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Le rêve ou la vie de Ridan

Publié le 24 juillet 2005

Sabrina Rousseau


Aucun doute, on est bien aux Vieilles Charrues ! Malgré la pluie et la gadoue, les festivaliers sont là,souriants et toujours motivés pour découvrir de nouveaux artistes... Notamment Ridan,qui aime les mots, les gens et ignore le mauvais temps...

Ni rap, ni hardcore, Ridan est un nouvel artiste de la scène française. Issu de la banlieue, il a choisi la chanson française pour exprimer ses sentiments. Encore un autre, me direz-vous ! Mais cet artiste fait parti des "prises de risques"(bien qu’il ait été élu Révélation de l’année aux Victires de la musique !!) du festival.

"Soleil ou pluie, on s’en foue !"

Après l’avoir rencontré à Nantes,les programmateurs ont eu envie de faire connaître cet homme touchant, "encore plein de maladresses" comme il l’affirme, aux festivaliers. Inspiré par Brassens, il écrit dès l’âge de quinze ans des poêmes, des chansons, jamais aggressives et toujours pleine d’humanité.Car l’humain,c’est sa grande affaire "A travers la scène, on voit le coeur des gens ! Soleil ou pluie, on s’en foue !On a des êtres humains en face de nous et ça nous donne envie de faire les cons !Sur quarante mille personnes, quand je vois une tête qui m’inspire, ça me suffit car j’ai besoin de voir la tronche des gens !"

Un auteur plus qu’un chanteur

Modeste, il n’en revient toujours pas d’être ici et admire les bretons, "leur respect des traditions et valeurs identitaires. Dans ma ville, je dois sans arrêt justifier mes origines !" Aujourdh’hui, il se sent toujours plus auteur que chanteur et aime faire passer des messages (qui font toujours bon effet face à un public déchaîné !)"La société, tout le monde peut la changer mais ça passe aussi par des voix plus citoyennes et politiques. Comme dit mon père : occupe -toi de la politique car elle ne s’occupera pas de toi !" Mais des messages non-violents, comme ce morceau "L’agriculteur" qu’il a écrit en une journée "J’ai une chance de fainéant, j’ai ouvert ma fenêtre, j’ai vu l’horizon et j’ai voulu écrire une chanson qui commençait par "Et puis merde..." et voilà, c’était parti"

Des conditions difficiles

Malgré la pluie, l’absence de balance et le monde présent pour ce premier concert, Ridan a séduit un nouveau public aujourd’hui "Je sais pas si je rêve ma vie ou si je vis mon rêve, on verra sur le prochain album..." A la conférence de presse, tout le monde applaudit. Pein de sincérité,Ridan nous touche et on l’attend avec impatience ce prochain album...

Sabrina ROUSSEAU

Fragil au Festival Les Escales àSt Nazaire

Publié le 20 juillet 2005

Pascal Couffin


Sur le port de St Nazaire, lové entre la base sous marine et les bassins de carénage, le festival Les Escales nous invite au voyage le long du méridien de Greenwich àla découverte d’artistes des nombreux pays qu’il traverse, les 5 et 6 aoà»t 2005.

Deux jours et deux folles nuits chaudes où se mêleront des musiques traditionnelles, actuelles bien vivantes pour le plus grand enchantement des quelques 40000 festivaliers qui ont repéré depuis quelques années ce festival magique à la programmation toujours aussi léchée. Chaque soir, 25 concerts feront chavirés le public dans un décor toujours aussi insolite au fil des éditions.

L’originalité du festival est de proposer un focus sur une région du monde. Pour cette édition Patrice Bulting, programmateur et directeur du Festival, propose une prospection en Algérie et plus particulièrement autour de l’intrépide ville d’Oran. Ainsi sont conviés quelques 36 artistes du pays qui nous feront partager les richesses musicales d’une région influencée par les musiques du désert, les musiques bédouines ou citadines, du raï aux musiques soufies. On a hâte d’y être afin de brûler lors de ces deux folles nuits dans le rythme et l’ambiance d’Oran la tapageuse.

