Publié le 8 mars 2005

Emilie Le Moal


Les Enfants de Marguerite Marie ! Drôle de nom pour un groupe de jazz métissé, programmé àRam Dam le samedi 5 mars. A en juger par les réactions d’un public enthousiaste et amateur, les musiciens de ce quartet (saxo, piano, basse, batterie) réussissent très bien àfaire vibrer leur public au son des envolées solo du piano ou du saxo...

Le saxophoniste du groupe, Guillaume Serre, salue le public et déclare que les bénéfices de la vente de leur CD seront entièrement reversés à l’association Hôpital Marguerite Marie et qu’une mission médicale pour le Cambodge a déjà été entièrement financée de cette façon en novembre dernier.

L’association Hôpital Marguerite Marie s’est présentée un peu plus tôt à l’aide d’un petit film amateur suivi d’une séance de questions. Les musiciens étaient bien sûr présents. Le film présenté a commencé par un bref rappel de l’histoire récente du Cambodge à l’aide de quelques dates et de chiffres : 25% de la population décimée par le régime Khmer Rouge entre 1975 et 1979, 29 années de guerre civile, 1999 : fin définitive du régime Khmer rouge et début de la reconstruction. Puis le film est passé à des images actuelles du Cambodge et de l’action de l’association nantaise dont le fondateur est médecin pédiatre au CHU de Nantes, le docteur J.M. Dejode.

Créée en 2002, l’asso s’emploie à envoyer deux missions chirurgicales au Cambodge par an, à fournir un soutien logistique par l’envoi de matériel médical considéré hors service après dix années d’utilisation ou moins en France, à contribuer à l’enseignement et la formation de médecins cambodgiens sur place, enfin, à mener à bien leur projet : créer un hôpital Mère-enfant au Cambodge.

Le docteur Dejode rappelle qu’un enfant cambodgien sur dix meurt à la naissance (contre un enfant sur 100 dans les pays riches- NDLR) et que la mortalité touche fortement les mères également (un décès maternel pour cent naissances, soit cent fois plus que dans les pays riches- NDLR). Il souligne également que le nombre de médecins est très insuffisant puisqu’on comptait environ 30 médecins en 1999 : la plupart ont en effet disparus sous le régime Khmer rouge et la formation de nouveaux médecins nécessite du temps et des investissements. Or le gouvernement cambodgien, touché de plus par la corruption, ne dispose pas des ressources nécessaires.

L’association envisage donc son activité sur le long terme, par des actions de prévention et de formation notamment, tout en espérant pouvoir à terme créer cet hôpital qui, pour l’instant, se traduit par la mise en place de cinq lits supplémentaires pour nourrissons à l’ex-hôpital français Calmette de Phnom Penh. Ces cinq lits ont cependant un coût, même minime par rapport à la France, et les envois du matériel médical récupéré auprès de divers hôpitaux coûtent cher, d’où la nécessité de trouver des fonds. Le Cambodge se trouve en effet à l’écart des aides internationales et ne “bénéficie” pas en terme de promesses de dons de l’“effet catastrophe” lié au Tsunami et à la couverture médiatique qui l’a accompagné, il faut bien le reconnaître.

C’est ainsi, à la suite d’une rencontre, qu’est née l’idée de produire le disque du groupe de musiciens de jazz professionnels qui s’est créé pour soutenir l’association : Les Enfants de Marguerite Marie, constitués de Guillaume Serre, David Mougel, Jean -Pierre Frelezeau et Yvan Rougny. La vente de leur CD doit permettre de financer de nouvelles missions, ils ont par ailleurs d’autres projets artistiques à vocation humanitaire en tête.

Renseignements : www.hop.marguerite.marie.free.fr (le groupe) et www.h.marguerite.marie.free.fr (l’association)

Emilie LE MOAL