... | 83 | 84 | 85 | 86 | 87 | 88 | 89 | 90 | 91 |...

A l’heure espagnole...

Publié le 11 mars 2005

Emilie Le Moal


Fenêtre ouverte sur l’Espagne d’aujourd’hui, mais aussi celle d’hier, le Festival du cinéma espagnol de Nantes revient pour sa 15ème édition, qui aura lieu du 16 au 29 mars prochains.

Treize jours de festival, environ quarante films, des courts-métrages, neuf documentaires et de nombreux invités aussi bien acteurs et actrices, réalisateurs, musiciens qu’historiens ou universitaires... voilà qui devrait aviver et assouvir par la même occasion la curiosité de ceux, ils sont nombreux et j’en fais partie, qui ne connaissent pas parfaitement - et ce n’est pas forcément leur ambition d’ailleurs - l’Espagne et son cinéma.

C’est en tout cas l’occasion, dans le cadre du Panorama du cinéma espagnol 2004-2005, de découvrir des films de jeunes réalisateurs qui ne sortiront sans doute jamais en France, et de (re)voir des fims de réalisateurs qui, eux, ont réussi à franchir cette fameuse barrière des Pyrénées.

Cette année, une région dont le nom évoque les contes de fées, L’Estrémadure, est à l’honneur. Un documentaire “Scène ambulante” d’Armendariz, un concert de Luis Pastor, des courts-métrages et une exposition à Cosmopolis vous la feront découvrir.

L’inauguration du festival se fera le 16 mars en présence de la grande actrice aux multiples talents Ana Belén, figure de l’engagement contre la dictature franquiste dans les années 70 et 80. Il se terminera par la projection sur deux jours (deux horaires chaque fois) des films en compétition qui auront été primés lors de la Soirée de remise des prix du dimanche 27 mars.

Entre temps, de nombreux films à voir et des moments à ne pas manquer, tels que la Nuit fantastique, la soirée Erasmus du court-métrage au théâtre Graslin au cours de laquelle les étudiants étrangers et français pourront élire le meilleur court-métrage, la présence de Carlos Nunez en sa qualité d’interprète de la musique du film “Mar adentro” du réalistateur Amenabar, des rencontres avec des cinéastes professionnels pour discuter... cinéma, des débats sur la mémoire du franquisme. Et plein d’autres choses encore...

Plus d’infos sur www.cinespagnol-nantes.com

Emilie LE MOAL

Eclats au Studio Théâtre

Publié le 10 mars 2005

Manon Hericher


Miel "reflet de France", pâté "Mère Lalie" et p’tit kawa. Moment de répis après une représentation au Studio Théâtre, détente, confidences... de quelques uns des membres de la troupe du Théâtre d’Après et de leur metteur en scène, Morgane Nectoux.

Créé en novembre 2002 par la promotion 2000-2002 du conservatoire, le Théâtre d’Après est composé d’anciens élèves récemment sortis du conservatoire d’art dramatique de Nantes ; anciens élèves qui me livrent à ce propos leur grande émotion de revenir ici, sur ce « lieu de vie » qu’ils ont habité durant de nombreuses semaines... car le Studio Théâtre c’est aussi le conservatoire.

Une période, un contexte

C’est ici qu’est né, dans la tête de Morgane Nectoux, le projet de mettre en scène le texte de Catherine Anne. L’histoire de vies, le temps qui passe, le travail, les peurs, l’amour, le mensonge, la peinture, la névrose, la solitude, les tentations, les tentatives... Et c’est grâce à la similitude - à laquelle ils ont été sensibles - entre leurs âges et les préoccupations de chaque personnage, que ces jeunes comédiens, sortis du conservatoire il y a tout juste trois ans, nous offrent cette brillante interprétation. Des éclats de vie, de voix, des rires, des pleurs. Chacun s’y retrouve. Morgane explique : « J’ai été attirée par la pièce car elle correspondait parfaitement à la période et au contexte. J’avais une idée de base sur le scénario puisque j’imaginais déjà travailler avec cette troupe ; et l’âge des comédiens correspondait avec celui des personnages, donc on retrouve facilement sur scène les mêmes doutes que l’on peut avoir au même âge dans la vie. »

