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À voir

La tour de Bretagne, Jean Jullien et le volatile de Loire

Publié le 10 juillet 2012

FrancisCorabœuf

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La légitimité de la tour de Bretagne est un sujet qui divise encore. Le Voyage àNantes a permis la réalisation du Nid par Jean Jullien qui vient dépoussiérer notre gratte-ciel.

Une chose est sûre, elle est bel et bien là, incontournable dans notre horizon. On pourrait imaginer des business stories à l’abri de ses verrières teintées, dans un remake nantais de Côte Ouest ou de Dallas. Malheureusement pour nous, pas de Patrick Duffy au détour des couloirs, mais en revanche depuis la semaine dernière, on peut venir prendre un pot en altitude dans un bar aménagé par l’artiste Jean Jullien.

Le trente-deuxième étage de la tour a été pensé par le créateur londonien en un espace allongé dans lequel repose, les yeux clos, un énorme volatile blanc au bec orange. Tout autour de lui sont disposés fauteuils et tables afin d’accueillir les visiteurs assoiffés de ce nid perché. Jean Jullien est intervenu jusque sur les rembardes du passage qui chemine autour des verrières du bar : l’artiste guide le regard du visiteur de son écriture gauche et espiègle vers les lieux connus de la ville. De même, on peut voir sur les murs du bar une série d’affiches réalisées par l’artiste où il met en scène certains lieux de la ville qu’il affectionne particulièrement.

Avec une entrée gratuite et malgré la queue persistante au pied de la tour, un passage au Nid s’impose dans ce nouveau parcours mis en place par le Voyage à Nantes. Contrairement à ce que certains peuvent penser, le prix des consommations n’est pas du tout exagéré et une fois arrivé en haut, on peut profiter de la vue et du bar sans bousculade aucune.

Francis Corabœuf

PARCOURS CONTEMPORAIN

"Le champ des sirènes" àFontenay-le-Comte

Publié le 9 juillet 2012

Delphine Blanchard

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Un centre ville historique. Des vieilles pierres et des ruelles pavées. Au détour de l’une d’elles, une oeuvre d’art contemporain pointe son nez. Les parcours artistiques en ville sont légion depuis quelques années. Une volonté des municipalités afin d’attirer les touristes en période estivale et de dynamiser un centre parfois endormi.

C’est donc au tour de la ville vendéenne de Fontenay-le-Comte de succomber pour la 14e année aux sirènes de l’art contemporain. Le parcours, intitulé "Le champ des sirènes", invite deux plasticiens – François Méchain et Patricia Cartereau – à donner leur vision du monde "dans une société où l’homme est trop souvent abonné-prisonnier d’un monde virtuel, cible publicitaire passive, homo economicus interchangeable, assujetti à une bureaucratie, traité comme un objet"

De la Maison Chevolleau à la Chapelle des Filles Notre-Dame, du Musée à l’Orangerie, chacun peut cheminer dans la ville, à la découverte des œuvres picturales et graphiques de Patricia Cartereau et sculpturales et photographiques de François Méchain. La nature, l’humain et l’animal cohabitent dans le travail de la première ; le second interroge les rapports au corps et à son identité.

Tout est à voir mais s’il ne fallait retenir qu’une œuvre, ne ratez pas "Les beaux jours" de François Méchain. Dans le jardin de la Maison Chevolleau, une drôle d’installation… Une “corde à linge”, ou plutôt un étendoir, fait de fils barbelés, sur lequel sont jetés des vêtements d’enfants usagés. Planté là, face à la ville et à la rivière Vendée. Chaque habit porte en lui sa propre histoire, celle des familles fontenaisiennes qui ont accepté de prêter des tenues ayant appartenu à leurs enfants. Au-delà de l’anecdote, c’est plus largement qu’il faut envisager cette œuvre. L’agressivité visuelle de ce fil remémore, en effet, l’activité répétitive et épuisante des femmes vendéennes jusqu’au début du XXe siècle. Ces dernières descendaient à la rivière par la ruelle, entre le jardin et le marché couvert actuel, pour y laver leur linge. Mais l’artiste fait aussi référence aux cruelles confrontations entre huguenots et catholiques ; ou durant les guerres de Vendée dont la région fut le théâtre. Enfin, ces barbelés, ce sont aussi les conflits mondiaux dans lesquels des milliers d’enfants sont quotidiennement impliqués. Entre passé et présent, une œuvre qui touche juste.

