Publié le 28 août 2005

Pascal Couffin


Un concert en plein mois d’aoà»t, jamais l’Olympic ne s’y était risqué. Et pourtant... Arcade Fire a laissé l’une des plus grosses impressions de ces dernières années. Un rock désinvolte dénué d’arrogance, des enfants terribles qui se chamaillent et font les 400 coups : rarement, on a pu voir une telle aisance sur scène.

Les huit musiciens d’Arcade Fire se mettent en scène tels des ados insouciants, déjantés et malicieux, baroques et loufoques à la fois. Sans cesse dans la surenchère, ils miment une folie savamment orchestrée. Tantôt un casque, tantôt une caisse de batterie, recouvrent la tête d’un musicien... Et servent de défouloir à l’un des leurs armé d’une baguette. Disputes calculées, gestes robotiques, danses anarchiques : le spectacle est rôdé... Et ne perd pourtant jamais de sa spontanéité !

Foisonnante d’idées et de sons, la musique d’Arcade Fire se situe hors du temps. Elle tranche résolument avec les formations rock classiques. Elle s’aventure dans des architectures complexes où les guitares s’enchevêtrent, les voix se superposent. Toute l’efficacité et l’esprit du rock demeurent intact. Certes, sur quelques nouvelles compositions, on n’a pas toujours retrouvé la magie des morceaux de l’album. Les variations mélodiques et rythmiques caractéristiques du groupe. Mais Arcade Fire laissera longtemps le souvenir de ses braises incandescentes sur Nantes. Le souvenir de l’émotion aussi.

C’est dans un final d’anthologie -In the backseat- que Régine Chassagne donne toute la mesure d’un chant intense et majestueux, à la limite de la rupture. Une grâce évanescente qui s’achève... dans la foule. L’artiste disparaît, sonnée et abasourdie, au milieu d’un public médusé, les larmes aux yeux. Guitares à l’épaule, baguettes en main, les musiciens se dirigent un par un vers le fond de la salle. Et c’est dans la rue, au Central, le café attenant à l’Olympic que le spectacle prend fin.

Lorsque Les Inrockuptibles, l’hebdomadaire spécialisé, disait d’Arcade Fire, qu’après eux, le rock pouvait s’arrêter, ce lundi soir d’août, on était bien tenté de les croire...

David Prochasson.