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Plaisirs partagés de cinéphiles

25ème Festival des 3 Continents

Publié le 6 novembre 2003

Pascal Couffin


Chaque année, l’automne culturel nantais nous réserve d’agréables surprises lors du Festival des 3 Continents. Pour cette 25ème édition, la programmation s’annonce exceptionnelle avec la projection de plus d’une centaine de films.

Alain et Philippe Jalladeau, les deux directeurs artistiques, parcourent depuis 24 ans le monde à la recherche de films d’une qualité rare réalisés par des cinéastes encore méconnus en Europe. En inlassables défricheurs, ils ont permis de faire découvrir des réalisateurs qui sont désormais reconnus et invités dans les plus grands festivals. On peut citer : Abbas Kiarostami, Wong Kar Wai, Tsai Ming liang, Hou Hsiao hsien, Cheik Oumar Sissoko… Leurs films récompensés par la Montgolfière d’or seront projetés lors du Festival.

Cette année, l’accent est mis sur la découverte de fictions d’Amérique Centrale, mais aussi sur la prolifique production indienne avec les films de Bollywood. Les cinéphiles pourront voir ou revoir dans le cadre de l’année de la Chine, une rétrospective de 70 ans de cinéma chinois. Pas les dernières réalisations car elles sont interdites par le pouvoir et ne peuvent être montrer. Un hommage spécial sera rendu à la revue « Les deux écrans » et la télévision algérienne. Trois films absents des autres sélections de l’Année de l’Agérie seront projetés.

Parce qu’ « une part croissante du cinéma de création et du regard du cinéma sur le monde passe par le documentaire », le Festival des 3 Continents ouvrira, pour la première fois de son histoire, une nouvelle section pour montrer ces œuvres.

Seule ombre venant gâcher notre plaisir, tous les films seront projetés une seule fois au Katorza, au Cinématographe et dans une salle du Gaumont : « la ville de Nantes ne dispose d’aucune structure capable d’accueillir un festival de renommée internationale », tonnent les deux frères Jalladeau !

Festival des 3 Continents.

Emergences urbaines

Publié le 30 octobre 2003

Pascal Couffin


Plasticiens,vidéastes,musiciens,net-artiste composent le collectif de Zoneblanche. Actuellement ils sont en résidence àla Barakason, la salle de concert située àRezé.

Les responsables du lieu ont proposé à Zoneblanche de réfléchir sur la relation des habitants des quartiers de Rezé avec leur espace urbain. Un travail à la fois conceptuel et populaire puisque Zoneblanche a demandé aux jeunes du pôle AVM (Ateliers Vidéo et Multimédia – associé à l’ARPEJ) d’effectuer une centaine de prise de vue des lieux qui les intéressent ainsi qu’une vidéo sur un lieu.

Samedi 1er novembre à 20h30, apparaîtront les premiers résultats du projet « émergences urbaines », fruit d’une étroite collaboration entre artistes et jeunes de quartiers. Sur une interface multimédia, chaque participant devra remplir un petit formulaire et choisir une photo. En fonction du nombre de participants et de leur choix de photo, va émerger sur l’écran un œil symbolisant le lieu où a été prise l’image. S’ils ont des amis, un lien reliera leur œil respectif et le tout formera une carte relationnelle : ce sera une véritable mise en scène de leur participation avec une vision très sociologique.

Mais Zoneblanche, c’est aussi la réalisation de sites internet et d’animations expérimentales projetées sur écran. Récemment ils ont présenté « Marche à suivre ». Dans ce film vidéo, Mathieu Delalle a travaillé sur la décomposition du mouvement et a réutilisé les premières idées d’ images photographiques et les premiers essais du cinéma. Julien Bellanger, quant à lui, s’est appliqué à recréer des images animées à partir d’extraits de séries télévisées. C’est un travail sur l’espace et le temps.

Zoneblanche travaille avec des scolaires d’école primaire, de collège,des étudiants en Beaux Arts. Cette mission pédagogique est fort salutaire car c’est en permettant à des jeunes de s’intéresser aux disciplines artistiques, que l’on renouera les publics avec une culture exigeante pour tous.

Marchandisation de la culture

Publié le 23 octobre 2003

Pascal Couffin


Les artistes, techniciens du spectacle vivant, intermittents, permanents, professionnels de l’action culturelle et de la diffusion, proposèrent une série de rencontres débats lors de la semaine morte pour une culture vivante. Ces moments, qui se voulaient cadre d’échange avec les publics, ont le plus souvent été fréquenté par les acteurs culturels.

La conférence sur « la marchandisation de la culture », n’a pas échappé à ce constat. Le sujet aurait pu mobiliser un public plus large. Pourtant l’intervenant, Patrick Daniel, adjoint à la culture de Lorient, a présenté de manière très pédagogue l’AGCS (Accord Général sur le Commerce et les Services) qui menace le secteur audiovisuel européen.

L’AGCS fait partie des négociations qui interviennent régulièrement au sein de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce). Le contenu de l’AGCS envisage la libération continue, progressive et transparente de tous les services (excepté la police, la justice, la défense). Des questions se soulèvent pour envisager le sort réservé aux services liés à l’audiovisuel.

Selon le principe de la nation la plus favorisée, les avantages qui bénéficient à quelques pays, seront appliqués à tous ceux membres de l’OMC. Le traitement national tombera pour faciliter l’intégration au marché. Concrètement, cela se traduirait par l’abandon du système d’aide privilégiée en vigueur en France ou en Europe, la suppression de la politique des quotas (par exemple, le quota de diffusion de musique française sur les ondes), mais encore la suppression de tout financement ciblé sur une action particulière. Serait ainsi remis en cause, le prix unique du livre qui permet de maintenir un réseau de libraire, et voir comme en Grande Bretagne, une concentration des lieux de vente de l’écrit.

En suscitant la libéralisation, l’OMC vise à supprimer l’intervention publique bien souvent considérée comme du dumping. L’OMC ne demande pas la privatisation de certains services mais s’interroge sur leurs modes de fournitures. L’AGCS appliqué au secteur culturel provoquerait, en France, les conséquences suivantes : la disparition du système de financement du CNC (l’investissement audiovisuel ne devrait plus subir aucune discrimination), aucune entrave à la réception et diffusion de la radio/télé. Le plus choquant est sans nul doute, la possibilité de recruter des personnes travaillant dans des structures culturelles à l’étranger et les employer en France mais aux conditions de leur pays d’origine ! Les règles de protection sociale se verraient remises en causes !

Pour l’instant, ces modalités n’ont pas été discutées puisque les professionnels du secteur audiovisuel ont refusé toute négociation sur l’AGCS en 94. De ce blocage naquit une « exemption » de 10 ans, dont est issue la notion d’ « exception » culturelle. La fin de l’exemption est proche, et devront commencer de nouvelles négociations. Cependant, au niveau de l’Union européenne, toutes les questions relevant de l’exception culturelle sont soumises à la règle de l’unanimité. A priori, pas de dangers immédiats, mais « il faut rester vigilant » conclut Patrick Daniel ».

« La logique de l’OMC est d’arriver à homogénéiser les marchés et ses acteurs. En réaction s’élèvent des mouvements hétérogènes parfois très forts ». Les altermondialistes d’ATTAC, ont d’ores et déjà lancé un appel à la création de zone non AGCS dans les villes. Cette action n’a, certes, qu’une valeur symbolique, car si un accord est signé, il s’appliquera uniformément à tout le territoire.

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