... | 85 | 86 | 87 | 88 | 89 | 90 | 91 | 92 | 93 | 94

Le théâtre itinérant proche du public

Le Théâtre des Sept Lieues on the road

Publié le 23 février 2004

Marion Mélaye


Amener le théâtre au public. Voilàl’objectif de ce théâtre itinérant, composé d’une petite dizaine de passionnés, qui sillonne la France de village en village. La troupe originaire de Nantes s’apprête àune nouvelle création pour le TNT (Terrain Neutre Théâtre).

Samuel Danilo possède une formation d’architecte, Florence Labérenne est comédienne et cavalière. En 1996, ils créent tous deux le Théâtre des Sept Lieues appelé aussi t7l. La mission première du Théâtre des Sept Lieues est d’aller là où le théâtre plus traditionnel ne va pas.

En travaillant pour des communautés de communes ou de pays qui ont de rares compétences culturelles, les diverses propositions culturelles amènent ce drôle de théâtre sur les places des villages, dans des salles de spectacles, dans les écoles voire chez l’habitant. Ainsi il s’affiche comme un véritable développeur culturel.

Les tournées d’une semaine, ou quinze jours se font en roulotte et accompagnées d’une jument percheronne ainsi que d’un poney Chetland. La "Roulotte Scène" est une structure originale : démontable, elle fait office de scène. Le "Palc" qui s’inspire des yourtes mongoles est une "tente à ciel ouvert" qui permet d’unifier 250 personnes dans la convivialité.

Une journée type débute à 10h avec le montage de la structure et la parade dans les rues puisqu’il faut : "aller chercher le spectateur plutôt que de l’attendre". La représentation s’effectue, en général, en soirée.

Les représentations :

-  Molière par elle-même ou la vie et l’oeuvre de Molière jouées par le biais d’une conférence très atypique.
-  L’Odysée du Garage Pégaze est à ce jour le dernier spectacle de la troupe. Il reprend le même thème, mais d’un oeil différent, des : Contes de la Jument Bleue. Cette création-ci s’adresse en particulier au jeune public ; où prennent place Tyrolienne et Arcas : une jument et un poney bleus ailés entourés d’extra-terrestres...
-  L’Illustre Voyage revisite Don Quichotte et Sancho Panza son cavalier, et c’est lors de cette représentation que l’on ouvre la "Roulotte Scène".
-  Mais la dernière création : Le grand "palc" de la famille Septi met elle aussi en scène de farfelus personnages, tels que : "Azra Septi, l’aînée vieille peau", "Max Rutile, bonimenteur flagorneur" ou "Béatrix de Cantine, Septi rapportée, arisocrate boulimique"... où chacun fait commerce de ses pires défauts.

-  Une nouvelle création verra le jour en juin 2004, et sera par la suite jouée au TNT à la Toussaint.

L’origine :

Créé par Molière, le théâtre à domicile inspire le Théâtre des Sept Lieues. Ce dernier puise également ses sources dans le théâtre du XIXème siècle : itinérant et très populaire, ainsi que dans le cirque populaire.

Les souhaits :

Depuis 1999, la troupe fait partie du CITI : Centre International pour le Théâtre Itinérant, regroupant théâtres itinérants, mobiles, ambilants, forains, voyageurs, démontables...

"Porter le théâtre à la rencontre des publics en multipliant les espaces de représentation" demeure l’objectif de cette association. Dans la lignée, le t7l souhaite s’investir davantage au niveau de la médiation culturelle dans les quartiers difficiles, et ce avec tout l’entousiasme que la troupe génère.

-  Prochaine représentation en Loire Atlantique des "Contes de la jument bleue", dans le "PALC" : mercredi 12 mai 2004 à 16h à La Chevrolière.