La programmation : Greenwich, allers-retours

-  Angleterre : Grand National, Toots and The Maytals, Bombay Baja.
-  France : Ridan, Overhead, Que de la Bouche, Kwal
-  Algérie : Cheb Mami, Rachid Taha, 36 artistes d’Oran
-  Mali : Mamani Keïta et Marc Minelli, Idrissa Soumaoro, Adama Yalomba
-  Burkina Fasso : Kady Diarra, Sofaa
-  Ghana : Rex Omar

+ d’infos sur le site du festival

Aux heures d’été àNantes

Publié le 15 juillet 2005

Pascal Couffin


Nantes s’endort doucement l’été et nombre de ses habitants quittent leur résidence pour quelques vacances bien méritées. Beaucoup restent cependant l’été àNantes et les touristes affluent. Pour eux, une nouvelle structure prend les rênes de l’animation estivale.

L’été, loin de toute agitation, est un temps de repos, où l’on prend le temps. La nouvelle association culturelle de l’été se doit de relever le défi de l’animation estivale à Nantes après quelques étés d’errance. On se souvient d’un temps pas si lointain du Festival de l’été et ses invites vers les terres étrangères dans les douves du château, puis de la difficile appropriation de l’Île de Nantes par Musiques sur l’Île.

Désormais après une recomposition des équipes en charge des festivités, la nouvelle structure propose « Aux Heures d’été », aux nantais, aux touristes au quatre coins de la ville de Nantes. Les festivités gratuites sont accessibles ainsi à tous. Si Paris à sa plage, Nantes n’en a cure, le bord de mer étant proche. La ville préfère nous faire découvrir de somptueux coucher de soleil au pied de la grue grise de l’Île de Nantes.

Des formations populaires et métissées

Quelques spectacles ont retenu notre attention. Jeudi 21 juillet à 20h, place de la Bourse, le duo Anda, formé de Anne Berry et Daniel Trutet, compose une musique métissée entre acoustique et électrification. A 21h30, le trio Joubran, trois interprètes de Oud originaires de Nazareth en Galilée, associeront thèmes traditionnels, compositions personnelles et improvisations.

En août, nous vous invitions à découvrir de la danse avec le Bal Plissé Dansé de la Compagnie Kossiwa : un grand bal public orchestrée par la chorégraphe Flora Théfaine, jeudi 4 août à 20h place de la Bourse. Populaire également, l’intervention de rue théâtrale et culinaire de la Compagnie angevine Jo Bithume : Alice Label et ses trois fils se lancent dans une entreprise de relance du goût de la soupe et décident de partager cette aventure avec le public jeudi 18 août à 20h.

Les festivités de célébration de Jules Verne se poursuivent et la Compagnie Non Nova propose de revisiter avec jonglages et acrobaties l’univers fantasmagoriques de Jules Verne. A découvrir du 20 au 25 août à la Salle Paul Fort. Pour clôturer la saison et annoncer la rentrée culturelle, les Rendez-vous de l’Erdre nous convient à des retrouvailles entre amis à la fin de l’été, les 26, 27 et 28 août, pour se dire : « et toi qu’as-tu fait cet été ? »

Pascal Couffin

+ d’infos sur les animations estivales

Billet d’humeur : un coup de colère

Publié le 15 juillet 2005

Isabelle Kersimon


Las ! Dans le milieu même de la culture, on caresse ce vocable venu du fond des joyeuses sixties. « Performance  », un substantif qui plaît autant aux chantres d’une culture ringardisante portée àl’Olympe de la modernité qu’aux patrons du Medef.

Ainsi va notre paysage culturel. Il suffit à chacun de se cramponner sur scène pendant trente ans, cahin-caha, pour devenir un artiste majeur. Hier sur TF1, Sylvie Vartan ou Sheila. Aujourd’hui, en Avignon, Marina Abramovic. Demain Loana ? Qu’on pardonne mon hérésie si le bûcher refroidit, des patates chaudes me brûlent les doigts.

C’est lors de la conférence de presse qu’elle a donnée dans la sublime cour du cloître Saint-Benoît que j’ai découvert celle que le monde entier connaît, sauf moi, journaliste de province sans doute en retard d’un train que je ne prendrai pas. Se qualifiant elle-même de « grand-mère de la performance » sous le regard jaloux de son metteur en scène Michael Laub pour qui elle est rien moins qu’une diva, l’accorte personne, qui porte, il est vrai, ses 60 ans flamboyants d’énergie de ravissante manière, a monopolisé le micro pendant une heure. Et pendant cette heure interminable, elle a savouré ses débordements auto-contemplatifs, salivant de jubilation, exprimant la quintessence profonde de son être vindicatif. La belle désireuse de soi au point de se cloner en les corps de ses étudiants désire par-dessus tout que lui soit accordée la grâce d’être filmée toujours. Sa vie serait un loft, et nous, d’insatiables voyeurs.

