Troublante confusion des sentiments
D’Avignon à Nantes, histoire d’un succès
Un texte magnifique, des comédiens excellents : telle est la recette du succès qu’ont connu le Théâtre d’Air et sa confusion des sentiments à Avignon en 2006. En tournée régionale, la troupe s’est arrêtée pour quelques jours à Nantes. Fragil en a profité pour la rencontrer...
En arrivant au festival d’Avignon 2006, le Théâtre d’Air ne s’imaginait pas que son spectacle, La confusion des sentiments, allait connaître un tel succès. Jugez plutôt : salle comble tous les soirs dès le 2e ou 3e jour... De quoi rendre rêveuses les troupes du festival off les plus aguerries ! Au-delà de l’aspect financier d’un succès à Avignon (voir cet article), le Théâtre d’Air a retenu l’attention de pas moins de 120 programmateurs, essentiellement régionaux. C’est donc auréolée d’une certaine notoriété que la pièce est arrivée début mars au Studio-théâtre de Nantes.
Dans cette union d'âmes vient s'immiscer la troublante femme du professeur, séduite par la jeunesse et la fougue passionnée de l'élève...
La passion de Zweig
Comme souvent au théâtre, tout a commencé par une rencontre. En l’occurrence, celle d’un roman de Stefan Zweig, La confusion des sentiments, et d’un metteur en scène, Virginie Fouchault. En dehors de la beauté du texte, c’est le thème de la relation du maître et de l’élève, de la transmission du savoir qui est cher à la metteur en scène. Cette relation, ici, se double de la passion : d’abord pour Shakespeare (le plus grand dramaturge, symbole universel du théâtre à lui seul), passion que transmet le maître à l’élève ; passion ensuite, justement, entre le maître et l’élève. Dans cette union d’âmes vient s’immiscer la troublante femme du professeur, séduite par la jeunesse et la fougue passionnée de l’élève...
Du roman à la scène
Dans ce tourbillon de passions, qui se complique encore par l’interpénétration des temporalités (la narration est en fait un flash-back de l’élève devenu vieux), il fallait bien tout le savoir-faire de Virginie Fouchault et de Jacques Percher, le scénographe, pour donner à ce texte une existence scénique. C’est que la liberté dont jouit le roman, son aisance à mêler le présent et le passé, sa facilité à multiplier les lieux, est une sérieuse contrainte pour le langage dramatique. Jacques Percher, très vite, imagine une structure triangulaire qui serait l’élément central sur scène. Un triangle, matérialisation de la tension, de la confusion des sentiments qui unissent les trois personnages. La metteur en scène, elle, organise alors l’espace scénique et le déplacement des acteurs autour de ce triangle central, jouant des dissimulations et des apparitions successives que permet un tel dispositif. Ainsi, ce qui était au départ un obstacle majeur à l’adaptation scénique devient une richesse dramaturgique supplémentaire. Et l’excellence des comédiens, vivantes incarnations de la confusion de leurs sentiments, achève de donner de l’intensité à une pièce dont on ressort, heureusement, troublé.
Gaël Montandon
Bloc-Notes
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