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Jeunes coqs deviendront grands

Publié le 21 avril 2005

Charlotte Houang


Bloc Party vs Kasabian. La bataille des jeunes coqs sans crête version 2005 s’annonce âpre. Qui succédera àla coqueluche Franz Ferdinand ?

Toute la basse-cour brittonne retient son souffle. Premiers à monter sur les planches de mercredi, les quatre larrons de Kasabian ont contaminé le palais d’Auron de leur souffle sentant la bière, le foot, la défonce et la morosité de leur midland de Leicester. Pour leur quatrième concert en France, pas question de passer inaperçus : gros son groove, lights impressionnants. Kasabian joue la carte du show pompier, tente l’hypnose à peine dissimulée, traîne son image de groupe de branleurs géniaux mais inaccessible, comme l’a fait Oasis au début des années 90. Le chanteur Tom Meighan se déhanche, s’émascule, donne l’image du gars content d’être là, à la merci de cette musique qui le happe pour l’entraîner dans ses délires cocaïnés. « Club Foot », « L.S.F. » ou « Test Transmission » sont tous des tubes en puissance, que le blondinet cerné a sans doute composés avec pour but secret de faire chavirer les stades anglais remplis de hooligans. Seulement, le palais d’Auron ne contenait aucun crâne rasé abreuvé de houblon. Point de hordes de junkies tout droit sortis de Transpotting dans la salle, mais seulement une armée de têtes dreadées attendant de pied un autre peuple, celui de l’herbe. Peu importe. Kasabian aime toujours la France, car, de toute façon, « les filles y sont jolies et faciles ». Tout jeune coq est en droit de batifoler librement, non ?

Mario Raulin

Concerts : la hausse des prix pose question

Publié le 21 avril 2005

Charlotte Houang


C’est un fait, au Printemps de Bourges comme ailleurs, le prix des places de concerts est en hausse. Grâce aux subventions et aux partenariats, les tarifs des entrées restent bien inférieurs au coà»t réel.

Le Printemps de Bourges n’échappe pas à la hausse générale du prix des places de concerts. L’organisation du festival affirme se situer « dans ce qui se pratique ». Elle indique que l’augmentation du prix des prestations est à l’origine de l’augmentation. Directeur artistique, Christophe Davy rappelle l’importance du coût des structures d’accueil du public. A titre d’exemple, le chapiteau du Phénix, revient à 150 000 € au festival pour la semaine. Et même si le spectateur doit débourser une trentaine d’euros pour assister au concert de Gérald de Palmas, il ne paie en réalité que le tiers du prix de revient d’une place. La part restante provient des partenariats divers et des subventions. Daniel Colling, le directeur du festival, rappelle que ces subventions représentent 40 % du budget global du Printemps. Il ne souhaite pas que cette part augmente et surtout pas qu’elle atteigne la barre des 50 %. « Cela ferait de nous un festival service public. Ce n’est pas ce que nous voulons. » Aux yeux de Marc Slyper, cégétiste et tête de fil du mouvement de protestation des intermittents du spectacle, le plus important est de « réduire la précarité » de ses pairs. « C’est un coût incompressible. » Lors de la conférence de presse des organisateurs, mardi midi, il n’a quasiment été question que d’argent. Le partenariat avec Canal +, le choix des têtes d’affiches, la condition des intermittents... Tout cela a été abordé sous l’angle économique. Un peu dommage que ce soit la seule chose qui ait intéressé les journalistes présents.

Damien Cerqueus

Bourges : la fièvre The Bellrays embrase le 22

Publié le 20 avril 2005

Charlotte Houang


« On peut se fier aux disques pour fixer une programmation. Il est rare qu’un groupe soit bon sur disque et mauvais sur scène  ».

« On peut se fier aux disques pour fixer une programmation. Il est rare qu’un groupe soit bon sur disque et mauvais sur scène ». La phrase est signée Christophe Davy, l’un des programmateurs du Printemps. Nul doute que celui qu’on surnomme ici Doudou n’aura pas dérogé à sa règle au moment de faire venir les Bellrays. Il est vrai que les derniers disques des Américains sont de ceux qui rassurent, à commencer par l’excellent Meet. Mais l’essence même du groupe, c’est la scène. Le set fourni hier soir au 22 en est une nouvelle preuve éclatante.

Le show débute devant un public clairsemé. L’assistance est timide et ne répond d’abord que par intermittence aux coups de buttoirs assénés par le quatuor. C’est la cohésion basse-batterie qui frappe d’entrée. Un batteur qui mord dans ses fûts, un bassiste intenable et d’une affolante précision, les vibrations jubilatoires d’une Gibson SG déchaînée : l’assise rythmique de la formation est telle qu’elle permet à son égérie, Lisa Kekaula, de laisser libre cours à ses inspirations soul. Insuffisant encore pour défouler les spectateurs du 22, encore engourdis. Qu’à cela ne tienne, Lisa descend de scène et vient se confondre avec son public. C’est le début de l’embrasement. La salle devient fiévreuse.

La prestation des Bellrays atteint des sommets et conjugue puissance et sensualité. Nous voila plongés dans les plus belles heures du rock’n roll garage, la patte magique de Lisa Kekaula en plus. Même deux membres de Nashville Pussy, restés massés sur le côté de la scène juste après leur set, en oublieront de descendre leurs bières tenues dans la main. Ils iront jusqu’à partager le micro avec leurs potes, le temps d’un rappel incroyable : « Highway to Hell » de AC/DC. Cette fois, le public est convaincu. Mieux, il est comblé. Et le pogo tant attendu par les Bellrays arrive. Tout simplement énorme.