Mais tout a un coût. Marina Abramovic, qui se réclame de Bach comme moi de mes parents, mais beaucoup plus souvent, estime en effet qu’il serait nécessaire de lui verser des royalties chaque fois que l’on mate ses vidéos. « Les héritiers de Bach touchent bien des droits d’auteur quand il est joué », argumente-t-elle, logique. Ah, ces artistes ! Ce qui compte, ce n’est pourtant pas leur personnalité, n’est-ce pas, mais ce qu’ils produisent ? Décidée à élucider ce mystère qui me taraude, et d’autant plus que l’on m’en dit le plus grand bien, je décide d’aller voir. Expo en la chapelle Saint-Charles. Pardon, installations vidéo.

My life as a great loft

Je n’aime pas la télévision, mais qu’on ne s’imagine pas non plus que je déteste la vidéo. J’ai des yeux, je regarde. J’ai des oreilles, j’écoute. J’ai une bouche... Bouche. Un sujet fort, lien sémantique puissant entre ces quatorze films réalisés de 1974 à 1998. Marina dont la bouche se tord de douleur quand elle se peigne trop fort, s’arrachant les cheveux ; Marina dévorant un oignon géant pour mieux le recracher ; Marina tâchant de respirer étouffée sous des cristaux de verre ; Marina retenant son souffle pour ne pas être mordue par les serpents sifflant sur sa tête ; Marina déployant l’art des Vanités en brossant de ses doigts la dentition d’un crâne. Shakespearien, s’pa ?

Je lis la presse. On me parle ici (Le Monde, supplément du 5 juillet) d’une « présence insoutenable » pour « l’implication physique de l’artiste » et là (Libération du 13 juillet) d’un « matériau autobiographique qu’elle brasse avec ampleur et ambition ». On me parle de sa démarche d’artiste, et de ce spectacle programmé, bien sûr, dans le In et intitulé - comme c’est surprenant - Biography Remix. En anglo-saxon, ça sonne. Ça fait tout de suite avant-gardiste. Mais pour le voir, bernique. Pas une place libre. Fallait y être, c’est tout. Faut dire que ce remix de la biographie unique et véridique, comme on le comprendra bientôt, de Marina, reprend les vidéos de l’exposition, mais pas pareil, avec la phrase définitive : "Avignon, tel jour de juillet 2005", je ne sais plus. Expérience ultime du dépouillement identitaire. Non-commentaire absolu. Un tour de force.

Antoine De Baecque, donc, envoyé spécial en Avignon pour Libé, de s’extasier devant ce « pacte biographique où tout est vrai ». Les biographies où tout n’est pas vrai, c’est autre chose. Ici donc, il s’agit de l’’essence même du théâtre, où tout est vrai, comme chacun sait. Ah non, pardon. Le théâtre est mort, vive le théâtre. Ah non, suis-je bête, c’est de la performance. De la pression, de l’oppression du corps-soi de l’artiste en fusion-distanciation avec le monde dont il explore au prix de ses paris fous l’absurde et éternelle folie. Et qu’il livre tel un martyre de la post-modernité à ce public que nous sommes et qui réclame sa mise à mort réitérée pour expier en une cathartique agonie, en une ultime apnée, son rapport misérable à l’existence. Déchire-toi, artiste catalyseur de nos névrotiques existences ! Offre ton corps-soi comme le Christ répandit son sang pour qu’il coule en nos gorges cruelles et insatiables ! Affronte avec vaillance ce miroir de nos regards vers toi tendus, vers toi qui tout de toi donnes, à oilpé total wizz.

Emotion, quand tu nous tiens

Et de verser la larme (un exercice en vogue cette année) sur ce « spectacle totalement abouti... émouvant et passionnant... magnifique... sublime... inégalable... ». Sais pas, moi. J’allume la télé, c’est pareil. J’en vois qui vont se faire mal sur l’île des tentations ; j’en vois qu’on fait pleurer dans un château des stars. J’en vois fous d’eux-mêmes sur le Net, incisant leur intimité dans un cri de désespoir identique : "Voyez, je vis". Ça performe, en cadence. « Performez-vous, r’performez-vous ! », qu’ils disent aux ministères. Sais pas, moi. Juste, j’ai mal. Ce n’est pas Marina qui me blesse. J’avoue être sensible à sa certaine beauté, hiératique, hystéro-narcissique. J’avoue pouvoir, en un instant béni d’empathie absolue, être touchée par ce visage parmi les visages, par cet être parmi les êtres, et sa drôlatique présomption à passionner les foules, ou les amateurs avertis, à tout le moins.

