Danse multimédia
Mais où est donc Michel ?
Pavillon, dispositif scénique participatif
Pavillon, présenté au Théâtre Universitaire de Nantes, c’est un monde à part, un petit coin de paradis, une garden party rêvée. Pavillon s’apparente plus à une partition sonore où le spectateur quitte son rôle habituel pour endosser celui d’interprète. On crie, on murmure, on mime, on rit, on marche dans ce dispositif scénique étonnant où nous sommes toujours à la recherche du fameux Michel. Anne de Sterk, plasticienne et David Rolland, chorégraphe sont à l’origine de ce projet délicieusement drôle et plus encore…
Comment est né ce projet quelque peu barré ?
David Rolland : Tout a débuté lors de « Chantiers d’artistes » au Lieu Unique, à Nantes, en juin 2006 où Anne m’a proposé de la rejoindre pour créer un spectacle participatif.
Anne de Sterk : On a eu une résidence d’écriture au centre d’art de Pougues-les-Eaux, ce lieu nous a beaucoup inspiré. Le décor nous a influencé : les résidences, le quartier pavillonnaire, les voisins qui se regardaient… Ce terrain de signes nous plaisait, il nous rappelait celui de notre enfance. David et moi avons vécus dans des pavillons en entendant des phrases comme « les thuyas ça fait des haies bien droites, ça pousse vite et ça nous cache » ou « qui a la tête à se garer devant chez nous ».
Alors Pavillon, c’est ce rappel au décor qui vous a inspiré ? Anne de Sterk : Oui, entre autres. Pavillon c’est beaucoup de choses. L’endroit dans la trompette, celui de l’oreille, celui du bateau : l’identitaire. C’est un mot polysémique mais c’est surtout l’idée de deux groupes, deux tribus, deux chorales ou deux peuples qui peuvent faire corps et communiquer sans pour autant se connaître et que le résultat soit agréable.
Cette communication entre les deux groupes se crée grâce à leur participation. Pourquoi avoir souhaité intégrer le spectateur en le rendant interprète ?
David Rolland : Je suis chorégraphe, je souhaitais voir les gens s’exprimer corporellement. Je crée seulement des spectacles où les gens participent car cela leur procure une expérience différente.
Le public se sent, à la fois, spectateur et interprète, une sorte d’aller-retour.
Anne de Sterk : Je suis attachée aux dialogues, à la poésie, aux sons, à l’onirisme. Ce dispositif permet de mettre en scène les gens, c’est une sorte de grand jeu où chacun s’observe et c’est toujours intéressant d’observer l’autre, dans la rue comme dans une salle.
Justement, les dialogues sont plutôt rigolos, ils vous sont venus lors de votre résidence d’écriture ?
Anne de Sterk : En fait, ce sont des improvisations enregistrées et ensuite, on passe le tout au tamis et il reste une substance. Cette substance dépend de certaines contraintes. Il y a quatre groupes dans le dispositif donc on doit obéir à une certaine logique pour ne pas tomber dans la cacophonie.
David Rolland : Les dialogues sont en constante évolution, le spectacle est encore jeune, il évolue selon la réception du public. On essaie de constamment l’améliorer.
Ce dispositif scénique subit différentes influences, non ?
David Rolland : Pas en particulier. Les danses du plateau sont dans la lignée des films de Jacques Tati et nous aimons beaucoup le film The party mais nous ne nous présentons pas comme les successeurs de quelqu’un ou de quelque chose.
Anne de Sterk : La poésie sonore des lettristes comme Isidore Isou me plaît. Ce travail de déconstruction du langage pour le ramener à des sons, en faire des symphonies… Ce spectacle, pour nous, est un grand jeu avec différents niveaux de lecture.
On peut le prendre comme un jeu mais également comme une réflexion…
Anne de Sterk : Oui, les questionnements sont multiples : jusqu’à quel point pouvons-nous manipuler quelqu’un ? Sommes-nous libres ? Le spectateur est-il un interprète ou une marionnette ?
Jusqu'à quel point pouvons-nous manipuler quelqu'un ?
David Rolland : Ce dispositif interroge aussi sur la société individualiste, le rapport individuel ou collectif à la politique…Par rapport à 2006 et aux événements qui sont survenus depuis, on remarque que les pièces prennent une force nouvelle et nous avons donc rajouté une partie. Il y a une nouvelle couleur, une cohésion nouvelle qui permet une mini-révolte. Attention, ce n’est pas un geste militant seulement l’état des choses entre 2006 et 2008 a changé et la façon de voir des spectateurs également…
Et pour être moins sérieux, avons-nous droit à un scoop ? Qui est le fameux Michel ?
Anne de Sterk et David Rolland (d’une même voix !) : Michel, on n’en voit jamais la queue mais il est toujours là ! Il est né d’une pièce avortée : Michel voulez-vous épouser Michèle (prononcé Michèleuh) ? Et de ceci, il ne reste que le Michel ! Il est toujours dans la salle mais l’énigme doit rester complète…
Propos recueillis par Aurore de Souza Dias
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