Ronan Le Borgne

A Bourges, un orchestre non-fumiste

Publié le 20 avril 2005

Charlotte Houang


Un juge violoniste, un chanteur bedonnant velu et exhibitionniste, un cinéaste guitariste ... Le No Smoking Orchestra, accompagné d’Emir Kusturica, a dépoussiéré les planches du Palais d’Auron avec un show truculent, joyeusement foutraque, orchestré par des performances délirantes.

Tours de magie, hommages au pape, battle violon/guitare sur archet géant, prise d’otages : ce joyeux bordel pourrait rappeler une fête foraine ou certains mariages arrosés... Les sautillantes sonorités aux accents slaves donnent même envie de « s’en jeter un ».

Le No Smoking Orchestra se forme au début des années 80 à Sarajevo. Acclamée puis censurée, la troupe n’a jamais laissé indifférente. Leurs virulentes critiques contre le gouvernement, ajoutées aux déclarations ironiques sur la mort de Tito leur valent un boycott national. Représentant du « New Primitivism », mouvement d’opposition né après la chute du régime dictatorial, le groupe monte en parallèle l’équivalent d’un « Groland » yougoslave : le « Top liste des surréalistes », un journal télévisé satirique.

Huit albums plus tard, ils sont là, fringuants, pour présenter la bande originale du dernier long-métrage de leur guitariste-cinéaste, Emir Kusturica, intitulé « La vie est un miracle ».

Le réalisateur a pris le train en route en 1986. Il décide alors de jongler entre pellicules et cordes à gratter. L’empreinte Kusturica se nourrit de rock tzigane traditionnel, de marches turques, de rythmes country et de trompettes gitanes qui dressent le décor de ses films. C’est seulement en 1998 que l’orchestre non fumeur décide de composer la bande originale de « Chat Noir Chat Blanc ». Depuis, l’onde de folie des Balkans s’est propagée bien au-delà de Sarajevo, du Printemps de Bourges jusqu’au Festival de Cannes, dont la cinquante-huitième édition sera présidée par Emir Kusturica.

Charlotte Houang et Julie Le Drian

Festival HipOpsession | Question de valeurs...

Publié le 20 avril 2005

Manon Hericher


Parce qu’une paire de Nike ne suffit pas àfaire de toi un « hip-hopper  »...

Si “Joe De La Star” a pu un jour “niquer sa mère”, cela ne signifie pas que l’inceste fait partie d’un des préceptes de base de la culture Hip Hop, mais simplement qu’une certaine frange du rap s’éloigne des valeurs fédératrices du mouvement hip hop en crachant sur tout ce qui bouge, mais sans jamais rien proposer... « Y’a une frange du rap qui est hip hop : celle qui revendique, qui critique des choses, mais qui propose des solutions alternatives en retour ; et puis il y en a une autre qui ne fait que critiquer et qui s’invente une vie... j’entends par là que quand on va voir des groupes et qu’on a l’impression qu’ils vivent dans le Bronx, je pense que là, il y a un réel dérapage », confirme Nicolas Reverdito, organisateur du Festival HipOpsession.

Loin de cet idéal, le mouvement Hip Hop est né en plein cœur du Bronx au milieu des années 70. Il était un moyen de canaliser la violence engendrée par les gangs de New York pour la transformer en une énergie positive et constructive. Passée de la rue, là où elle est née, aux grandes scènes nationales et aux festivals qui lui sont aujourd’hui consacrés, cette forme d’expression artistique en constante évolution, veut se nourrir d’un optimisme positiviste pour toujours rester fidèle à son idée de départ : Hip : être à la cool, Hop : danser avec l’idée de compétition.

Aujourd’hui, bien plus qu’une musique ou qu’une danse, le hip hop est devenu un état d’esprit, une manière d’être et de vivre : « C’est une culture, une façon de penser, d’envisager la société ». « La difficulté à ce jour c’est qu’on n’arrive plus trop à distinguer ce qui est hip hop de ce qui ne l’est pas. C’est difficile de faire le tri. Aujourd’hui on est en train de se structurer pour dépasser les problèmes d’ego et les problèmes individuels et faire en sorte que le hip hop soit vraiment reconnu et qu’il puisse avoir la même résonance et des soutiens équivalents à ceux d’autres pratiques artistiques ».

Pour faire un état des lieux, haut en couleurs, du hip hop à l’heure actuelle, le festival HipOpsession se déroule jusqu’au dimanche 24 avril sur Nantes et Angers. « Quand je suis arrivé à Nantes, après avoir organisé plusieurs festivals hip hop dans d’autres villes de France, j’avais envie de m’investir dans ce mouvement et tout se qui gravite autour. L’an dernier le festival « Break Up » a fait ressortir l’émergence d’un besoin, d’une envie des acteurs et des artistes de voir se développer le hip hop, donc c’est comme ça qu’est venue l’idée du festival HipOpsession », explique Nicolas. « Aujourd’hui, y’a une envie importante de reconnaissance. Les “hip-hoppers” en ont marre d’être dans l’underground. Même si ça fait partie de l’esprit hip hop, quand on y est depuis 10 ou 15 ans, y’a forcément une envie de changer, de s’organiser, de s’éduquer : de comprendre les institutionnels... Mais le grand débat et la grande complexité c’est de trouver comment le faire sans trahir l’esprit originel du mouvement... », conclue-t-il.

Mix, concerts, battle de danse, expositions... avec des têtes d’affiche à vous couper le souffle et des nouveaux talents prometteurs à découvrir sans tarder...

Manon HERICHER.

Pour plus d’infos : http://www.pickup-prod.com ou contacter le 02.40.35.28.44.

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