Delphine Blanchard

-  Manifestation gratuite. Visible du mardi au samedi de 14h30 à 18h.

Festival Les Orientales

Trio Joubran : Ouverture au son de l’oud

Publié le 29 juin 2012

FrancisCorabœuf

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Odeur d’encens dans les jardins de l’Abbatiale de Saint Florent le vieil, chapiteaux surplombants la Loire, l’ambiance ensoleillée du festival de musiques et de traditions d’Orient est de retour pour sa 14eme édition avec en ouverture un concert du Trio Joubran.

C’est devant un public assis dans la pénombre, sur des tapis ou aux tables décorées de faïences, que les frères du Trio Joubran se sont produits, accompagnés du percussionniste Youssef Hbeisch.

Hommage à Mahmoud Darwich

Le spectacle intitulé A l’ombre des mots est un hommage au poète palestinien exilé Mahmoud Darwich. Disparu en 2008, ses mots et sa voix continuent d’être sublimés par la musique du Trio Joubran, virtuoses de l’oud, instrument à cordes. Durant toute la soirée les musiciens auront emmené le public nombreux et fervent dans un voyage musical, tantôt calme et profonde, tantôt emportée par la scansion des vers de Darwich. Se complétant, se répondant et rivalisant parfois, les corps des frères Samir, Wissam et Adnan Joubran semblent vibrer et se fondre complètement dans leur musique, à la limite de la souffrance ou du ravissement.

Un public varié et fidélisé

Depuis quatorze ans, le public de la bourgade de Saint Florent a pu recevoir régulièrement des artistes venus de toute l’Asie, du Proche et Moyen Orient, mais aussi d’Afrique et d’Indonésie. Ce qui était auparavant le festival Asie-Occident initié par le maire de Saint Florent le Vieil, Hervé de Charrette, est devenu un rendez-vous régulier pour de très nombreuses personnes. Chaque année on retrouve sur les lieux du festival une foule animée de badauds, visiteurs, d’artistes en tenues traditionnelles et de techniciens du spectacle. Alain Weber, directeur artistique du festival, souligne « la fidélisation d’un public mélangé, composé d’habitants des Mauges mais aussi d’amateurs angevins, nantais ou parisiens ». Il ajoute « on ne peut pas investir un lieu sans les gens qui y vivent » craignant d’apparaître au départ « avec l’étiquette d’un parisien ». Le festival, en parallèle d’une sélection exigeante d’artistes internationaux, a su mettre en place des manifestations gratuites et tournées vers le grand public : Le marché oriental dans les jardins de l’Abbaye, les instants nomades sur le parvis de l’abbatiale ou la place de la mairie, exposition dans les caves de l’abbaye. Une foule impressionnante d’enfants venus des écoles environnantes était présente jeudi matin, venus écouter des musiciens égyptiens ou expérimentant des ateliers d’écoute et de découverte, témoigne de l’important programme qui a été mis en place pour le jeune public.

Les fleuves mis à l’honneur

Pour la quatorzième édition, la promesse d’un voyage initiative sur le fleuve a été faite. On retrouve les artistes musiciens du Nil, habitués du festival, mais aussi les bateliers du delta du Gange. Une édition riche en découvertes également avec la venue pour la première fois en France de la jeune chanteuse pakistanaise Sanam Marvi. Les Orientales sont un festival qu’on peut aussi fréquenter pour l’expérience de la promenade et de l’ambiance chaleureuse qui règne a cette occasion dans la ville haute de Saint Florent le vieil.


Pritam, Sanam Marvi - Coke Studio par Cokestudio

Fragil sera présent sur le festival et vous proposera un retour des grands moments du festival et quelques rencontres inattendues sur les bords de Loire.

Francis Coraboeuf

Madison et Tomboy

Tout sur ma mère

Publié le 27 juin 2012

Jérôme Romain

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Avant la déferlante de la rentrée littéraire, àl’heure où une tablette tactile peut prétendre se travestir en livre électronique, et alors qu’approchent vos prochaines vacances, Fragil vous livre un recueil de nouvelles qui vient de paraître et qui vous garantit de retrouver cette agréable sensation de feuilleter un polar pour frissonner de plaisir au soleil.