Ce qui m’embête, c’est de savoir tout ça. Tous ces artistes qui rament dans le festival off. Qui connaîtront peut-être un jour la gloire warholienne d’être écoutés d’une oreille distraite pendant un quart d’heure en conférence de presse. J’ai envie de leur prodiguer l’encouragement positif qui manque à cet article proprement négatif, pas bo, bo : « Performants, faites-vous mal pendant trente ans et fermez-la. Ça finira forcément par payer un jour. »

Victoire Delisle

Les Compagnies au Festival "Off"

Publié le 14 juillet 2005

Pascal Couffin


Avignon ouvre le bal des festivals de l’été. Avec une offre de spectacles toujours aussi pléthorique, le festivalier a un peu de mal às’y retrouver. Parmi les 660 spectacles proposés au festival « Off  », 25 Compagnies de la région des Pays de la Loire, programmées au Grenier àSel dans le cadre du "Off", présentent leurs dernières créations.

Dès l’arrivée dans la Cité des Papes, de nombreux groupes de théâtre, compagnies, assaillent le chaland de prospectus plus ou moins aguicheurs. Les rues charrient par paquets les badauds et le mobilier urbain se retrouve placardé d’affiches en tout genre pour annoncer les spectacles proposés lors de trois folles semaines. Pour le pire comme pour le meilleur.

Les Compagnies au Grenier à Sel

Jouxtant les remparts de la cité, un peu à l’écart de toute agitation, le Grenier à Sel, petite salle majestueuse, abrite les compagnies résidentes en Pays de la Loire invitées par le Conseil Régional à présenter leurs récentes créations au public mais également aux nombreux programmateurs de scènes de théâtre venus y faire leur marché.

Cette année, la jeune chorégraphe Esther Aumatell et sa compagnie ont fait le déplacement pour présenter "Flowers of romance", une création que l’on a pu voir au printemps dernier à Onyx. Egalement du voyage la compagnie de Nathalie Béasse propose "Landscape", une superbe réalisation et de belles images autour des rapports de couples avec une bande-son jouée live avec quelques accords de guitare électrique à couper le souffle. Avec le centre chorégraphique national de Nantes "Brumachon Lamarche", on note la venue de trois compagnies de danse contemporaine des Pays de la Loire au festival "Off". Un fait à part lorsque l’on sait qu’il n’y en que cinq sélectionnées par les organisateurs du festival "Off".

Le Théâtre est bien présent et montre qu’il se porte comme un charme en région Pays de la Loire, chiffres de fréquentation des salles à l’appui. Au Grenier à Sel, est joué le dernier spectacle du Théâtre Icare, "Un drôle de silence". Un récit poignant écrit et joué par Julien Simon et mis en scène par Christophe Rouxel. Autour du travail de mémoire, Julien Simon transpose le récit des appelés de la guerre d’Algérie. A la manière d’un témoin, il livre la brutalité des faits et libère les paroles trop longtemps retenues et refoulées. Une démarche salutaire au moment où ressurgissent des pensées sur les bienfaits du colonialisme sur le développement de l’Afrique de l’Ouest avec notamment un récent décret approuvé par le parlement français.

Nouveau Cirque

Hors les murs d’Avignon, prêt d’une bretelle d’autoroute, le chapiteau des « Maboul distorsion » s’est installé sur le terrain vague d’un ancien camping. Spectacle de nouveau cirque, « les MêM », personnages hilarants et grotesque utilisent la farce pour questionner l’uniformité sécurisante de la pensée, des comportements. Ca cabotine parfois, mais le rire est tellement bon.

Nous ne continuerons pas ici l’inventaire à la Prévert, préférant vous laisser, si l’occasion se présente, de voir les représentations tout au long du mois de juillet au Grenier à Sel. Pour les autres, guettez les tournées prévues en région ligérienne.

Pascal Couffin

-  Festival d’Avignon, jusqu’au 27 juillet 2005 | + d’infos : festival-avignon.com

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