PORTRAIT
De l’art d’être comédien
Il incarne Boy dans Nature morte dans un fossé : Rencontre avec Alan Masselin
Du Conservatoire à Nature morte dans un fossé, n’y aurait-il qu’un pas ? C’est autour d’un café, sur une terrasse ensoleillée, qu’Alan Masselin, jeune comédien nantais, nous confie les clés de sa réussite.
Son initiation artistique débute dès l’enfance : théâtre, musique et arts plastiques sont les disciplines pratiquées par ses proches. Parmi cette multiplicité de sons, de couleurs et de textures, Alan trouve sa propre voie : la guitare classique qu’il apprend au Conservatoire de La Baule. C’est donc tout naturellement qu’il se dirige vers une filière littéraire spécialisée musique au Lycée Aristide Briand dans laquelle il se perfectionne en guitare mais surtout s’initie au spectacle vivant dans la troupe des Irréductibles.
Le bac en poche, il tente son entrée au département d’art dramatique du Conservatoire de Nantes alors dirigé par Jacques Guillou. Il ne pouvait en être autrement : après avoir déclamé à son audition le fameux « L’enfer c’est les autres », Alan est reçu. Pendant deux ans, il se familiarise avec toute une palette d’outils essentiels à l’apprenti comédien. Il se nourrit de nombre de textes dramatiques et surtout tisse des liens étroits avec les membres de sa promotion consolidés par une expérience fédératrice sur scène : Roméo et Juliette mis en scène par Georges Richardeau.
Premiers pas comme professionnel : d’Une vie à deux à Nature morte dans un fossé
« Quand tu sors du Conservatoire, c’est le grand vide, on a donc commencé à faire nos armes à deux »
« Quand tu sors du Conservatoire, c’est le grand vide, on a donc commencé à faire nos armes à deux ». Bien que diplômé, le jeune comédien a encore du chemin avant d’être considéré comme un professionnel. Quel plus beau projet que de surmonter cette épreuve avec sa partenaire sur la scène comme dans la vie, Ludivine Amberrée ? Ensemble, ils montent la compagnie Dans les étoiles, se penchent sur le répertoire de Brel et en viennent petit à petit à construire un spectacle sur l’amour dans la pluralité de ses formes et des émotions qu’il suscite. Une vie à deux (c’est le nom qu’ils donnent à cette création originale et rafraichissante composée de poèmes, chansons et textes dramatiques) est alors représentée lors du festival Aux heures d’été.
Ils ne s’arrêtent pas là. Ils ont l’idée de se confronter au public de la rue en proposant un spectacle Brel dans tous les ports de France (du Croisic à Antibes en passant par Biarritz et les Pyrénées). Ils prennent la route avec leur fidèle Ford Escort et ne reviennent à Nantes qu’un mois plus tard. Forts de cette expérience, ils proposent un spectacle au TNT : Ces gens-là chantent Brel, représenté en décembre 2007.
Et voilà comment on apprend à monter sa compagnie, comment se faire un réseau, comment diffuser l’information tout en essayant de gagner sa vie. Alan est aussi professeur de guitare dans plusieurs écoles de musique nantaises.
Il aura fallu six mois à Alan pour appréhender, se familiariser et connaitre sur le bout des doigts le texte carnavalesque et parfois saugrenu de Gildas Bourdet. « Le Saperleau, c’est ma première véritable expérience avec une autre compagnie ». Et pas des moindres puisqu’elle permet à ce jeune comédien de réunir suffisamment de dates pour obtenir le tant convoîté et attendu statut d’intermittent.
Il décide alors avec Ludivine, de réitérer leur aventure saltimbanque avec le répertoire Brel mais cette fois-ci jusqu’au Maroc en passant par les côtes espagnoles et portugaises. Un voyage de trois mois "fantastique" mais surtout formateur : "on vivait avec ce qu’on gagnait, on a rencontré des moments très durs, c’est là qu’on a pris conscience de l’argent".
« Philippe Guiheneuf, directeur du TNT, mise alors tout sur nous, il nous lance à la Comédie des boulevards, au Divan du monde... »
De retour à Nantes, il participe à une création étudiante dirigée par Loïc Auffrey : Intendance saison I : De Bagdad à Hollywood dans laquelle il joue le rôle de l’acteur de blockbuster. C’est à ce moment-là qu’il est repéré par François Chevallier pour le rôle de Boy dans Nature morte dans un fossé de Fausto Paravidino. Nous sommes en avril 2009 et il faut attendre jusqu’en juillet 2010 pour voir les résultats du travail de la compagnie Addition théâtre : carton plein à Avignon !
En route pour Paris
Parce qu’il a ce double talent : comédien et musicien, Alan n’hésite pas à sortir sa fidèle guitare sur scène. Son dernier projet musical ? Mucho corazon, un « concert théâtral hispano-excentrique » avec deux comédiennes et leurs deux musiciens qui reprennent les classiques du répertoire latino (Buena vista social club, Luz Casal, Chavela Vargas...). Embringué dans cette aventure par Julia Gómez, il participe au départ à un cabaret de 45 min au TNT qui suscite l’enthousiasme général et se voit finalement entraîné dans la composition d’un véritable spectacle près à tourner à Paris. « Philippe Guiheneuf, directeur du TNT, mise alors tout sur nous, il nous lance à la Comédie des boulevards au Divan du monde ». Le succès est tel qu’on ne s’étonne pas que tout soit complet quelques semaines plus tard au TNT.
Cette introduction dans l’univers parisien a attisé une envie profonde depuis l’enfance : faire carrière dans la ville lumière. Mais ne cherchez pas Alan dans les castings, vous ne l’y trouverez pas. Son rêve, il le vit sur les plateaux de doublages. « Je me suis rendu compte que j’ai un côté très technicien, je suis aussi un homme de l’ombre ». Après deux stages, il est appelé pour faire des ambiances dans Cars 2. Bien que selon lui ce soit « la chance du débutant », on sent une réelle envie de percer dans l’audiovisuel et c’est tout ce qu’on souhaite à ce jeune homme aux compétences multiples qui, comme il le dit si bien, « vient de la rue ».
Julianne Coignard
Alan Masselin est actuellement en tournée avec Addition théâtre dans Nature morte dans un fossé de Fausto Paravidino :
17 novembre – Théâtre du Pays de Morlaix (29)
15 novembre – Théâtre de Rouans (44)
29 novembre – Le Champilambart – Vallet (44)
1-2 décembre – Le Canal – Redon (35)
6 décembre – Quartier Libre – Ancenis (44)
8 décembre – Quai des Arts – Pornichet (44)
13 décembre – Onyx – Saint Herblain (44)
15 décembre – Le Kiosque – Mayenne (53)
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