Publié le 9 juillet 2012

Delphine Blanchard

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Un centre ville historique. Des vieilles pierres et des ruelles pavées. Au détour de l’une d’elles, une oeuvre d’art contemporain pointe son nez. Les parcours artistiques en ville sont légion depuis quelques années. Une volonté des municipalités afin d’attirer les touristes en période estivale et de dynamiser un centre parfois endormi.

C’est donc au tour de la ville vendéenne de Fontenay-le-Comte de succomber pour la 14e année aux sirènes de l’art contemporain. Le parcours, intitulé "Le champ des sirènes", invite deux plasticiens – François Méchain et Patricia Cartereau – à donner leur vision du monde "dans une société où l’homme est trop souvent abonné-prisonnier d’un monde virtuel, cible publicitaire passive, homo economicus interchangeable, assujetti à une bureaucratie, traité comme un objet"

De la Maison Chevolleau à la Chapelle des Filles Notre-Dame, du Musée à l’Orangerie, chacun peut cheminer dans la ville, à la découverte des œuvres picturales et graphiques de Patricia Cartereau et sculpturales et photographiques de François Méchain. La nature, l’humain et l’animal cohabitent dans le travail de la première ; le second interroge les rapports au corps et à son identité.

Tout est à voir mais s’il ne fallait retenir qu’une œuvre, ne ratez pas "Les beaux jours" de François Méchain. Dans le jardin de la Maison Chevolleau, une drôle d’installation… Une “corde à linge”, ou plutôt un étendoir, fait de fils barbelés, sur lequel sont jetés des vêtements d’enfants usagés. Planté là, face à la ville et à la rivière Vendée. Chaque habit porte en lui sa propre histoire, celle des familles fontenaisiennes qui ont accepté de prêter des tenues ayant appartenu à leurs enfants. Au-delà de l’anecdote, c’est plus largement qu’il faut envisager cette œuvre. L’agressivité visuelle de ce fil remémore, en effet, l’activité répétitive et épuisante des femmes vendéennes jusqu’au début du XXe siècle. Ces dernières descendaient à la rivière par la ruelle, entre le jardin et le marché couvert actuel, pour y laver leur linge. Mais l’artiste fait aussi référence aux cruelles confrontations entre huguenots et catholiques ; ou durant les guerres de Vendée dont la région fut le théâtre. Enfin, ces barbelés, ce sont aussi les conflits mondiaux dans lesquels des milliers d’enfants sont quotidiennement impliqués. Entre passé et présent, une œuvre qui touche juste.

Delphine Blanchard

-  Manifestation gratuite. Visible du mardi au samedi de 14h30 à 18h.