Publié le 26 septembre 2012

Pierre-Adrien Roux

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Décloisonner le monde des sourds. C’est ce que proposent le photographe Patrice Molle et la rédactrice Nadja Altpeter avec Intrasigna. Une exposition photographique pour laquelle le binôme cherche en ce moment des lieux d’accueil et des financements sur l’agglomération nantaise.

Se retrouver seul au beau milieu d’une foule de personnes sourdes parlant la langue des signes. Cette expérience quelque peu déroutante, Nadja Altpeter, l’a vécue place du commerce à Nantes il y a quelques mois. « On s’imagine alors à quel point un sourd peut se sentir complètement isolé du reste de la société », confie-t-elle. Cette jeune rédactrice allemande croise alors le chemin de Patrice Molle, photographe. Celui-ci a déjà travaillé à plusieurs reprises sur le thème du lien, de la rencontre, avec différentes expositions dont Fragil s’est régulièrement fait l’écho (projets Paroles de quartier, Nantes by culture). A eux deux, Nadja et Patrice ont monté Intrasigna, une exposition photographique visant à « créer un lien fort entre l’univers des sourds et celui des personnes entendantes. » Les deux créateurs d’Intrasigna cherchent en ce moment un lieu d’exposition et des financements pour soutenir leur action.

Donner la parole aux sourds

Intrasigna présente une vingtaine de compositions photographiques sur lesquelles des personnes sourdes décomposent en plusieurs séquences des mots comme « audisme » [1] ou des expressions en langue des signes. « L’idée est de donner la parole aux sourds et aux gens qui gravitent autour : les interprètes, les familles, etc. », explique Patrice Molle. Chaque mot ou expression a été choisie dans une totale liberté par les personnes photographiées. « Au final, deux catégories se distinguent », poursuit le photographe. « D’abord, des sourds plutôt militants qui avaient un message fort à faire passer à travers des expressions comme "discrimination" ou "changer le regard". Et d’autre part, des choses beaucoup plus légères comme cet enfant qui nous a décomposé le mot "vélo", tout simplement parce qu’il aime ça. »

C’est cette liberté et diversité de choix que met aussi en avant Intrasigna pour dépasser la surdité comme handicap. Pour montrer qu’il s’agit d’une culture qui vit à la fois dans la société et à côté. « Les sourds sont certes en situation de handicap, mais ils n’ont pas besoin de soin, ils peuvent travailler, être heureux ou malheureux comme tout le monde », souligne Nadja Altpeter. « C’est ça aussi qu’on veut montrer avec Intrasigna. »

Pierre-Adrien Roux

Intrasigna n’attend plus que des financeurs et des lieux d’expositions.

Retrouvez l’article à la base de cette exposition sur le site de Fragil.