Un univers haut en couleurs

Après avoir été assistante de mise en scène sur "Mais n’te promène donc pas toute nue" de Feydeau, Morgane décide de se lancer. « Pour que mon projet aboutisse pleinement - poursuit-elle - il me fallait trouver l’illustration concrète des décors que j’avais imaginé. C’est grâce à Lisa Paul (une des comédiennes de la troupe - NDLR) que j’ai rencontré Hugo Duras. J’ai trouvé dans son travail des textures, des couleurs, un univers scénique qui correspondait vraiment à celui que je recherchais. Pour une toile, j’ai dit “celle-là, je la veux”. Pour le reste, il avait carte blanche, je n’ai d’ailleurs vu les décors qu’au dernier moment, et je suis ravie de ce qu’il a fait pour nous. A partir de là, on a pu commencer à travailler. Moi, je me suis occuppée de la mise en scène et des costumes, Cécile Gravot s’est chargée des lumières, Guillaume Bariou de la musique... Mais il m’a quand même fallu un assistant. Pour pouvoir prendre du recul. Quand on est trop dans le jeu, qu’on passe beaucoup de temps dessus, arrive un moment où on a du mal à voir ce qui va, ce qui ne va pas, ou plus, à prendre des décisions pour la bonne constitution du jeu... Pour ça, Sébastion (Sébastien Prono - NDLR) a été d’un grand secours. J’ai pu me décharger un peu sur lui. »

10 heures par semaine sinon plus

« De plus, ça a nécessité beaucoup de travail car le texte de Catherine Anne est un texte très réaliste et je ne souhaitais pas le travailler de cette manière. Donc il a fallu énormément réfléchir pour arriver à donner cette dimension particulière au jeu. Ca a été un énorme travail pour tout le monde ». Travail de longue haleine que les comédiens confirment puisque de septembre 2003 à Avril 2004 ils montaient sur les planches à raison de dix heures par semaine. Une entreprise colossale qui a porté ses fruits et qui semble avoir été particulièrement intéressante. Benjamin Thomas, alias Paul, précise qu’avant même d’envisager de se perfectionner, c’est par esprit de solidarité que chacun d’eux s’est décidé à jouer la pièce. « A la base, le texte en lui-même ne m’a pas parlé - avoue-t-il - mais j’ai eu confiance en l’équipe. Il y a une espèce de réalisme qui m’a un peu gêné. Je n’étais pas directement attiré, mais plutôt intéressé par le fait de se confronter à une gêne pour dépasser des a priori. Et grâce à l’échange très riche et vivant qui s’est instauré entre Morgane et nous, on a pu faire de la cohérence de chaque personnage une cohérence de groupe. »

Quand cohérence rime avec confiance

Il poursuit : « Cohérence qui n’était pas du tout installée quand on a donné notre première représentation en avril au T.U. (Théâtre Universitaire - NDLR). Au début, on était très individualiste. » Approuvant cette remarque, Lisa Paul confirme la nécessité d’une grande confiance, d’un véritable échange dans l’apprentissage du jeu, pour son rôle notamment : « Le rôle de camille se définit avec les autres. TOUT se joue en fonction des autres. Sans cette confiance, je ne serais jamais arrivée à faire de Camille un personnage cohérent ».

Cet échange, ils l’ont d’autant plus travaillé qu’il a fallu apprendre à maîtriser son corps pour apprivoiser le petit espace scénique imposé par Morgane. Beaucoup d’improvisations, de travail sur la maîtrise de soi et plus encore de dialogues. « On va chercher au plus loin de son intimité. On essaie de se mobiliser soi, face à une pièce dont on n’aimait pas forcément le texte. C’est ça que j’ai trouvé le plus intéressant » conclue Benjamin.

Une mobilisation réussie pour ce spectacle qui transpire l’émotion. Sur scène, sept individus s’entremêlent autour de notes de couleurs, de musique avec violence ou passion...en mille éclats.

Manon HERICHER.

Une plateforme ressource pour les associations

Publié le 8 mars 2005

Pascal Couffin


Les trois jours de festivités àRam Dam ont été une réussite avec plus de 32000 entrées. Vaste forum populaire, Ram Dam satisfait nombre de jeunes en quête d’informations, de jobs d’été. Ram Dam est donc avant tout un espace de services en tout genre. Alors que Télénantes animait dans le cadre de l’émission Oui mais Non un débat sur l’engagement des jeunes, on constatait dans les allées de la Cité des Congrès une moindre importance accordée aux engagements associatifs.

