette mue esthétique : du simple punk.
La musique de Joy Division est à l’image de leur ville : froide, industrielle, angoissante. Pourtant, ce n’est pas les rues de Manchester qui les a incité à prendre une guitare, mais Londres à travers ses ambassadeurs, les Sex Pistols. Depuis quelques mois, le groupe de Johnny Rotten guide une armée d’étudiants insurgés contre la culture rock, les valeurs morales et la misère sociale : les punks. Au cours de l’été 1976, les Sex Pistols sortent de la capitale pour convertir la jeunesse provinciale aux joies des épingles à nourrice. Sans le savoir, les deux concerts qu’ils donnent au Free Trade Hall de Manchester vont accélérer la mort de leur mouvement.
Juste des gamins qui voulaient faire du bruit.
Parmi le public se tiennent Tony Wilson, Martin Hannett, Ian Curtis, Bernard Sumner et Peter Hook. Le premier anime une émission musicale sur la chaîne Granada TV, avant de fonder le label Factory. Impressionné par la prestation des Sex Pistols, il leur offre leur premier plateau télé. Martin Hannett est producteur, et va bientôt lancer la carrière du groupe punk Buzzcocks. Quant aux trois autres, c’est lors de ces deux soirées qu’ils vont trouver leur raison d’être. Très impressionnés par les pantomimes de Johnny Rotten et Sid Vicious, ils montent un groupe, Warsaw, avec le batteur Terry Mason (bientôt remplacé par Steve Morris). La musique de Warsaw, immortalisée par un seul sept titres, An Ideal For Living, et de nombreux enregistrements posthumes, ressemble à celle de dizaines d’autres groupes. Du punk pur, mal enregistré, où les accords de guitares acérées dialoguent avec des breaks de batterie très approximatifs.
Le 29 mai 1977, la salle de concert Electric Circus donne sa chance à Warsaw, aux côtés d’autres jeunes excentriques comme Buzzcocks, The Fall, Magazine ou le poète punk John Cooper Clarke. “Ce soir-là, Paul Morley (journaliste musical pour NME) et Tony Wilson sont allés voir Warsaw après leur set pour les féliciter. Ils étaient déjà choyés”, se souvient Gary Chaplin, fondateur du groupe Penetration, sur le site Joy Division Central. Jon Savage, journaliste au magazine Sounds, était également présent à ce concert : “Ils m’ont vraiment frappé, explique-t-il dans une interview pour le magazine Clash. A l’époque, il y avait d’un côté tout un tas de groupes, et de l’autre ceux qui étaient vraiment doués […], qui tendaient vers quelque chose sans vraiment y arriver, il y avait un côté héroïque là-dedans. Warsaw était un de ses groupes, je sentais qu’il se passait un truc.” La suite lui donna raison. “Au départ, Warsaw était juste des gamins qui voulaient faire du bruit, résume Frédéric Thébault, auteur de Génération Extrême. Mais ils ont vite développé un style différent.” Warsaw devient Joy Division au début de l’année 1978.
La suite au deuxième épisode : Joy Division, épisode 2 : Sessions studios et ecchymoses, ou l’homme au service de la technique.
Dossier réalisé par Timothée Blit
Illustration extraite du film Control
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