Publié le 16 juin 2011

Delphine Blanchard

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Du 26 juin au 6 novembre, le musée de l’abbaye Sainte-Croix aux Sables-d’Olonne présente l’exposition "Hervé Télémaque / Eduardo Arroyo : mano àmano - Collages".

Pablo Picasso disait "Pour apprendre quelque chose aux gens, il faut mélanger ce qu’ils connaissent avec ce qu’ils ignorent." En art, on s’inspire de l’un, on est influencé par l’autre, les peintres se croisent, les courants se percutent... On parle souvent de Picasso et Cézanne, de Warhol et Basquiat, de Chaissac et Dubuffet. Beaucoup moins d’Eduardo Arroyo et Hervé Télémaque et pourtant ces deux-là ont pas mal de choses en commun.

Eduardo Arroyo, né en 1937, est espagnol. Il fuit le régime franquiste et arrive à Paris en 1958. Hervé Télémaque, né la même année en Haïti, fait son apprentissage artistique à New York avant de s’installer définitivement en France en 1961. Leur histoire personnelle, marquée par l’exil et le déracinement, influence leur engagement artistique. Les deux hommes se sont rencontrés et croisés au début des années soixante, de loin en loin, au sein du groupe de la Figuration Narrative qui regroupait des artistes autour d’une préoccupation commune : porter un regard critique sur le monde.

Arroyo et Télémaque emploient des motifs, des sujets et des matériaux hétérogènes qu’ils combinent, à la manière d’un collage, sur la toile. Ils empruntent certains de leurs codes et de leurs références au cinéma, à la littérature, à la bande-dessinée, aux magazines ou à la publicité. Ils s’approprient des objets ordinaires ou des rebuts de la société. Et ils mélangent tout cela. Leurs œuvres regorge ainsi de ces "techniques mixtes" favorables au télescopage : collages, papiers collés, assemblages et même combine-paintings pour Télémaque. Le collage leur permet même de questionner la notion de style, qu’il s’agisse de s’en défaire ou au contraire de l’affirmer.

En 2010, le Centre Pompidou à Paris offrait une belle rétrospective à Erro ("Erro, 50 ans de collages"), comparse des deux peintres. Il est dommage que Arroyo et Télémaque n’aient pas droit au même traitement de la part des musées nationaux parisiens. Heureusement, le musée des Sables-d’Olonne a eu la bonne idée de les réunir alors filez voir cette exposition qui mérite le détour.

-  Musée de l’Abbaye Sainte-Croix – Rue de Verdun – 85100 Les Sables d’Olonne. De 13 h à 19 h. Fermé les lundis et jours fériés. Tél. 02 51 32 01 16.

Delphine Blanchard