-  Théâtre des sept lieues
-  Contacter le t7l

Sexe et amour ou l’impératif pornographique en question

Sexe, amour et philosophie

Publié le 22 février 2004

Marion Mélaye


Qu’est-ce que la pornographie ? Y a-t-il une différence entre pornographie et érotisme ? Qu’est-ce qu’un impératif pornographique ? Quelle est la place, dans ce cadre, de l’amour, du désir et de la subjectivité ? Lors d’une conférence, le 2 février, dans le cadre des "Escales Philosophiques" au Piano’cktail, Michela Marzano, chercheur au CNRS, essaye d’aborder ces questions d’un point de vue philosophique.

La pornographie comme symptôme

L’analyse d’un symptôme : celui de la banalisation de la sexualité, de l’instrumentalisation du corps, et de l’effacement de la subjectivité a été soulevée d’un point de vue éthique et non moraliste. La problématique des normes : aux "normes" de la pornographie (et ses images qui essayent de formater le sexe) s’oppose les normes des censeurs.

Le contexte contemporain : le sexe est partout

Que ce soit à la télévision, sur Internet, au cinéma, ou dans les magazines : on dit et montre tout. Où des normes sont instaurées et où l’on sépare la sexualité du désir. S’appuyant sur : La vie sexuelle de Catherine M. de Catherine Millet (Éd. Millet, 2000), Michela Marzano explique le dualisme entre l’esprit et le corps qui permet de ressentir sa sexualité.

Pornographie

D’un point de vue juridique, la loi de 1975 (qui instituait un classement X pour les films à caractère pornographique) ne donnait aucune définition de la pornographie et renvoyait en revanche à un décret (jamais rédigé) pour la préciser. En 1981, la Commission du gouvernement instaure l’appelation érotique : lorsque les gestes amoureux sont glorifiés tout en les décrivant complaisamment. A l’opposé, la pornographie priverait les rites de l’amour.

En effet à l’érotisme (subtil et noble), la pornographie demeure explicite, grossière, et ignoble. Le problème n’est pas dans la quantité de chair montrée, ni, non plus dans la précision « chirurgicale » avec laquelle certaines scènes sont représentées. Le problème est plutôt la représentation que la pornographie nous donne de l’individu : il existe une frontière qualitative. C’est l’image de l’individu lui-même qui change.

Pornographie « classique »

A partir des années ’70s : on assite à la construction rigoureuse des images, à un hyperréalisme (accumulation de signes). La sexualité est affichée comme rituel. Les acteurs et actrices sont des modèles où le primat est à la performance.

Contraintes et normativité

La pornographie ne nous raconte pas comment les choses vont dans le monde, mais comment elles doivent aller, comment une femme doit être et doit réagir afin d’être une femme. Elle nous dit comment un homme doit se porter afin d’être un vrai homme, quelles sont les règles du jeu et ce qu’il faut faire. La pudeur, le dégoût et la compassion sont trois digues abattues.

Définition de Lawrence (acteur) : « En art, ce ne sont ni la charge ni la stimulation sexuelle. Ce n’est même pas l’intention délibérée de l’artiste de réveiller ou d’exciter le désir sexuel. Il n’y a rien à redire au désir sexuel lui-même, du moment qu’il se manifeste sans détour. La stimulation sexuelle est normale. »

La sexualité

La sexualité humaine a la particularité d’être ce par quoi l’homme et la femme se remettent en cause profondément, en dépassant leur solitude et en s’abandonnant l’un à l’autre. D’autre part, la sexualité est le lieu même de la compromission, de l’abandon : c’est dans et par l’acte sexuel que le sujet s’ouvre au mystère du manque, qu’il découvre la jouissance dans ce qu’elle a de plus intime et de plus étranger, qu’il touche sa faille structurelle, la faille d’où procède le désir.

Ce qui est en jeu dans la sexualité, c’est un subtil équilibre entre la dépossession de soi et la possession de l’autre.Dans la sexualité, l’homme est confronté au renoncement : le désir peut s’exprimer et émerger dans la mesure où autrui fait « barrière » à notre envie de le « consommer ».

