"Les Liens du Sang", un film de Jacques Maillot
Des frères ennemis unis par les liens du sang
On choisit ses amis, on choisit pas sa famille
On avait adoré Guillaume Canet et François Cluzet dans "Ne le dis à Personne" ; les deux acteurs reviennent côte à côte dans la France des années 70. "Les Liens du Sang" le dernier film de Jacques Maillot, nous décrit sans détour les liens indéfectibles de la famille et plus particulièrement ceux de deux frères que tout oppose.
Flash-back : l’image un peu jaunie, les blousons en cuir et la Renault 5. On se croirait encore au vingtième siècle, il n’y pas si longtemps, devant un épisode de Derrick ou de Starsky et Hutch. Dès la première séquence, le film annonce la couleur : le flic qui dirige l’arrestation, c’est François (Guillaume Canet) ; l’homme qu’il va coincer en pleine tentative de fuite, c’est son frère Gabriel (François Cluzet). Une décennie qu’ils ne s’étaient pas vus…Gabriel vient tout juste de tirer dix ans pour meurtre mais a déjà repris les affaires.
On ne refait pas le passé…
Gabriel est un truand doublé d’un proxénète. François est inspecteur de police. Les deux frères se sont construits en opposition parfaite. Leur acharnement à s’aimer et s’aider est irrationnel.
Deuxième mise à l’ombre. Deuxième sortie de prison. Entre le flic et son aîné, les secondes retrouvailles ne sont pas évidente. Mais chacun a la volonté de tirer un trait sur le passé. Gabriel essaie de se ranger et François se met en quatre pour l’aider. Mais la réalité et les vieux démons finissent par les rattraper. Pour les deux frères, séparés par leurs choix, mais unis par la famille, le chemin parcouru semble étrangement aboutir à la même impasse.
Tout le long du film, les deux frères échangent peu de mots complices. L’entente se fait à demi-mot et les désaccords se transforment rapidement en engueulades. Le spectateur, quand à lui, perçoit les tourments que cela provoque en chacun des deux frères, sans que l’autre le sache. On découvre un amour inavoué, qui les pousse l‘un vers l‘autre jusqu‘à confondre leur vies, pourtant si éloignées.
Une histoire vraie
Gabriel est un truand doublé d’un proxénète. François est inspecteur de police. Les deux hommes sont issus de la même famille et se sont construit en opposition parfaite. Leur acharnement à s’aimer et s’aider est irrationnel. Leurs noms ont changés mais leur vie non. Ses deux frères existent et s’appellent ‘Papet’. En 1999, ils avaient raconté leur vie dans un bouquin Deux frères, flic et truand [1]. Jacques maillot a rencontré les deux hommes. Le paradoxe de leurs destins croisés l’a séduit. Avec Les liens du sang, le réalisateur porte à l’écran leur portrait, chacun héros de leur vie, sans verser dans la victimisation ou la critique sociale.
Un réalisateur encore peu connu
"Une des choses que l’on cherche quand on fait des films, c’est la complexité, car la vie est d’emblée complexe, traversée par des choses profondes et fortes que la fiction met aussi en oeuvre."
Jacques Maillot [2] a pour thème de prédilection l’amitié. Il est issu de l’institut d’études politiques de Lyon et ne se destinait pas à une carrière de réalisateur. Les liens du sang est son second long métrage, après Nos vies heureuses, sélection officielle à Cannes. "Une des choses que l’on cherche quand on fait des films, c’est la complexité, car la vie est d’emblée complexe, traversée par des choses profondes et fortes que la fiction met aussi en oeuvre.".
Globalement, le film prend son contexte dans l’amour : pour la famille, pour le sexe opposé, pour ces individus qui font partie du quotidien, choisi ou non. Le contexte des années 70 rapporté à l’écran 30 à 40 ans plus tard, approfondit l’idée que les liens de parenté sont universels et traversent le temps, constitués des mêmes maux et de la même intensité.
Lise Alvarez
[1] Deux frères, flics et truands chez Flammarion
[2] Des Fleurs coupées (1992), 75 centilitres de Prière (1994), Corps inflammables (1995), Entre Ciel et Terre (1995), Nos Vies heureuses (1999).
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