Le jeune est le plus souvent stigmatisé comme source de problèmes dans notre société : les adolescents manqueraient de repères et seraient déprimés, ils sont gros consommateurs de Cannabis, d’alcool, provoquent des accidents de voiture et se désintéressent de la vie publique. Et pourtant une autre jeunesse existe ! Celle des jeunes qui se battent au quotidien pour réussir leurs études, décrocher un emploi et qui s’engagent dans la vie associative. Le reproche que l’on pourrait donc faire à Ram Dam est que cet événement ne met pas suffisamment en valeur l’engagement associatif. Le visiteur de Ram Dam est donc plus un consommateur qu’un acteur. Un événement de cette ampleur devrait mettre en valeur l’engagement, le susciter et devenir ainsi un vrai « événement républicain », comme il est annoncé. Il manque donc à Nantes un espace, un moment où les associations auraient la possibilité de rencontrer un large public et de les informer sur leurs activités.

C’est un fait, les associations nantaises ne se connaissent pas. Prises dans leurs activités quotidiennes, les rencontres sont peu fréquentes et une association ne connaît que celles proches de ses activités développées. Ce n’est pas utopique de dire que le secteur associatif a besoin d’un moment pour que de nombreux acteurs puissent se rencontrer, échanger sur ses activités, connaître l’étendue des actions du champs associatif. Et ainsi permettre la confrontation des réussites, des difficultés. De cet échange émergerait l’entre aide. Difficile à organiser cependant ! Aussi des outils multimédias apporteraient quelques solutions.

Espace d’échanges

La radio Prun a déjà mis en place un annuaire des associations, avec descriptif d’activités et contacts (www.asso.prun.net). Dans le prolongement, il est envisageable de réaliser une plateforme commune entre associations sur le net. Sur ce site, chaque association communiquerait sur ces activités, ferait part de difficultés... Un espace ressources serait là pour répondre aux questions des acteurs associatifs et l’animation pourrait en être confier à un acteur spécialisé. C’est donc un véritable Intranet inter association qui mériterait d’être construit afin que chaque association y trouve des solutions et organisent ses activités de manière plus efficiente. Il va de soi qu’un tel projet fait appel à une logique participative de la part de chaque acteur associatif. D’ors et déjà, des outils multimédias peuvent nous aider et répondre à nos besoins. L’appel est lancé !

Le Cambodge aidé par le jazz

Publié le 8 mars 2005

Emilie Le Moal


Les Enfants de Marguerite Marie ! Drôle de nom pour un groupe de jazz métissé, programmé àRam Dam le samedi 5 mars. A en juger par les réactions d’un public enthousiaste et amateur, les musiciens de ce quartet (saxo, piano, basse, batterie) réussissent très bien àfaire vibrer leur public au son des envolées solo du piano ou du saxo...

Le saxophoniste du groupe, Guillaume Serre, salue le public et déclare que les bénéfices de la vente de leur CD seront entièrement reversés à l’association Hôpital Marguerite Marie et qu’une mission médicale pour le Cambodge a déjà été entièrement financée de cette façon en novembre dernier.

L’association Hôpital Marguerite Marie s’est présentée un peu plus tôt à l’aide d’un petit film amateur suivi d’une séance de questions. Les musiciens étaient bien sûr présents. Le film présenté a commencé par un bref rappel de l’histoire récente du Cambodge à l’aide de quelques dates et de chiffres : 25% de la population décimée par le régime Khmer Rouge entre 1975 et 1979, 29 années de guerre civile, 1999 : fin définitive du régime Khmer rouge et début de la reconstruction. Puis le film est passé à des images actuelles du Cambodge et de l’action de l’association nantaise dont le fondateur est médecin pédiatre au CHU de Nantes, le docteur J.M. Dejode.

Créée en 2002, l’asso s’emploie à envoyer deux missions chirurgicales au Cambodge par an, à fournir un soutien logistique par l’envoi de matériel médical considéré hors service après dix années d’utilisation ou moins en France, à contribuer à l’enseignement et la formation de médecins cambodgiens sur place, enfin, à mener à bien leur projet : créer un hôpital Mère-enfant au Cambodge.

