Au début des années 80, alors que le cinéma chinois est soumis au régime communiste totalitaire de Deng Xiaoping qui lui impose des films de propagande, le cinéma de Taiwan est en plein essor. Deux réalisateurs, Edward Yang (1947-2007) et Hou Hsiao-Hsien (1947- ) vont mettre en place une nouvelle façon de voir le cinéma.

Un cinéma d’auteur

Ces réalisateurs vont être à l’origine de ce qu’Alain Jalladeau nomme la nouvelle vague du cinéma taïwanais. Passionné par le septième art, ils s’imprègnent alors d’une culture cinématographique américaine, européenne et japonaise, mais trouveront rapidement leur propre style. La Central Motion Picture Corporation, organe gouvernemental taïwanais, -dont le but était de former de jeunes cinéastes- mettra à leur disposition une équipe technique pleine de savoir-faire. C’est ainsi que Tu Duu Chih, ingénieur du son de renom, va collaborer avec eux.

Hou et Yang vont réaliser des créations artistiques sur le plan visuel et sonore en travaillant sur la manière de filmer et de monter. ils vont créer un cinéma d’auteur, empreint d’un style réaliste, en peignant des portraits de la vie taïwanaise. Ils examineront en profondeur les différents aspects de la société de leur pays avec une vision authentique de la vie, rurale pour l’un et urbaine pour l’autre.

Des films témoins de la société

Edward Yang et Hou Hsiao-Hsien ont grandi à Taiwan dans les années 1950 pendant le développement économique et la naissance de la bourgeoisie taïwanaise.

Un cinéma urbain et sensible, témoin du quotidien, voilà comment l’on pourrait définir le genre d’Edward Yang. Dans ses films tels que Taipei Story (1985) ou Confusion chez Confucius (1994), il explorera les relations humaines, partagées entre le statisme des valeurs traditionnelles et les mouvements de la modernité et des changements géopolitiques. Ses films, très autobiographiques, se voudront les témoins de la société en mouvement. Très lucide sur ce qui se passe autour de lui et très critique vis-à-vis du gouvernement, il s’exprimera sur ce qui ne fonctionne pas dans la société taïwanaise sans pour autant réaliser de films militants.

Hou Hsiao-Hsien et Edward Yang ont fait rayonner le cinéma taïwanais en Occident

Les représentants du cinéma de Taïwan

Edward Yang et Hou Hsiao-Hsien ont fait rayonner le cinéma de Taiwan en Occident. Ils ont d’ailleurs effectué beaucoup de travail en commun. Taipei Story, est le parfait exemple de cette collaboration. Réalisé par Edward Yang, le scénario est coécrit par les deux cinéastes et Hou Hsiao-Hsien joue le rôle principal.

Bien que la majorité de leurs films n’ait pas été exportée, les deux réalisateurs vont travailler avec de actrices françaises renommées [1] et ils connaîtront tous deux un succès individuel et international. Edward Yang n’a réalisé que sept longs métrages tandis qu’Hou Hsiao-Hsien en a commis une vingtaine. Ce dernier reste le plus connu, en raison des récompenses qu’il a obtenu tel que le Lion d’Or à la Mostra de Venise pour La Cité des douleurs (1989). Edward Yang a lui aussi été primé à Cannes, pour Yi-Yi (2000).

Ces deux réalisateurs furent les premiers porte-paroles du cinéma taïwanais. Depuis une quinzaine d’années, la seconde vague du cinéma taïwanais est née, autour de Tsai Ming-liang et Ang Lee.

Aurélien Lahuec

Photo de Alain Jalladeau : Patrice Molle

Pour retrouver les films de Edward Yang : La société française de distribution, Carlotta Films, spécialisée dans la diffusion de films du patrimoine cinématographique, est actuellement en négociation pour réaliser un coffret DVD des films d’Edward Yang. Ce coffret DVD devrait sortir à la fin de l’année 2009.

Cet article a été réalisé conjointement par une équipe d’étudiants du Département Infocom de l’Université de Nantes.

Equipe : Alexis Annaix, Antoine Bernier, Erwin Eninger, Aurélien Lahuec, Marco Streit. Coordination éditoriale et pédagogique : Renaud Certin et Emilie Le Moal.

Le regard de Fragil sur les 3 Continents 2008.

Tout sur les 3 Continents, jour par jour, année après année.

[1] (Virginie Ledoyen dans Mahjong d’ Edward Yang, Laetitia Casta et Fanny Ardant dans Salomé d’Hou Hsiao-Hsien, actuellement en cours de tournage à Paris)