Publié le 3 novembre 2004

Gildas Le Tousse


Dans le cadre des Escales 2004, DAM, premier groupe palestinien - citoyens d’Israë l - àrapper uniquement en arabe, ont été invités au festival pour chanter leur rancÅ“ur, exprimer leur tristesse et la frustration d’être citoyens israéliens de « seconde zone  ». Récits atypiques d’un groupe hors du commun…

Est-ce que vous pouvez vous présenter et parler de votre parcours musical ?

-  Bonjour ! Donc le groupe s’appelle DAM, nous sommes le premier groupe de rap palestinien, citoyens d’Israël, à rapper uniquement en arabe. Le groupe est composé de 3 personnes : mon frère Tm, mon cousin Mahmood et moi même Suhell. Nous venons tous les trois de la cité de Lod, dernière ville à être occupée depuis 1948. Le sigle DAM est associé à trois significations différentes : la première à consonance anglaise se traduit par « Da Arabian Mc’s » : Da pour The et MC’s pour Microphones Controllers. En israëlien, DAM est associé par définition au « sang » et enfin, en arabe, DAM signifie l’éternité, pour toujours…Et il y a une phrase qui regroupe l’ensemble de ces trois définitions d’origine différente : même si tu te bats jusqu’au sang, DAM survivra…

Comment s’est créée votre formation ?

-  Le groupe s’est formé il y a 6 ans, c’est à dire en 1998. Je jouais déjà du hip hop et Tm est venu me faire écouter une maquette en anglais qu’il avait réalisée. J’ai tout de suite apprécié et à partir de ce moment, on a créé le groupe DAM avec Tm, son frère et moi même. Dans la continuité, on a aussi créé un label hip hop qui regroupe DAM et une autre formation appelée SOD. Le nom du label est un diminutif arabe qui, traduit littéralement, signifie la force, la puissance.

De quoi parlent vos textes dans les chansons ? Est ce vous diffusez un message quelconque à travers elles ?

-  La plupart de nos chansons traitent de la politique et de la vie actuelle en Israël. Vous savez, la situation dans laquelle l’état d’Israël a vécu entre 1948 et 1967 a été une situation vraiment difficile et je pense que l’on doit en parler plutôt que de s’enfermer. En fait, on parle des problèmes liés à la vie actuelle en Israël ; on aborde aussi la guerre israëlo-arabe de 1948 où l’on défend nos frères réfugiés. On aborde aussi des sujets tel que la violence ou la drogue qui fait des ravages chez nous…En réalité il est difficile de définir de quoi nos chansons parlent précisément, c’est un ensemble de choses issu de des problèmes liés à l’Histoire d’Israël et des multiples confrontations entre les pays arabes et Israël…

Existe t-il maintenant des labels qui font la promotion des groupes musicaux de votre style en Israël ?

-  Il y a six ans, DAM était le premier groupe de rap en Israël. Depuis, le hip hop s’est relativement bien développé : dans presque toutes les villes, tous les villages, il y a maintenant de nombreux rappeurs palestiniens mais aucune maison de disques ou manager n’est installée là bas, chacun se débrouille pour jouer du hip hop, le mode de développement reste très underground.

Nous avons créé le premier label de hip hop et nous espérons faire connaître et diffuser le hip hop palestinien à travers le monde dans deux ou trois ans.

Quelles sortes de difficultés avez vous rencontré lorsque vous avez monté votre label ?

-  Les difficultés ne sont pas associées juste à la création du label, elles sont toujours présentes, même aujourd’hui. La principale difficulté reste le manque d’argent malgré l’apport financier de quelques sponsors israéliens et sionistes. Mais nous essayons d’être indépendant et de nous subvenir…c’est pourquoi on vend de la drogue pour réussir…(Rires) non c’est une plaisanterie…

Une dernière question avant votre concert, est ce que vous avez des contraintes au niveau du lieu de concert, autrement dit où est ce que vous jouez ?

-  On joue n’importe où. Par exemple, il y a trois mois, on a joué à New York ; on a ensuite enchaîné une tourné en Angleterre qui s’est terminé à Londres avec Mos Def et Jay-Z du Wu Tang Clan entre autre. Sinon, on voyage beaucoup en Europe : Belgique, Allemagne et France où l’on vient pour la cinquième fois. Evidemment on joue aussi en Israël, à Tel-Aviv récemment mais les concerts sont la plupart du temps improvisés et il n’y pas grand chose de mis en place pour assurer les structures.