Le docteur Dejode rappelle qu’un enfant cambodgien sur dix meurt à la naissance (contre un enfant sur 100 dans les pays riches- NDLR) et que la mortalité touche fortement les mères également (un décès maternel pour cent naissances, soit cent fois plus que dans les pays riches- NDLR). Il souligne également que le nombre de médecins est très insuffisant puisqu’on comptait environ 30 médecins en 1999 : la plupart ont en effet disparus sous le régime Khmer rouge et la formation de nouveaux médecins nécessite du temps et des investissements. Or le gouvernement cambodgien, touché de plus par la corruption, ne dispose pas des ressources nécessaires.

L’association envisage donc son activité sur le long terme, par des actions de prévention et de formation notamment, tout en espérant pouvoir à terme créer cet hôpital qui, pour l’instant, se traduit par la mise en place de cinq lits supplémentaires pour nourrissons à l’ex-hôpital français Calmette de Phnom Penh. Ces cinq lits ont cependant un coût, même minime par rapport à la France, et les envois du matériel médical récupéré auprès de divers hôpitaux coûtent cher, d’où la nécessité de trouver des fonds. Le Cambodge se trouve en effet à l’écart des aides internationales et ne “bénéficie” pas en terme de promesses de dons de l’“effet catastrophe” lié au Tsunami et à la couverture médiatique qui l’a accompagné, il faut bien le reconnaître.

C’est ainsi, à la suite d’une rencontre, qu’est née l’idée de produire le disque du groupe de musiciens de jazz professionnels qui s’est créé pour soutenir l’association : Les Enfants de Marguerite Marie, constitués de Guillaume Serre, David Mougel, Jean -Pierre Frelezeau et Yvan Rougny. La vente de leur CD doit permettre de financer de nouvelles missions, ils ont par ailleurs d’autres projets artistiques à vocation humanitaire en tête.

Renseignements : www.hop.marguerite.marie.free.fr (le groupe) et www.h.marguerite.marie.free.fr (l’association)

Emilie LE MOAL

Les marionnettes sont de la fête !

Publié le 8 mars 2005

Manon Hericher


La BRAT compagnie existe depuis 2000. Une histoire d’amitié qui a fait naître trois spectacles : « le bal des ratés  », « la kermesse que nous vous avons préparé tout l’hiver », et puis ce « Un jour, Monsieur T  », créé àla mi-aoà»t 2004.

La BRAT essaie de varier les lieux pour pouvoir transformer l’échange avec le public. « Là, dans le camion, on avait envie de s’adresser à un minimum de spectateurs, 25 au maximum, pour avoir une relation plus intime. C’est aussi parce qu’on voulait traiter de la notion d’enferment et là, une fois entré, on ne peut plus sortir jusqu’à la fin du spectacle », explique Frédéric, metteur en scène. Un camion étroit, de la lumière qui s’éteint, se rallume, des mots, des bruits inquiétants, un message : « Un jour, Monsieur T partit - pffuitt - dans un courant d’air, presque malgré lui - pffuitt - tout au bout du rêve il partit ». A son réveil, j’ai eu la chance de pourvoir parler avec lui... Zoom sur notre conversation.

-  Bonjour Monsieur T, d’où vous vient votre nom, pourquoi Monsieur T ?

Bonjour, en fait, j’aurais pu m’appeler Monsieur X ou Monsieur Z, le T n’a pas vraiment d’importance.

-  Qui êtes-vous exactement ?

Je suis un humain, pas très asexué finalement, mais je suis un homme normal.

-  Quel âge avez-vous ?

Je n’ai pas vraiment d’âge. Comme c’est une histoire qui se déroule dans ma tête, je n’ai pas d’âge. Le corps a un âge, mais la pensée n’en a pas. Je peux avoir 15 ans comme je peux en avoir 65. Je n’ai pas de notion de temps.

-  Pourquoi avoir choisi un rôle principal ?

La BRAT compagnie a fait deux spectacles auparavant, dans lesquels la narration était très fragmentée. C’était des kaléidoscopes d’images, de personnages qui se télescopent, mais il n’y avait pas d’unité rassemblée dans un personnage, donc là, on m’a appelé pour que le spectateur ait un repère un peu plus fiable que dans les deux autres spectacles, qu’il puisse suivre l’histoire d’un personnage, même si c’est une histoire abstraite et presque métaphysique, un canevas qui finalement permet au spectateur de se faire sa propre histoire.

-  Que faites-vous ici ?

