Publié le 18 juillet 2007

David Prochasson


L’administration française àDakar fait du zèle. Sollicitée par les organisateurs du festival Afrikabidon, l’ambassade a refusé de délivrer les visas de six invités sénégalais. Motif ? « L’absence de garanties économiques  ». Outre des artistes, les Rencontres d’Afrikabidon souhaitaient accueillir un maçon, un pêcheur ou des paysans diolas de Casamance pour témoigner des réalités du Sénégal.

Étonnés par le refus de l’administration française, les organisateurs du festival ont contacté le service des visas à Dakar. Ils rapportent, sur leur site, les propos d’une fonctionnaire à l’encontre des déboutés : « Ces gens-là sont à la limite de l’indigence. Quant aux artistes, leur talent est celui d’enfant de quatre ans. » Dans une lettre adressée au président du festival, le Consul général de France à Dakar de tout acte arbitraire. Et rappelle que seuls les critères objectifs ont été pris en compte. Le festival assure, pour sa part, avoir fourni les documents nécessaires à la délivrance des visas. Il constate que leurs invités présentaient toutes les garanties de retour au pays. En cause selon les organisateurs : les ressources de leurs invités, jugées insuffisantes. « Le message est limpide : les pauvres (pauvres, aux yeux de l’occident, c’est-à-dire dépourvus de compte bancaire) restent chez eux. »

Les rencontres Afrikabidon, dont la première édition a lieu du 19 juillet au 12 août, ont été initiées par l’agence de voyage Point-Afrique, spécialisée dans le tourisme solidaire. Des artistes de renom sont invités parmi lesquels Daby Touré, Tiken Jah Fakoly, Ismaël Lo. Quelques têtes pensantes comme Sylvie Brunel, spécialiste de la faim dans le monde ou Hubert Reeves, l’astrophysicien, seront présentes. Le festival propose également des ateliers pour expliquer et faire valoir l’art africain. Malheureusement, ne témoignera pas qui veut, mais qui peut.

http://www.afrikabidon.com