Auteure de déjà trois précédents recueils de nouvelles (Sextet, Changer et Textes), Giuglietta sort ces jours-ci Blacky’s Back. La très belle et accrocheuse couverture vous met sur la piste. La quatrième de couv’ vous livre quelques indices. Blacky’s Back est un livre comme on en trouve que trop rarement. Ce n’est pas un roman, mais un recueil de nouvelles. D’où ce sentiment de posséder l’album d’un artiste et de changer de piste après chacune d’elles. L’autre singularité c’est qu’il se classe dans la catégorie polar (façon « série noire »), un genre parfois trop injustement mésestimé et dévalué par opposition à la littérature dite blanche en référence à la collection « Blanche » de Gallimard.

Dix nouvelles noires

Blacky’s Back nous fait voyager au travers d’une dizaine de nouvelles noires, très noires, aux titres énigmatiques et séduisants tels que Une si longue nuit noire 3 ours, Ça va, Grand Mère ?, sans oublier Blacky’s Back, la terrifiante et surprenante nouvelle qui clos le recueil.

On y découvre aussi Tommy Boy, mais fort heureusement aucun lien avec le film éponyme de Peter Segal rebaptisé Le courage d’un con lors de sa sortie nationale en 1995... Pour tout dire, à la lecture de Tommy Boy nous vient plutôt en tête le visage du jeune Zoé Héran à l’affiche du très beau film (celui-là) Tomboy.

Sur la route de Madison

Autre surprise de taille à découvrir dans Blacky’s Back, c’est la nouvelle écrite en clin d’œil au film (encore un) de Clint Eastwood, Sur la route de Madison. Giuglietta a imaginé une suite intitulée Retour à Madison où les échanges entre les deux enfants revenus cette fois ci enterrer leur père révèlent une tout autre suite du film, mais prenant soin de garder l’émotion intacte.

Bretonne à l’accent du sud

Giuglietta, ex-manageuse de groupes de rock. ex-animatrice radio, ex-bourlingueuse, se consacre désormais à l’écriture. Blacky’s Back est son quatrième recueil de nouvelles avant la publication de son premier roman actuellement en préparation. Bretonne à l’accent du sud, cette féministe humaniste engagée (elle milite pour la cause palestinienne) en fait une personnalité rayonnante et touchante au caractère bien trempé. Ses recueils de nouvelles sont disponibles uniquement par correspondance auprès de son éditeur associatif (commandes par mail à l’adresse headliners@free.fr). Blacky’s Back est actuellement en vente au prix unique de 6,00 euros. Autres ouvrages également disponibles.

Jérôme Romain

Tristesse contemporaine

Publié le 14 juin 2012

Julie Landais

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Avant le son, un nom qu’on aime bien : Tristesse contemporaine. Un brin poétique et fataliste, c’est celui choisi par un trio d’ apatrides installés àParis, reprenant le titre d’un obscur essai sur les grands courants moraux et sociétaux du XIXème siècle d’un certain Hippolyte Fierens...

...un ouvrage déniché dans une bouquinerie par l’un des membres du groupe qui confesse d’ailleurs ne jamais avoir pu en venir à bout. Derrière ce nom se cache la japonaise Narumi Omori au clavier, le suédois Léo Hellden à la basse et, aussi bien au sens propre qu’au sens figuré pour ce dernier, l’ancien rappeur d’Earthling, Maik de Bristol dont le visage est à demi mangé par un masque d’âne. Empruntant au son cold-wave des années 80 et se revendiquant d’ influences de groupes comme Talking Heads, Young Marble Giants ou The Cure, ces trois là ont travaillé plus de deux ans à l’élaboration de leur premier album éponyme.

Touche Arty

Sur scène, et avec comme arrière-plan une ancienne série télé japonaise de samouraï pour la touche arty, l’électro-rock du groupe se déploie autour de nappes synthétiques et de boîtes à rythme tandis que les accents hip-hop du chanteur se font presque plus présents que sur l’album. Un scandé qui nous fait penser à du Massive Attack tandis que des morceaux comme Empty Hearts et sa ligne de basse lorgnent du côté de Joy Division.

L’énergie est peut être encore un peu timide mais la prestation efficace pour un son finalement assez mélancolique qui ne se prête pas à de grandes envolées scéniques. On regrettera un set un peu court- 45 minutes-comme souvent le cas pour les jeunes groupes à la discographie réduite, compensé par 4 morceaux inédits en guise de rappel qui laissent entrevoir un second opus d’une teinte plus techno.

Julie Landais

Crédits photos : myspace de Tristesse Contemporaine

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