Publié le 22 avril 2005

Charlotte Houang


Le groupe de rock déçoit sur scène avec un set déséquilibré. La démarche se montre plus énervée que sincère. Luke aurait-il cédé aux sirènes du succès ?

Incontestablement, Thomas Boulard, leader de Luke, a un véritable talent d’auteur et de compositeur. Même si l’album produit par la formation entièrement renouvelée est très loin de la subtilité et du perfectionnisme du précédent opus (La vie presque, 2001), on espérait un tour de scène sincère et tendu jusqu’à la rupture. Déception. La démarche rock’n roll du groupe semble d’entrée caricaturée. Le groupe a-t-il pris le parti de plaire facilement, aussi risqué cela soit-il ? Tout est surjoué : la mise en scène, les interpellations du public et l’enthousiasme. Les titres du premier album passent à la trappe. Paradoxalement, on préfère, au vu de l’interprétation déconcertante de Je n’éclaire que moi. La reprise de Pas assez de toi (La Mano Negra) reste le plus gros effort d’originalité du set. A entendre Thomas Boulard chanter, on ressent fortement l’influence de l’école bordelaise. Parfois même trop. Caricaturer Bertrand Cantat n’est pas la meilleure chose que le chanteur de Luke sache faire. Caricaturer à la fin de la prestation les moments de transe scéniques qui ont fait la légende du rock passe pour burlesque. Déposer délicatement sa guitare par terre n’est pas la même chose que de la jeter avec désinvolture... Pour les rappels, le retour de Thomas Boulard seul sur scène, semble davantage destiné à satisfaire son ego, qu’à offrir une interprétation renouvelée du single Le reste du monde. La formule plaît néanmoins énormément dans la salle. Plaire au public plaît beaucoup à Thomas Boulard. Et la boucle est bouclée. Dommage quand on connaît les talents et le potentiel artistique du jeune homme.

Ronan Le Borgne et Damien Cerqueus