Univerciné Britannique 2008 - Nantes
« Provoquer la prise de conscience  »
Interview de Richard York, réalisateur et directeur de la maison de production britannique The Rainbow Collective.
Traiter des droits et provoquer la prise de conscience par le documentaire, c’est l’objectif de la maison de production britannique The Rainbow Collective. Richard York, réalisateur et producteur, croit en un monde meilleur qu’il dessine au travers des films AmaZulu, the children of heaven et Bafana. Invité par Univerciné, il explique sa manière d’évoquer les droits de l’enfant.
Diplômés de la Northern Film School de Leeds, Richard York et Hannan Majid dirigent The Rainbow Collective, une maison de production à but non-lucratif basée à Leeds et à Londres. Ils collaborent avec des œuvres caritatives telles que The National Children’s Home, (principale œuvre caritative au Royaume-Uni au profit des enfants, des jeunes et de leurs familles) et des Organisations Non Gouvernementales telles qu’Amnesty International. Ils forment également des jeunes issus de milieux défavorisés.
Spécialisés dans la création de documentaires traitant des enfants et des droits de l’homme, leurs productions comptent les films AmaZulu : The Children Of Heaven et Bafana (2006) présentés en France durant le festival Univerciné de Nantes. (Bandes-annonces [1])
Une entreprise sociale
Fragil : Quels sont les objectifs de votre travail ?
Richard York : « Nos réalisations ont pour but de montrer la réalité des choses. A travers des documentaires créatifs et accessibles, The Rainbow Collective désire que le public prenne conscience des injustices qui existent dans le monde, grâce au pouvoir des films. Nous permettons ainsi aux gens qui ne peuvent pas s’exprimer de raconter leur histoire au monde. »
F. : The Rainbow Collective est une entreprise à but non-lucratif. Cela n’est pas commun dans le cinéma.
R.Y. : « Nous opérons comme une entreprise sociale. Les profits générés par l’industrie du cinéma sont énormes. Nous pensons que ces profits devraient faire plus que payer les salaires des acteurs célèbres, des directeurs et des producteurs. Notre intention est d’utiliser les profits à bon escient, aussi bien dans notre propre pays que dans ceux où nous travaillons. »
« Nous pensons que les profits de l’industrie cinématographique devraient faire plus que payer les salaires des acteurs célèbres »
F. : La cause que vous soutenez est très noble...
R.Y. : « En raison du bien-être et de la facilité dans laquelle nous vivons, le monde nous semble plus petit que ce qu’il n’est en réalité. Cependant, il y a encore beaucoup de questions qui doivent être soulevées. The Rainbow Collective travaille dans le but de faire du monde dans lequel nous vivons un meilleur endroit. »
Des documentaires engagés
F : Comment se sont déroulés les tournages d’AmaZulu : The Children Of Heaven et Bafana ?
R.Y. : « A ce jour, nous avons essentiellement travaillé avec des enfants et sur la question des droits de l’enfant. En filmant des personnes sérieusement défavorisées et insuffisamment représentées, nous leur permettons de parler de leurs vies et de leurs sentiments. Le fait que l’on s’intéresse à leur situation est souvent nouveau pour eux. Cela constitue pour eux une sorte de thérapie. »
F : Les conditions de tournage ont du être dures.
R.Y. : « Le documentaire est le reflet de la réalité, les conditions de travail ont donc été très difficiles. Cela a été une expérience très dure car voir la misère est une chose pénible. De plus, les enfants parlent si honnêtement que cela donne beaucoup d’impact au film. Pourtant dans un premier temps, il a été difficile pour eux de parler de leurs vies et de leurs problèmes face à la caméra. Il leur faut donc fallu un certain temps d’adaptation. Au fur et à mesure du tournage, ils ont oublié l’objectif et nous sommes parvenus à échanger avec eux. »
F : Quel avenir ont les enfants dans la société africaine en perpétuelle mutation ?
R.Y. : « Il y a beaucoup de problèmes en Afrique du Sud, qui concernent la sécurité, l’éducation ou la santé. Presque la moitié des enfants est atteinte par le virus du sida. Les écoles sont délabrées et les conditions d’éducation sont horribles. Bien que beaucoup d’enfants n’aient pas la chance d’aller à l’école, il y a énormément de monde dans les classes. Comme elles sont surchargées, il y a beaucoup de différence d’âge entre les élèves. Heureusement, les enfants venant de milieux défavorisés ne sont pas moins aptes à réussir, même s’ils ont un passé terrible. Ils sont très ouverts, très matures et sont dotés d’une grande force de caractère. Pourtant, ce potentiel est gâché par le gouvernement. Dans ce contexte, le professeur d’AmaZulu est un exemple pour tous, il y a trop peu de personnes comme lui en Afrique du Sud. »
Aurélien Lahuec, avec Marco Streit
Photos : Richard York ; Portrait : Erwin Eninger.
Cet article a été réalisé conjointement par une équipe d’étudiants de la section Infocom de la faculté de Nantes. Equipe : Alexis Annaix, Antoine Bernier, Erwin Eninger, Aurélien Lahuec, Marco Streit.
Coordination éditoriale et pédagogique : Renaud Certin.
Bande-Annonce de AmaZulu, the children of heaven / Production : The Rainbow Collective 2006.
Bande-Annonce de Bafana / Production : The Rainbow Collective 2006.
[1] Les bandes-annonces des docus de The Rainbow Collective : Not a muslim in sight AmaZulu Bafana
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