Dans la sexualité, autrui est une « présence » qui confirme notre présence et qui nous permet d’exprimer notre subjectivité.

Selon J. Paulhan : « L’amour, c’est quand on dépend -je ne dis pas sexuellement dans son plaisir, […] enfin de tout corps étranger avec l’esprit ou l’âme qu’il porte, d’un corps qui peut à chaque instant devenir plus éblouissant que le soleil, plus glaçant qu’une plaine de neige ».

Cette conférence qui a rempli le Piano’cktail a plusieurs fois choqué l’assemblée de tous âges. Nombreux sont ceux qui sont sortis avant la fin de la conférence. La tension réside dans le sujet qui demeure un sujet sensible. Elle s’exprime également en bioéthique, car la pornographie est très souvent une conduite grave envers les femmes et les enfants. La dérive avec les snuf movies (meurtres filmés) en est sa radicalisation.

Son discours a enfin relevé que l’on voulait tout voir dans la pornographie comme dans les Real-TV. Ajoutons que ce n’est plus la sexualité qui inspire la pornographie, mais très souvent la pornographie qui inspire la sexualité. Durant une heure l’assemblée a mené le débat avec le chercheur du CNRS qui a souvent esquivé des opinions claires et précises. A Paris, lors d’une conférence : la polémique de son discours avait auparavant choqué, ce qui a été porté au tribunal.

-  Penser le corps de Michela Marzano (PUF, 2002).

Un collectif de jeunes artistes aux multiples univers

Regards sur le label Effervescence

Publié le 16 février 2004

Pascal Couffin


Le label Effervescence multiplie les soirées àNantes et ailleurs afin de montrer au plus grand nombre la pléiade d’artistes présents sur son catalogue. Pour les découvrir, une compilation « V/A Effervescence Manifeste  » est sortie àl’automne dernier.

Le label Effervescence a commencé ses expériences sonores avec les sorties de CD-R. Désormais ce mode de diffusion sert pour des projets annexes et c’est avec des CDs pressés qu’Effervescence sort ces nouvelles productions avec des pochettes de disques au design irréprochable, signé Damien Poulain. Grâce au distributeur « La Baleine », les disques d’Effervescence sont présents en France, au Bénélux, au Canada mais aussi au Japon, « un pays où l’on aime beaucoup les petits labels français » selon Julien Courquin, responsable d’Effervescence.

Après la sortie des albums de Stuntman 5 et Room 204 (voir notre dossier en archives), la compilation Effervescence Manifeste offre un vaste panorama sur un éclectisme musical revendiqué. 20 titres pour 20 artistes, destinés à un auditeur curieux, qui mêlent bien souvent les genres : du rock, post-rock (Room 204, Ollissipona), en passant par la pop/folk (Mansfield. TYA, Modul, Belone) vers l’électronica (Motenaï, Stuntman 5, Domotic…). Certains comme Audiopixel et OK Suitcase n’hésitent pas à se lancer vers des contrées plus expérimentales.

Le jeune label nantais, présente « Après Toi » à la Barakason le 20 octobre, un concept de soirée où 6 groupes et 11 musiciens présenteront leurs dernières œuvres sur un plateau continu. Une occasion de pénétrer dans un univers parfois intimiste, toujours attachant.

Voir le site du label Effervescence.

La lutte des intermittents reprend avec cette initiative

Femmes et mamans en colère

Publié le 12 février 2004

Pascal Couffin


Jeunes femmes et mamans intermittentes du spectacle se sont réunies mercredi 11 février devant l’Assemblée pour rencontrer le Président de l’Assemblée, Jean Louis Debré, et lui remettre plus de 6000 signatures de la pétition qui a été lancée après constatation d’une réévaluation défavorable aux droits au congé maladie et au congé maternité.

