Publié le 14 août 2012

Julie Landais

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C’est seulement pour le meilleur et pas pour le pire que se sont unies,dans l ’Abbatiale du Mont Glonne, la musique médiévale chrétienne et la musique persane séculaire le temps d’une soirée entraînante.

Samedi 30 juin, 18h15, sur les hauteurs de Saint Florent-le-Vieil, le point de vue sur la Loire et l’île Batailleuse est toujours aussi saisissant mais c’est un tout autre spectacle qui nous attend dans l’abbatiale, celui donné par l’ensemble Nour. Mais avant d’y assister passons la place d’armes où, tourbillonnant au son des tambours et des percussions, deux danseurs aux habits chamarrés se déploient au centre d’un public conquis et nombreux.

Devant l’imposant et majestueux édifice reconstruit au XVIIème siècle, se presse une foule déjà dense qui attend l’ouverture des portes pour découvrir la prestation de l’ensemble Nour. Une petite demi-heure plus tard, nous voici sur les bancs de l’abbatiale et c’est à une messe inhabituelle à laquelle nous allons avoir la chance d’assister.

la rencontre de deux traditions ancestrales

Constitués de huit membres, trois Français et cinq Iraniens, chanteurs et/ou musiciens, l’ensemble Nour s’installe sur l’estrade placé au niveau de l’autel et les instruments traditionnels kurdes vont alors pouvoir dialoguer avec des chants polyphoniques européens des IXèmes au XIVème siècles. Car tel est le dessein de cette formation : nous faire entendre la rencontre de deux traditions ancestrales. Ainsi les plains chants grégoriens et textes sacrés de l’Ancien Testament s’unissent avec un son venu de Perse. Composé d’ instruments à cordes, à vent et à percussion, il accompagne un interprète psalmodiant des contes mystiques. Sur scène les musiciens et chanteurs de ces sons lointains ne déçoivent pas. Quatre chanteurs à gauche, quatre musiciens à droite, les voix et les instruments s’élèvent pour une joute chantée entre un choeur Kurde et un choeur louant les miracles de la Sainte Vierge selon les cantigas d’Alfonso el Sabio, compositeur espagnol du XIII ème siècle. L’interprétation est puissante avec des voix de baryton et ténor tandis que flûte traversière, oud, daf et tombak pour les percussions résonnent sous les voutes de l’abbaye. Divisée en douze chapitres, la soirée est ponctuée d’ applaudissements de moins en moins timides. Ainsi l’enthousiasme va crescendo au rythme des percussions tandis qu’Ali Rahimi se livre à une prestation finale époustouflante. Lauréat 2001 du meilleur soliste au cours d’un festival en Italie, ce joueur de daf, sorte de grand tambour, manie son instrument avec une dextérité et une célérité impressionnante. Porté à bout de bras, l’instrument virevolterait presque dans les airs. Le public sait apprécier le spectacle et les battements de mains et de pieds viennent accompagner le dernier morceau, bouquet final de cette soirée.

Julie Landais

Crédits photos : les Orientales