Je pars à la recherche de moi-même. J’essaie de savoir qui je suis, ce que je constitue, seulement, je ne pars pas dans la réalité, mais dans un rêve, à l’intérieur, dans ma tête, et puis je traverse des saisons qui sont symboliques de plusieurs choses. D’abord l’hiver, la saison du corps, avec les animaux, manger et être mangé, ce sont les besoins primaires, la survie finalement. Ensuite l’été, la saison de la sentimentalité, de la rencontre, voire de l’amour, qui est plus de l’émotivité que du sexe. L’automne, saison de l’intellect et du sens, de l’utilité : qu’est-ce qu’on a fait, qu’est-ce qu’on fait de sa vie... à ce propos, un proverbe indien dit « dormir sur le dos du serpent », ce qui veut dire passer sa vie dans l’oisiveté, dans l’inutilité, sans pouvoir comprendre. Et un jour le serpent se réveille, et il est trop tard. Donc c’est un peu ça dans l’automne, les gens se réveillent à l’aube du dernier jour, le serpent arrive et c’est fini. Ce sont les trois étapes que je franchis, comme si je descendais dans moi-même et après je dépasse l’automne, le mental, l’intelligence peut-être même, et puis je disparais parce que je ne trouve rien. Pour moi, il n’y a pas de fondation. Je n’existe pas.

-  Mais pourquoi ne traversez-vous pas le printemps ?

Parce que le printemps c’est le renouveau, c’est là où tout se bouscule. Le metteur en scène ne voulait pas enfermer l’histoire dans un cycle, il voulait que j’arrive quelque part, même si je n’arrive vraiment nulle part, même si je disparais, que je m’efface, ça finit quand même l’histoire et même si ça l’annule, ça la termine. Si je passais par le printemps, on passerait dans un cycle et donc on serait encore dans une spirale et ce serait une histoire qui se mord la queue. Alors que là, c’est une histoire qui s’annule elle même, parce que il n’y en a pas finalement.

-  Vous avez l’air d’avoir faim, Monsieur T ?

Le thème de la dévoration est un peu récurent dans tout le spectacle, je ne sais pas pourquoi, le metteur en scène n’a pas fait de psychanalyse, mais manger, consommer, c’est d’actualité. On consomme notre vie jusqu’à ce que ça se termine. C’est pour ça qu’on mange et moi, j’en suis là aussi, je mange pour ne pas m’arrêter.

-  Rassurez-moi, tous les animaux qui accompagnent votre traversée des saisons et votre introspection en quelque sorte, sont de faux animaux... ?

En fait, tous les animaux, avant, étaient vivants. Ce sont des animaux séchés. Et Moi, je suis constitué d’os de récupération de poulet... Il y a beaucoup d’éléments organiques dans la construction des marionnettes, comme pour leur donner une ancienne trace de vie, et comme pour mélanger encore cette histoire de vrai et de faux. C’est du faux, mais en même temps nous sommes constitués avec un peu de vrai, ou de l’ancien vrai ; nous sommes vivants, mais avant nous étions morts.

-  Pourquoi certains de vos petits amis sont allongés, comme mourants, les uns sur les autres, vers la fin de la pièce ?

En fait, à ce moment, il ne se passe rien, si ce n’est le réveil et le froid. C’est peut-être pour illustrer une chanson de Brigitte Fontaine dans laquelle elle dit « il fait froid dans le monde, il fait froid ».

-  Une dernière question Monsieur T, et je vous laisse retourner dans votre camion : pourquoi deux marionnette de vous ?

C’est pour symboliser, peut-être un peu primairement, le fait que je pars dans ma tête, que je pars dans un rêve, donc je m’endors et je me vois dans le rêve. C’est pour quitter la réalité. C’est l’histoire d’un personnage, mais le personnage, en se multipliant, fait comprendre qu’il quitte le monde du réel pour rentrer dans le monde du rêve. « Tout ça c’est dans ta tête » ? Oui, tout ça, c’est dans ma tête, mais aussi dans celle du spectateur...

-  Monsieur T reviendra dans son camion bleu à compter du 14 mars. Pour des représentations les 14, 15, 16, 17 à 19h ; les 18, 19 à 21h ; et des représentations supplémentaires le mercredi 16 à 15h et le samedi 19 à 17h. Renseignements : 06.07.66.43.11 / 02.40.89.78.66 Spectacle déconseillé aux moins de 10 ans.

... | 83 | 84 | 85 | 86 | 87 | 88 | 89 | 90 | 91 |...