Les intermittents, compte tenu de la précarité de leurs emplois et de la pénibilité de certains métiers, bénéficiaient de conditions aménagées. L’application du nouveau protocole du régime des Intermittents au 1er janvier revient sur l’ouverture de droits au congé maladie et congé maternité. La loi s’applique rétroactivement. Aussi des dizaines de mamans ou malades, se sont offusqués de voir subitement leurs droits disparaître par le fait que ces congés ne sont plus comptabilisés dans les mêmes conditions.

Des dizaines de femmes enceintes et de jeunes mères en détresse ont réagi suite à l’appel à l’aide de Delphine, cameraman et intermittente, adressé aux députés, syndicats et associations. Un collectif « Femmes et mamans en colère » s’est créée et une pétition a été soutenue par la Société des réalisateurs de films. Jean-Jacques Aillagon, ministre de la Culture, a été sensible à ce cri de détresse et a réclamé au Président de l’Unedic de remédier à ce problème en revenant à la situation antérieure.

Elles n’ont pas été reçues par le Jean-Louis Debré, mais par un de ses proches collaborateurs, qui a été attentif à leur situation. Comme toujours ! Mais ce nouvel écart souligne une fois encore l’ingratitude dans laquelle a été signée la réforme du protocole des intermittents. Parce que la question des intermittents n’a pas trouvé de réponse socialement viable, la lutte continue et reprend, avec cette initiative, un nouveau souffle.

Soutenue par la SRF, Société des réalisateurs de films, les intermittents envisagent de demander aux réalisateurs de ne pas envoyer leurs films à la prochaine édition du Festival de Cannes. L’on reparle d’annuler des festivals. Acculés, les intermittents choisiront-ils de s’inscrire à nouveau dans une forme de résistance qui s’est montrée vaine, l’été dernier ?

La BaraKaSon en résistance !

Publié le 15 décembre 2003

Pascal Couffin


La MJC (Maison des Jeunes et de la Culture) existe depuis plus de 20 ans àRezé dans le quartier du Château. C’est àla fois un lieu de rencontres et d’échanges en journée grâce au centre socioculturel mais aussi une salle de concert, le soir, où il fait bon écouter de jeunes artistes. Et pourtant la BaraKaSon est en péril !

L’importance d’un tel endroit ne devrait plus être à prouver. Si la mairie de Rezé est reconnaissante du travail effectué, la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) a décidé de plus assurer son soutien financier pour raison de décentralisation. Les relations sont tendues entre les deux structures. La DRAC estime que la BaraKaSon n’a pas de projet artistique et aimerait qu’elle se détache de sa mission socioculturelle.

La BaraKaSon n’est pas la seule structure dans la tourmente. D’autres, en France, connaissent des déboires provoqués par le désengagement financier de l’Etat. Sur l’agglo, c’est tout un tissu social et associatif qui va en pâtir ! Car la BaraKaSon a patiemment construit un réseau. Grâce aux « Cartes Blanches », ce lieu ouvre ses portes aux associations qui se retrouvent autour d’une culture exigeante et de qualité. De nombreuses soirées chaque trimestre, proposent aux spectateurs de multiples découvertes. Tous les deux ans, la MJC organise un fabuleux festival « Terra Incognita ».

Au fil des années, la MJC a aidé et travaillé avec des personnes porteurs de projets et permettre à un quartier en difficulté de « vivre mieux ». Sans les bénévoles qui la soutiennent, une telle aventure ne serait pas permise. Certains viennent donner un coup de main au bar, d’autres à la billetterie. Mais tous se réunissent pour faire bouger les choses, sortir de l’isolement, et assurer à la BaraKaSon une ambiance conviviale.

Parce que la MJC a besoin de notre soutien, venez nombreux, du 15 au 20 décembre, écoutez chaque soir de nombreux artistes. « Pour créer l’électrochoc nécessaire, pour que la culture reste au coeur d’une démarche citoyenne, pour que des lieux comme la BaraKaSon perdurent, la mobilisation est plus que jamais nécessaire »

Programme complet dans la Rubrique « dépêches »

... | 85 | 86 | 87 | 88 | 89 | 90 | 91 | 92 | 93 | 94