CARNET DE FESTIVAL
Et Serge Daney créa la critique de cinéma
« Ça me tombe des yeux  » disait-il à propos d’un film rébarbatif. Poète le garçon. Intraitable mais pas assassin comme peuvent l’être aujourd’hui certains critiques. Serge Daney, mort il y a 20 ans, critique de cinéma à Libération, aux Cahiers du cinéma puis à Trafic. 20 ans. L’occasion d’un bilan. Quel héritage laissé ? Quelles évolutions de la critique ciné à l’heure d’Internet ? Le FIF, en collaboration avec l’Association des cinémas de l’Ouest pour la recherche (Acor), a invité des sites critiques et des blogs à discuter.
Quand un critique de cinéma rencontre un autre critique de cinéma, ils se parlent d’histoire de cinéma. Mais pas que ! Autour de la table donc : Christophe Kantcheff, rédacteur en chef de Politis et modérateur du débat, Christophe Beney du site Accreds.fr, Sidy Sakho du blog ceciditaubasmot, Raphaël Nieuwjaer de Debordements.fr et Simon Lefebvre de Zinzolin. La jeune génération, la crème de la crème, expert es critique de cinema. Tous la petite trentaine. Parce qu’un festival de cinéma, ce sont des projections, des rencontres mais aussi des débats et des réflexions sur ce qui fait le cinéma avec un grand C.
Un grand C comme critique aussi, puisqu’elle fait partie du jeu. Jusqu’où sert-elle le cinéma ? Qui peut le dire véritablement ? En tout cas, avec le Net, la critique se fait plus fouillée et travaillée, malgré ce qu’on pourrait croire. L’instantanéité du web ne dessert pas le cinéma, bien au contraire. Quand les revues papier se voient obligées de coller à l’actualité du cinéma (rubriques sorties de la semaine de Télérama ou Les Inrocks par exemple), les critiques du web, elles, ont le temps de se poser, d’écrire longuement, d’y venir et revenir.
Quoi de plus précieux que la bulle d'oxygène que nous offre une salle obscure ?
Raphaël Nieuwjaer de Debordements.fr explique : « Nous sommes basés à Lille et donc les projections presse avec le petit milieu, ce n’est pas pour nous. Alors on va voir les films à leur sortie le mercredi. Forcément, le temps qu’on écrive, on n’est plus dans le coup mais ce qui nous importe, c’est plutôt de parler du film quand nos lecteurs l’ont vu. Dévoiler l’intrigue sans parler concrètement de l’histoire, ça ne nous intéresse pas. Notre but n’est pas de dire ce film est bien, ce film n’est pas bien mais de voir en quoi il apporte ou non quelques chose à l’histoire du cinéma. C’est un peu plus approfondi qu’un simple commentaire. »
Même son de cloche du côté de Zinzolin, la revue web qui a pour sous-titre « En salle, en dehors, nous rencontrons partout le cinéma éparpillé » : « Nous parlons aussi bien de Fast and Furious 4 que du dernier film art et essai parce que chaque film a un truc à dire, un plan intéressant. Il faut tout analyser pour faire avancer le débat. »
En salle, en dehors, nous rencontrons partout le cinéma éparpillé
La critique de cinéma sur Internet permet donc à la fois une nouvelle écriture mais permet surtout une circulation immédiate de l’information. Et créé ainsi un lieu de discussion. Selon Sidy Sakho ce qui est intéressant dans la critique « c’est le débat qu’elle soulève. Critiquer les films c’est avant tout en parler de quelque manière que ce soit. »
Alors pour que le cinéma vive, parlons-en, partout, tout le temps. Écoutons le mythique Masque et la Plume. Lisons les rubriques critiques des revues papier. Régalons-nous avec les Cahiers du cinéma. Surfons sur les sites web. Critiquons, glosons, insurgeons-nous ! Mais, surtout, allons voir les films. Quoi de plus précieux que la bulle d’oxygène que nous offre une salle obscure ?
Delphine Blanchard
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