Publié le 20 avril 2005

Charlotte Houang


Un juge violoniste, un chanteur bedonnant velu et exhibitionniste, un cinéaste guitariste ... Le No Smoking Orchestra, accompagné d’Emir Kusturica, a dépoussiéré les planches du Palais d’Auron avec un show truculent, joyeusement foutraque, orchestré par des performances délirantes.

Tours de magie, hommages au pape, battle violon/guitare sur archet géant, prise d’otages : ce joyeux bordel pourrait rappeler une fête foraine ou certains mariages arrosés... Les sautillantes sonorités aux accents slaves donnent même envie de « s’en jeter un ».

Le No Smoking Orchestra se forme au début des années 80 à Sarajevo. Acclamée puis censurée, la troupe n’a jamais laissé indifférente. Leurs virulentes critiques contre le gouvernement, ajoutées aux déclarations ironiques sur la mort de Tito leur valent un boycott national. Représentant du « New Primitivism », mouvement d’opposition né après la chute du régime dictatorial, le groupe monte en parallèle l’équivalent d’un « Groland » yougoslave : le « Top liste des surréalistes », un journal télévisé satirique.

Huit albums plus tard, ils sont là, fringuants, pour présenter la bande originale du dernier long-métrage de leur guitariste-cinéaste, Emir Kusturica, intitulé « La vie est un miracle ».

Le réalisateur a pris le train en route en 1986. Il décide alors de jongler entre pellicules et cordes à gratter. L’empreinte Kusturica se nourrit de rock tzigane traditionnel, de marches turques, de rythmes country et de trompettes gitanes qui dressent le décor de ses films. C’est seulement en 1998 que l’orchestre non fumeur décide de composer la bande originale de « Chat Noir Chat Blanc ». Depuis, l’onde de folie des Balkans s’est propagée bien au-delà de Sarajevo, du Printemps de Bourges jusqu’au Festival de Cannes, dont la cinquante-huitième édition sera présidée par Emir Kusturica.

Charlotte Houang et Julie Le Drian